VIII - La fuite

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Ilona

Bordel de merde.

Qu'est ce qui m'a pris ?

J'étais de retour dans ma chambre, un sanctuaire apparemment sécurisé, mais mon esprit tourbillonnait avec l'effervescence du chaos récent. Mes pas saccadés résonnaient dans l'étroitesse de l'espace, tandis que mes pensées vacillaient entre la réalité brutale et le tumulte intérieur qui s'emparait de moi. Les murs semblaient comprimer l'air, et chaque expiration était une libération qui me rappelait la fragilité de ma situation.

Les cheveux de mon agresseur, si soyeux, avaient été une énigme magnétique pour moi. Un appel irrésistible à toucher l'inatteignable. Mon esprit tourmenté cherchait désespérément à comprendre pourquoi je m'étais laissée emporter par cette fascination, comment j'avais pu involontairement créer un éphémère instant d'intimité avec celui qui avait troublé ma quiétude.

Le terme "agresseur" s'insinuait dans mes pensées, mais son acuité se dissipait dans l'ambiguïté de ma propre acceptation. Avais-je consenti à cette situation par faiblesse ou par un désir masochiste d'affronter mes propres démons ? La confusion tourmentait mon esprit, exacerbant la culpabilité de céder à ce connard qui avait osé s'attaquer à ma sœur.

Le sang pulsait dans mes veines, une symphonie discordante de colère et de frustration. La fuite s'imposait comme une nécessité. Mes plans, souvent élaborés impulsivement, prenaient forme dans l'urgence, laissant place à une confiance aveugle en mon instinct.

À la hâte, je fouillais le maigre placard, espérant trouver une protection, mais rien. Aucune arme, aucun bouclier contre la tempête qui grondait. J'optais donc pour la simplicité, décidant de m'enfuir en boxer, une nudité imposée par la circonstance.

Les baskets usées, compagnes silencieuses de mes errances, retrouvèrent leur place à mes pieds. La fenêtre, telle une porte entre deux mondes, était négligemment laissée entrouverte. Une inadvertance peut-être délibérée, une opportunité qui se dessinait dans l'ombre.

Mon corps se pencha, mais le vertige, fidèle spectre de mon passé, se faufila dans ma conscience. Des souvenirs d'affrontements passés s'étaient estompés, mais cette peur, cet équilibre précaire sur le rebord de la vie, persistaient. Un regard en arrière, une seconde de doute, puis le cerveau en état d'alerte me donna l'ordre de sauter.

La réception au sol, une victoire éphémère. Le sourire triomphant cachait la vulnérabilité que je m'efforçais d'ignorer. Derrière le buisson, refuge temporaire, se dressait un portail imposant, gardé par une phalange d'hommes armés jusqu'aux dents. Pourquoi cette démesure pour protéger une vulgaire entrée ?

La fenêtre négligemment ouverte, une erreur délibérée de Spencer. Il sous-estimait mon défi, croyant que les gardiens suffiraient à me dissuader. Sa méprise était ma chance.

Violence ou subtilité, mes options s'étaient tissées dans l'instant. La violence aurait tout anéanti, mais le temps me manquait. Le plan B, subtil, se déploya dans ma pensée.

La scène se figea, les gardes devinrent des pions dans un jeu de survie. Mes yeux scrutaient, analysaient, cherchant la faille dans leur unité. Deux se disputaient, des enfants perdus dans leur querelle, écartés par un regard réprobateur. Le chef, silencieux, fumait sa cigarette, observant avec détachement.

J'avais trouvé ma cible, ce chef impassible parmi les gardes. Un regard furtif, et ma décision était prise. L'ombre de ma cachette se dissipa tandis que je m'avançais vers lui d'un pas déterminé, une comédienne dans l'arène de l'intrigue.

Arrivée à sa hauteur, une audace subite s'empara de moi. Sans hésitation, je m'emparai de sa cigarette dans un geste délibéré.

Je ne pus m'empecher face à cet objet du démon de prendre une bouffée, un retour enivrant à la nicotine après un long sevrage. Une délectation de cette sensation me faisait presque oublier l'essence même de ma mission.

BratvaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant