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J'aime le moment du réveil, quand je suis en vacances. Parce que c'est un réveil naturel, pas l'agression d'une stupide machine qui m'oblige à interrompre mon sommeil. Je regarde quand même mon smartphone, il est plus de dix heures, c'est parfait. J'aime aussi le réveil parce que je suis toujours accueilli par une belle érection. Je crois qu'en fait le cerveau déclenche un petit rêve érotique juste avant qu'on ouvre les yeux, histoire de relancer la machine. J'aimerais bien pouvoir me souvenir de ce petit rêve. Je repousse le drap.

– Salut, mec.

Alexis vient de se réveiller aussi. Nous sommes allongés sur le dos, sexes dressés, il faut en profiter et laisser la nature faire, surtout quand c'est bon.

– Vous n'avez honte de rien, les mecs.

Ah oui, c'est dingue cette tendance à oublier que nous ne sommes pas seuls, comme à l'appartement. Mais il y a surtout le fait d'oublier que d'autres ne sont pas aussi ouverts que nous. La nudité ne nous dérange pas, Alexis et moi. C'est peut-être pour ça que notre colocation se passe si bien, nous n'essayons pas de cacher quoi que ce soit.

– T'es choqué ?

– Non, je trouve ça plutôt cool.

Effectivement, il ne se gêne pas pour nous regarder, il ne détourne pas les yeux. Le fait d'être maté par un autre ne va pas nous aider à débander. Fabien, lui, ne retire pas son drap. Nous savons bien qu'il est tendu aussi, il vient de se réveiller et la réaction est la même pour tous les hommes. Mais s'il ne nous juge pas, en retour, bien sûr, nous ne jugeons pas non plus.

– Vous avez toujours été aussi ouverts entre vous ?

Alexis et moi, on se regarde. Je crois bien qu'on ne s'est jamais posé la question. Enfin, on est potes depuis si longtemps qu'on a certainement un peu oublié les premières étapes.

– Vu la façon dont on s'est rencontrés, je crois qu'il n'y a jamais eu de pudeur entre nous.

On se lève et on s'installe à la table du mobile homme, pour prendre notre petit déjeuner, qui consistera presque uniquement en café. Si on ne sort pas pour profiter de la fraîcheur du matin, c'est que sans s'être consultés, nous avons envie de rester nus. Enfin, Alexis et moi, Fabien a vite enfilé son caleçon de bain.

– En sixième, nos premiers cours de sport ont commencé par la natation.

– Pas très malin quand on y réfléchit, l'entrée au collège est déjà difficile et l'école nous a obligé à nous montrer en maillot de bain devant les autres.

– Bah, c'était peut-être voulu, justement pour qu'on se découvre tous, qu'on passe par le plus difficile et qu'ensuite le reste nous semble beaucoup moins compliqué.

– Il fallait partager les cabines à deux. Je ne sais pas comment on s'est retrouvés ensemble, avec Alexis, mais ce genre d'étape force à apprendre à se connaître.

– Il y a tellement de gêne dans ce genre de situation, qu'on a entamé la discussion, juste pour penser à autre chose, essayer de détourner l'attention.

– Je ne sais même plus pourquoi on était gênés, tous les deux on avait déjà enfilé notre maillot de bain, pour ne pas avoir à se changer devant l'autre.

– À l'époque, on avait honte juste de se montrer torse nu, on n'assumait encore rien.

– Ouais, c'était douloureux comme étape : dévoiler son corps avec toutes les imperfections qu'on y voit.

Aujourd'hui, on rigolerait presque de notre pudeur alors qu'il s'agissait juste de se montrer en maillot de bain. Enfin, c'était la première étape pour accepter son corps et oser le montrer aux autres.

– Au fil des cours de sport, on parlait de plus en plus dans la cabine, pour évacuer toute cette gêne.

– Et puis on y a pris goût.

– À vous retrouver à moitié à poil entre vous ?

– Non, à la natation. C'est devenu notre sport. On s'est inscrit dans un club et on ne s'est jamais arrêtés.

– Au fil de temps, on s'est détendus. On ne venait plus à la piscine déjà en maillot, on se changeait réellement dans la cabine.

– La complicité entre nous a grandi, puisque c'était l'époque de la transformation de nos corps et que du coup c'était sympa d'avoir un pote avec qui partager ces étapes.

– Vous en parliez beaucoup ?

– On ne parlait pas de ça. Bien sûr, pour expliquer les transformations, y avait Internet. Mais c'était quelque part rassurant de voir qu'Alexis subissait les mêmes transformations.

– Pas besoin de discuter, on se matait discrètement, pour voir si l'autre commençait aussi à avoir des poils.

– Et puis, sans avoir à se consulter, on est passés du déshabillage et habillage dos à dos au face à face.

– On se matait beaucoup.

– Je voulais voir les transformations du corps d'Alexis et il regardait les miennes.

– Un jour, alors qu'on se changeait normalement, on a tous les deux eu un début d'érection.

– J'étais tétanisé que ça arrive devant un autre, même si c'était toi, Alexis.

– Je sais, pour moi pareil, je voulais éviter que ça se produise, j'avais un peu honte.

– Vous avez réagi comment ?

– Aucun de nous deux n'a essayé de se cacher. En fait, on était là, dans la cabine, à poil et chacun observait le sexe de l'autre grossir et se tendre doucement.

– On a fini avec deux belles érections. Je ne sais pas combien de temps on est restés là, face à face, sans rien dire, juste à s'observer.

– Doucement, c'est redescendu et on a enchaîné avec l'entraînement de natation, sans en parler.

– Ce n'est que le soir, quand on s'est retrouvés dans la chambre, à jouer à la console, qu'on a discuté de ce qui était arrivé.

– C'est là qu'on a commencé à parler librement de sexe, enfin surtout de ce qui nous arrivait, de nos envies, de nos plaisirs, des joies de l'érection et de la masturbation.

– C'est vraiment sympa d'avoir un pote avec qui parler de ces choses. Comme dit, y a Internet pour se renseigner, mais c'est quand même beaucoup mieux de pouvoir échanger avec quelqu'un qui passe exactement par les mêmes étapes.

– Entre nous on a perdu toute pudeur. Parfois on s'imagine que tout le monde est pareil.

C'est là que je remarque qu'Alexis et moi sommes à poil sans avoir demandé l'autorisation à Fabien. Notre histoire nous a permis de ne plus avoir aucune gêne à être nus, entre nous ou même devant les autres. On oublie facilement que tout le monde n'a pas eu les mêmes expériences.

– On va se rhabiller, on veut pas t'imposer...

– Non, restez comme ça. Je ne suis pas gêné, juste étonné. Et peut-être un peu envieux.

– Envieux ?

– Vous êtes totalement décontractés, j'aimerais être comme ça.

– Tu peux. Enfin, je veux dire, au moins dans le mobile home tu peux rester à poil.

– Je n'ose pas.

– Aucun souci.

Si on ne vous juge pas, en retour il ne faut pas juger. Chacun fait ce qu'il veut. Peut-être que Fabien va finir par se détendre. Il semble avoir envie d'être aussi à l'aise que nous. Évidemment, ce n'est pas forcément évident. C'est tout notre passé qui nous permet, à Alexis et à moi, de ne pas avoir de pudeur entre nous. Fabien a sans doute eu une expérience totalement différente. C'est à lui de décider de ce qu'il veut faire ou non.

Trois amis - Été 2022Où les histoires vivent. Découvrez maintenant