Chapitre 5

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Toujours assis, nous discutions de souvenirs divers et visiblement, le sucre avait un peu adouci le garçon à côté de moi.

D'ailleurs, j'étais en train de lui raconter une anecdote d'enfance quand il détourna le regard vers la rue. Je n'y prêtai d'abord aucune attention et continuai mes explications avec de grands gestes car on arrivait à la chute de l'histoire et je dois avouer que quand je me mets à raconter quelque chose qui me tient à cœur, je suis bien moins capable de contrôler mes émotions.

Bref, tout compte fait, je finis tout de même par tourner la tête pour voir ce qu'il regardait. Un groupe de filles passait devant nous, presque au ralenti et nous fixaient. Enfin lui, plus que moi. Elles semblaient bien plus âgées que moi mais au fond, je suis certaine qu'on avait le même âge. Je sentis comme un bref pincement dans ma poitrine et je me sentis immédiatement ridicule. J'étais là, en train de lui parler comme une idiote alors que lui flirtait du regard avec des filles. Je baissai les yeux par réflexe et quand je regardai à nouveau les filles, elles regardaient toujours dans notre direction et riaient entre elles. Mais cette fois, je n'avais pas de doute, je savais que c'était de moi dont elles riaient, alors ce fût plus fort que moi. Ma main se leva dans leur direction et tous mes doigts s'abaissèrent sauf le majeur. Leurs rires reprirent de plus belle.

Je ratais tout, j'étais vraiment ridicule. Débile. Moche. Seule.

Je me levai sans vraiment savoir où aller. Mais comme ça, je me rendis compte que j'étais d'autant plus ridicule alors je me rassis devant les yeux grands ouverts de Baptiste.

« Qu'est-ce qu'il t'a pris ? » me demanda-t-il après quelques secondes.

« Je n'en sais rien. » répondis-je, plus gênée que jamais.

« Tu as vu comment elles nous regardaient ?! »

Sérieusement ? Il me posait vraiment la question ?!

« Oui, ça pour voir, j'ai vu. »

« Les filles sont vraiment chiantes. Et collantes aussi. C'est horrible. »

Les sourcils froncés, je me retournai vers lui.

« Enfin pas toutes, je veux dire. Ne le prends pas pour toi. »

Je souris avant de remarquer que maintenant c'était lui qui n'y comprenait plus rien.

« On y va ? » repris-je après un moment.

« Euh oui, si tu sais où tu veux aller maintenant. »

« Non à vrai dire, je n'en ai toujours aucune idée. Tu veux aller sur la place ? »

« Ben c'est-à-dire que... »

« Moi non plus en fait. »

« Je connais peut-être un endroit. » finit-il par dire.

« Alors on y va. »

« Tu ne me demandes même pas ce que c'est ? »

Je le regardai bien droit dans les yeux.

« Hmm... Non ! »

Il rigola vraiment pour la première fois et je ne pus que sourire.

Ce matin, je n'aurais jamais imaginé que je me retrouverais dans la même journée à faire rire un garçon presque aux éclats. J'étais fière de moi, avec cette impression de n'avoir jamais été aussi proche de moi-même et pourtant, quelque chose me retenait. Comme si finalement, ce n'était pas vraiment moi ça, comme si je ne pouvais pas m'autoriser à être comme ça. Peut-être avais-je peur ? Mais peur de quoi ? De la liberté ? Non, de l'inconnu, du bonheur.

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