Chapitre 2

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Maintenant, Baptiste et moi regardions tous les deux le sol. Apparemment, il prenait soudain beaucoup d'intérêt à nos yeux. Non, en vérité, on était juste embarrassés. Petit à petit, je commençai à ressentir un picotement dans ma main gauche. Je regardai et compris rapidement d'où la légère douleur venait. Mes doigts serraient la sangle de mon sac si fort qu'ils en étaient devenus tout blancs sous la pression. Je passai mon sac sur mon épaule et frictionnai discrètement ma paume qui doucement, commençait à reprendre sa couleur habituelle.

Un petit bruit strident parvînt bientôt à nos oreilles et tout le monde se rapprocha des rails en comprenant que le train arrivait. Quand celui-ci fût à l'arrêt et que les portes s'ouvrirent, j'eus de nouveau un coup de stress. Où allais-je m'asseoir ? J'avais déjà laissé passer les gens qui attendaient comme nous et Baptiste avait fait de même. On allait maintenant entrer en même temps dans le train et après... On allait devoir s'asseoir ensemble...

Je jetai un coup d'œil aux hommes de tout à l'heure et ne vit plus personne ; ils devaient déjà être montés. Voilà, c'était à mon tour de monter la marche du train. Il fallait réfléchir.

D'un, je n'avais aucune envie de retomber sur les deux hommes et encore moins si j'étais seule. De deux, ça paraîtrait impoli si je ne m'asseyais pas à côté de Baptiste. Je veux dire : qu'est-ce que je pourrais bien lui dire quand il prendrait place sur une banquette et que je continuerais toute seule pour chercher une place plus loin. En fait, il n'y avait qu'une seule chose qui pouvait m'empêcher de devoir trouver une excuse : si Baptiste s'asseyait dans un siège autour duquel il n'y avait aucune place libre. Je n'aurais alors qu'à lui dire au revoir et prier pour ne plus faire de mauvaise rencontre.

Je suivais les semelles du garçon devant moi alors qu'on essayait de trouver une place dans le train. On passa à côté d'un siège libre. Je sentis qu'il hésita mais après un instant, il choisit de continuer. Quelque part, il faut bien que je me l'avoue : j'étais soulagée. On traversa plusieurs wagons jusqu'à en trouver un qui était bien moins bondé que les autres. On s'assit ; lui, seul sur une banquette et moi, seule sur celle d'en face.

« Ça me surprend de te voir tout seul. Je veux dire, à l'école tu es toujours entouré de plein de gens, non ? »

Je ne sais pas pourquoi j'avais sorti ça. J'avais presque parlé sans m'en rendre compte.

« Mmh ouais. C'est vrai. En fait, je- »

« Jade ! Ça faisait longtemps ! »

Je me retournai et reconnus immédiatement le garçon aux cheveux noirs qui s'avançait vers nous.

« Louis ?! Euh, ça fait un moment oui. »

Après m'avoir offert un sourire béat long de quelques secondes, Louis se tourna vers Baptiste avant de prendre la place à côté de lui.

« Alors comme ça, on va tous à Quévin ? » demandai-je après un instant pour initier la conversation.

« Ben oui, j'en ai bien l'impression. Vous- » reprit Louis.

« En fait, c'est... » J'hésitai à lui expliquer ce qui s'était réellement passé tout à l'heure sur le quai mais Baptiste me coupa et prit le relais :

« On s'est juste croisés sur le quai par hasard. »

« Oh, je vois. »

En fait, Baptiste avait parlé assez sèchement et en lui répondant, Louis m'avait souri étrangement, l'air de me demander pourquoi mon ami était si brusque. En réalité, je ne savais pas moi-même. Il est vrai que Baptiste n'était pas la personne la plus douce que je connaisse. Enfin, au final, même moi je ne le connaissais pas beaucoup, ou en tous cas plus maintenant. Je savais simplement qu'il ne parlait pas volontiers sauf avec ses amis proches du lycée.

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