Prologue

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Elle avait peur. Une peur qui s'insinuait dans chaque recoin de son être, qui s'enroulait autour de son cœur et enserrait son esprit dans un étau glacial. Les prémices de l'avenir semblaient enveloppés de ténèbres menaçantes, une obscurité qui laissait présager des horreurs indicibles.

Chaque nuit, lorsque les ombres s'étiraient sur les murs de sa chambre, son imagination prenait vie, peuplant les coins sombres de monstres insaisissables. Le moindre bruissement du vent était un murmure sinistre, et elle se recroquevillait sous ses draps comme si cela pouvait la protéger du cauchemar qui prenait vie autour d'elle.

C'était un fardeau qu'elle portait seule. Une terreur non seulement pour elle-même, mais aussi pour sa sœur, son double fragile et aimé. L'idée que sa sœur puisse endurer le même sort la remplissait d'une détermination farouche. Elle refusait catégoriquement de permettre que les chaînes de la douleur s'enroulent autour de sa sœur, de la traîner dans un abîme de souffrance similaire. Elle était prête à tout pour que le cœur de la personne qu'elle aimait le plus au monde ne se noircisse pas comme le sien.

Ses yeux brillaient d'une lueur de guerrière, son instinct de survie l'empêchait de se résoudre à cette vie, et c'est avec une conviction inébranlable qu'elle saisit la fine barrette cachée dans ses cheveux. Cet objet banal devint le symbole de sa liberté, de l'instant où la volonté de briser ses barrières était trop grande, trop intense.

Les doigts tremblants mais résolus, elle entreprit la tâche ardue de libérer sa propre prison, de défaire les liens invisibles qui la retenaient.

Le déclic presque musical de la serrure cédant résonna comme une symphonie de libération, le son le plus doux qu'elle avait jamais entendu. La porte s'ouvrit enfin, grinçant légèrement, comme si elle aussi exprimait son soulagement d'être libérée de son devoir oppressant.

Avec précaution, elle quitta la pièce, refermant la porte derrière elle avec un toucher délicat. Chaque mouvement était calculé, chaque pas l'éloignant un peu plus de l'ombre qui avait été son compagnon forcé.

L'escalier montant vers l'étage supérieur était une passerelle vers un autre monde, une vie qu'elle avait eu le luxe d'avoir autrefois et qui n'avait servi que d'offrande empoisonnée de la part de l'oppresseur qui s'amusait de leur vulnérabilité.

Sa sœur était encore privilégiée puisqu'elle dormait toujours à l'étage, mais Ilona savait que ça n'allait pas durer, il le lui avait confirmé.

Sa sœur se reposait paisiblement, ignorant la réalité tordue qui les entourait. Ilona savait que cet état d'innocence ne durerait pas, que les ténèbres finiraient par l'atteindre aussi. Elle la réveilla en douceur avant de placer un doigt sur sa bouche pour qu'elle ne fasse aucun bruit.

Elles partagèrent un regard qui contenait toute la confiance et l'amour qu'elles avaient construits au fil des années, un langage secret qu'elles seules comprenaient.

Sa sœur ne comprenait pas, mais elle se jeta sans attendre dans l'inconnu, le plus important étant qu'elles restent ensemble, unies.

Elles se lancèrent alors dans leur fuite, deux silhouettes se faufilant dans la nuit, des âmes en quête d'une lueur d'espoir au-delà des ténèbres. Main dans la main, elles traversèrent les obstacles, chaque pas les rapprochant de la liberté, chaque pas leur rappelant que leur lien était leur ancre dans ce monde tumultueux.

La lune était leur seule confidente tandis qu'elles avançaient dans l'obscurité, fuyant le destin qui leur était réservé, le destin qu'il leur avait réservé. Elles avançaient dans l'ignorance de l'avenir, elles marchaient sans but précis, elles couraient pour s'éloigner de la cruauté.

Elles rêvaient d'une vie meilleure, mais elles allaient vite comprendre que la vraie vie n'était pas comme dans les romans à l'eau de rose. Elle aussi faisait mal, blessait, abîmait, mais d'une toute autre manière.

BratvaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant