Moi c'est Carly - Tome 2

12. Jeudi

Le cours d'histoire de l'art de ce matin était très intéressant mais j'ai hâte de participer à l'un de mes cours préférés, le dessin.

- Mes chers élèves, pour celles et ceux qui n'ont pas terminé, il vous reste une heure pour terminer ce que vous avez commencé lundi, je choisirai les deux meilleurs d'entre vous pour la porte ouverte qui aura lieu dans deux semaines. A vos pinceaux !

Mme Hendrick nous a demandé de dessiner une émotion ou un sentiment sur une toile. J'ai décidé de représenter l'amour en dessinant deux êtres enlacés formant presque une seule et même personne, j'ai utilisé des couleurs vives pour représenter la joie que j'éprouve en aimant et en étant aimée.
- Bien ! Il est maintenant temps de dévoiler vos œuvres. On commence par vous Mr Edward Colin.
- C'est assez abstrait Madame, je doute que vous puissiez deviner de quelle émotion il s'agit, répond Ed
- Douteriez-vous de mes capacités Edward ?
- Non Madame, je doute de mes capacités en dessin.
La classe se met à rire puis Ed retourne sa toile, on y découvre un tableau très coloré avec l'ombre d'un homme au milieu d'un cercle sombre, il y a plusieurs points d'interrogation tout autour de lui.
- Et bien Edward, je vois que vous avez fait des progrès sur le choix des couleurs.
Ce tableau est très beau, je dirais que cela représente quelqu'un se posant des questions, et se noyant dans toutes ces interrogations. L'émotion qui en ressort pour moi est le questionnement ou l'hésitation.
- C'est presque ça Madame, il s'agit du doute.
- Très belle réalisation Edward, continue comme ça.
Les tableaux s'enchainent, ils sont tous aussi beaux les uns que les autres. Bridget a représenté la peur à travers le visage d'une femme effrayée, Dylan a représenté la solitude en dessinant un homme sur un banc.
C'est à mon tour de dévoiler ma toile.
- Carly, cette œuvre est très réussie, le choix des couleurs est magnifique on peut
croire que ce tableau représente une seule et même personne mais en y regardant de plus près on remarque qu'il s'agit en fait de deux personnes unies entre elles. On peut lire la joie sur leur visage, je pourrais donc penser que tu as eu l'idée de représenter la joie mais vu que tu as fait le choix de représenter une union entre deux personnes je dirais plutôt qu'il s'agit d'amour.
- C'est exact Madame. réponds-je
- Bravo Carly. A ton tour Jerry.
Jerry retourne son tableau et je dois dire que je suis impressionnée par ce qu'il a fait. Ce tableau est vraiment réaliste, on peut y voir un homme qui hurle en se tenant le cœur et en arrière-plan on remarque l'ombre d'une femme de dos.
- Jerry, tout d'abord je tiens à te féliciter pour cette œuvre magnifique, c'est
beaucoup mieux que la fraise de l'autre jour, dit Mme Hendrick.
Jerry me regarde rapidement puis se retourne vers la professeure.
- L'homme que tu as représenté est très réaliste, on peut y voir de la colère et de la
souffrance. Il se tient le cœur en regardant vers l'ombre de la femme de dos. La couleur dominante est le rouge signe de rage, de passion. Je dirais que tu as voulu représenter le cœur brisé d'un homme, la tristesse que peut ressentir un homme à cause d'une femme. Tout comme Carly tu as représenté deux personnes dans un tableau, mais le tient représente une autre facette de l'amour.
- Vous avez raison Madame, l'amour n'est pas seulement synonyme de joie il est aussi synonyme de souffrance. L'amour peut être à sens unique, répond Jerry.
- C'est très réussi Jerry.
- Merci
- Bien, je vais maintenant devoir choisir les deux gagnants. Vous avez tous fait un
excellent travail, je suis très fière d'avoir des élèves aussi talentueux dans ma classe mais je ne peux en choisir que deux. J'ai décidé de choisir l'amour sous deux facettes, les joies de l'amour et la souffrance en amour. Carly, Jerry Félicitations.
Ed applaudit le premier et le reste de la classe fait de même.
- Merci Madame, dis-je
- Merci répond Jerry
- Restez avec moi tous les deux, les autres vous pouvez y aller. Merci à tous.
Tous les élèves partent, Ed me fait un clin d'œil avant de quitter la salle.

- Alors, la journée porte-ouverte aura lieu le samedi suivant. Est-ce que vous serez libres ? Vous devrez être à mes côtés toute la journée, il y aura des professionnels, des élèves potentiels pour l'année prochaine, des directeurs d'écoles...
- Toute la journée ? demande Jerry.
- Oui de 10h à 18h. C'est une superbe opportunité, je vous présenterai à des amis à moi qui tiennent une galerie, s'ils sont intéressés par vos œuvres cela pourrait être
un énorme tremplin pour vous.
- Merci Madame, ce serait super, réponds-je
- J'en déduis que vous êtes disponible Carly ?
- Oui Madame. répond-je
- Et vous Jerry ?
- Oui.
- Super ! On aura le temps d'en rediscuter. Je vous laisse, encore bravo à tous les
deux, conclut Mme Hendrick avant de quitter la salle nous laissant seuls Jerry et
moi.
Jerry me lance un regard plein de haine puis se dirige vers la sortie.
- Jerry ! m'exclamé-je. Pourquoi l'ai-je appelé ? Jerry se retourne attendant une
réponse de ma part.
- Je... je tenais à te dire que j'étais très impressionnée par ton œuvre... je ne savais
pas que tu avais... ce talent dis-je
- Tu croyais que t'étais la seule à savoir dessiner ? dit Jerry un sourire narquois
aux lèvres.
- Non... non bien sûr... mais le seul tableau que j'avais vu de toi était... une fraise...
très réaliste mais beaucoup moins impressionnante que ce que tu as montré
aujourd'hui.
Il hocha la tête en guise de réponse.
- La souffrance que tu as dessiné... l'ombre de la femme... l'homme qui hurle... c'est
toi ? demandé-je
Jerry se met à rire puis répond
- Tu crois que tu es la femme ? Tu crois que c'est toi qui me fais souffrir ? Tu crois
que je suis amoureux de toi et que tu m'as brisé le cœur ?
- Je... non...
- Tout ne tourne pas autour de toi Carly. C'est un tableau, ce n'est pas censé me représenter et même si c'était moi, ce n'est pas parce que tu n'as pas accepté mes avances que tu m'as brisé le cœur. Il était brisé bien avant toi.
Je suis choquée par sa révélation et désolée pour lui.
- Laisse tomber... oublie ce que je t'ai dit... je dois y aller. dit-il
- Jerry... je suis désolée.
- Je n'ai pas besoin de ta pitié merde ! Il suffit que je te dise que j'ai le cœur brisé
pour que tu t'excuses alors qu'il y a quelques heures tu t'en foutais royalement de moi ! Tu es pathétique ma pauvre, hurle Jerry
Il a raison, je me sens coupable mais je ne peux pas lui en vouloir de réagir comme ça après ce que je lui ai dit.
- Tu... tu as raison... je ne mérite pas ton pardon. Au revoir Jerry. dis-je en m'en
allant.
Je sors de l'école un peu déboussolée par ce qui vient de se passer quand je sens une main m'attraper l'épaule. Je me retourne et vois Jerry, les yeux rouge de colère ou de tristesse je ne sais pas.
- Carly attend. Je... c'est moi... c'est moi qui suis pathétique... je me suis mal comporté avec toi... je comprends que tu ne veuilles pas de moi c'est normal... personne ne voudrais d'un mec comme moi...
- Jerry...
- C'est à moi de m'excuser pour mon comportement, je n'aurais pas dû te draguer ouvertement, te donner ces surnoms... c'est juste que ces derniers temps je ne me reconnais plus. J'ai perdu un être cher et... Bref ! Je ne suis pas moi-même. Je comprends que tu es en couple et que tu es amoureuse d'un autre homme, cet homme a beaucoup de chances de t'avoir.
- Jerry... Merci de m'avoir avoué tout ça. Nous sommes partis sur de mauvaises bases, ça te dirait qu'on reparte de zéro et qu'on reste amis ?
- Avec plaisir Carly.
Je le serre rapidement dans mes bras puis on se dit au revoir.
Ça alors, je n'en reviens pas de ce changement de comportement, hier on ne pouvait pas se supporter et aujourd'hui on est amis et on se serre dans les bras.