Chapitre 8

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Bon sang. Voilà, ça devait arriver. Un désastre. J'aurais dû me contenter d'être moi-même, d'être celle que j'avais toujours été. J'aurais dû ne jamais m'asseoir à côté de lui dans le train et ne jamais lui proposer de marcher ensemble. J'étais idiote. Mon père avait raison. Quand je rentrerais à la maison et qu'il me disputerait pour ne pas lui avoir répondu tout de suite, j'acquiescerais docilement au lieu de me défendre comme j'en avais l'habitude.

Idiote. Ridicule. J'entendais ces mots sortirent de la bouche de mon père. Je poussai la porte d'entrée du café et sentis la fraîcheur du soir me gifler le visage. Ridicule, comme toujours. Il avait raison. Je faisais fuir un garçon. Qui faisait ça ? Je ne pouvais échapper à ce que j'étais et je n'avais même pas les mots pour décrire l'horreur que ça représentait.

Je cherchai le grand brun du regard mais il n'y avait personne qui lui ressemblait dans la rue. De toute façon, s'il avait été là, mes yeux l'aurait immédiatement trouvé. Désespérée, je m'assis par terre contre la vitrine du café et regardai mon téléphone que je tenais dans la main.

Il ne me restait qu'une chose à faire. Pour qu'au moins, tout soit clair. Pour lui comme pour moi. À tout hasard, je cherchai donc son nom dans mes contacts. Personne. Puis, à ma plus grande surprise, un contact apparut. J'ignorais depuis quand je l'avais mais j'appuyai sans réfléchir sur l'icône de l'appel.

Quatre tonalité de sonnerie puis plus rien. J'attendis le signal sonore avant de laisser mon message.

« Euh... Baptiste ? Ecoute... Je crois que j'ai fauté. Je suis désolée. Pardon... Je sais que j'ai dit quelque chose de mal. Je ne sais juste pas quoi mais j'ai bien vu, j'ai bien vu que ta tête au café. Et je t'en veux pas bien-sûr, c'est de ma faute. Que de ma faute. Encore... Dans la rue, les gens se retournaient vers moi mais j'essayais tant bien que mal de ne pas y prêter attention. J'ai agi n'importe comment. Je suis ridicule, à croire que je suis vouée à l'être. Je voudrais juste que tu saches qu'aujourd'hui, avec toi, pour la première fois, j'ai cru que je pouvais peut-être y échapper. Et tu sais, redevenir comme avant, comme quand on était enfants. Un rire nerveux s'échappa alors de mes lèvres. Mais j'ai eu tort. Je suis nulle. Tout me le prouve. Pardon. Au fond, je voulais juste avoir quelqu'un. Vraiment. Je n'ai jamais eu personne sauf quand- Enfin je voulais juste avoir quelqu'un. Un ami... J'hésitai une seconde. Un copain... Bref, je suis nulle. Excuse-moi. Je... J'espère que tu me pardonneras. Et puis que tu ne garderas que tes vieux souvenirs de moi... Je suis sincèrement désolée. »

Je raccrochai et passai ma manche sur la larme qui venait de couler. Je me levai et m'apprêtant à rentrer de nouveau dans le café, je posai ma main sur la poignée mais une voix m'arrêta.

« Jade ?! Ça va ? »

Je me retournai vers la voix tout en reniflant.

« Baptiste ? Je... »

Il avait accouru vers moi et avait immédiatement posé ses mains sur mes épaules.

« Qu'est-ce qu'il y a ?! Tu pleures ? »

Je mis quelques secondes à reprendre mes esprits mais il me laissa prendre le temps de me calmer en me regardant dans les yeux et en allant les rechercher avec les siens quand mon regard tombait vers le sol.

« Je... J'ai cru que tu étais parti. »

Il fronça alors les sourcils mais resta calme et me laissa m'expliquer entre mes hoquets sans m'interrompre.

« J'ai cru qu- que j'avais dit quelque chose de mal et que tu étais parti. J'ai été id- idiote. J'ai essayé de t'appeler mais t- tu ne répondais pas. J'ai paniqué. »

Je voyais bien qu'il ne savait pas comment réagir. Il frottait mon épaule de sa main.

« Viens. On rentre. »

J'acquiesçai doucement et le suivis à l'intérieur. Nous retournâmes à notre table. Je regardais le sol.

On s'assit. J'étais terriblement gênée. Je n'arrêtais pas d'essuyer mes paumes moites contre mes cuisses.

« Jamais je ne serais parti. Je téléphonais à ma mère pour lui dire que j'avais raté mon train de 17h35 et que je prendrais le suivant. Ce matin, ben je... j'ai menti quand j'ai dit que je prendrais le même train que Louis. Je me suis dit que s'il prenait celui de 18h23, tu prendrais le même. Alors, j'ai fait semblant. »

« Merci. »

« De quoi ? »

« D'avoir voulu prendre le même train que moi. C'est gentil. Et puis, merci d'avoir passé la journée avec moi. C'était sympa. Enfin... j'espère qu'au moins ça l'a été pour toi aussi. »

« Mais de quoi tu parles ? »

J'étais à court de mots. Je lui avais déjà tout dit dans mon message vocal.

« Je t'ai laissé un message vocal. Écoute-le si tu veux bien, ce sera plus simple. Je vais aux toilettes. »

« Euh d'accord mais tu ne pars pas, hein ?! »

Il réussit à me faire sourire.

« Non. Je te le promets. »

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 24, 2022 ⏰

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