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On pensait se reposer mais, en fait, ce n'est pas notre genre. Durant la journée, nous multiplions les activités, il y a de quoi faire sur le camping et autour. Des matchs de beach-volley, de l'escalade, toutes les activités qui se font sur l'eau, parfois simplement nager... Je ne sais même pas si nous aurons le temps de tout explorer en seulement quinze jours. Mais bien sûr, le rythme est celui des vacances. Un réveil tard dans la matinée, aucun objectif précis, on se laisse porter par nos envies du moment. Les repas sont rapides et légers. L'alcool coule à flots, surtout le soir. Une sieste en fin d'après-midi, des soirées animées... C'est vraiment parfait.

Entre toutes ces activités, nous discutons pas mal.

– J'aimerais être aussi à l'aise avec mon corps.

Je n'ai jamais rien dit, puisque ça ne me regarde pas et chacun fait comme il veut, mais quand on va au sport, sur le campus, Fabien arrive toujours en tenue et repart se changer chez lui avant de reprendre les cours. Puisqu'il entame la discussion, il faut en profiter.

– T'assumes pas ton corps ?

Je sais, je suis d'une diplomatie à toute épreuve !

– Pas vraiment. Je viens d'un milieu où presque tout est tabou.

Ce soir, nous avions prévu de sortir, mais quand un pote décide de s'ouvrir et de se confier, il ne faut pas le stopper.

– Quand j'étais encore chez mes parents, la porte de la salle de bains devait toujours être fermée à clé quand quelqu'un l'utilisait. Pour éviter toute surprise.

Waouh, je ne savais même pas qu'on pouvait avoir l'idée de mettre une serrure sur la porte d'une salle de bains, dans une maison, en famille.

– Même le simple fait d'être torse nu frôlait le scandale.

– Vraiment ?

– Oui. Je me souviens qu'un matin je n'ai pas enfilé de tee-shirt en me réveillant, il faisait chaud, je n'avais pas envie. Quand je suis arrivé dans la cuisine c'était comme si j'avais commis un crime, mes parents m'ont ordonné d'aller m'habiller tout de suite !

– Ton frangin et toi, vous ne vous êtes jamais rebellés ?

– Non, on en a même jamais discuté. J'avoue que c'est la première fois, avec vous, que je vois des mecs qui ne se gênent pas.

Ah ouais, quand même, je ne me rendais pas compte à quel point nous avions des visions et expériences différentes de la nudité.

– Vous alliez quand même à la mer ou à la piscine ?

– Non, les vacances c'était dans la maison secondaire, à la montagne. Et même en plein été, je ne me souviens pas que quelqu'un ait bronzé sans tee-shirt.

Et comme il vient au sport en tenue, il ne passe jamais par les vestiaires.

– Mais, à l'école, vous aviez des cours d'EPS !

– J'étais dans une école privée hyper stricte, on se changeait dans des cabines individuelles.

Je n'arrive même pas à savoir quoi dire. Je ne pensais pas que tout ça existait encore. Fabien a réussi à passer toute sa vie, jusqu'à nous, sans voir un corps dénudé autre que le sien ! Enfin, ailleurs que dans le monde virtuel...

– Désolé, on aurait dû être un peu plus pudiques du coup.

– Non, au contraire, c'est super cool. Pour la première fois je me balade torse nu en public, et je me sens bien.

– Tu ne t'étais jamais montré nu devant personne ?

– Non.

Alexis et moi, on se regarde. Par sa réponse il vient bien de confirmer qu'il est encore vierge. Un beau gosse comme ça, bien foutu, c'est presque incroyable. Je sais que je ne devrais pas juger, parfois c'est difficile !

– Là t'es torse nu, sans te forcer j'espère !

– Si je m'étais écouté, j'aurais porté un tee-shirt, même pour me baigner. Mais je ne voulais pas passer pour un naze devant vous.

Donc, tout le monde se fait des reproches. C'est un peu idiot quand même.

– On ne savait pas tout ça.

– J'ai l'air con à me cacher pour me changer, non ?

– Con, c'est pas le terme, t'as juste pas l'habitude. Moi, à la maison, mon père était souvent torse nu. Et comme on ne fermait pas la porte de la salle de bains j'ai même vu plus.

Fabien n'a pas l'air choqué, la pudeur ne vient pas de lui mais de ses parents, de son éducation.

– Vous allez quand même très loin, tous les deux.

– Comment ça ?

– Vous vous croyez discrets, le soir, avant de dormir. Mais je reconnais quand même le bruit.

Nous pourrions être gênés que Fabien entende nos masturbations, en fait chacun sait parfaitement qu'il est impossible d'être discret à cent pour cent.

– On a besoin de se vider avant de dormir, surtout avec les journées qu'on passe.

– T'es le premier à avoir noté que le défilé de ces corps dénudés, sur la plage, ne laissait pas indifférent.

Fabien se contente de sourire.

– Et ne nous dis pas que toi tu te retiens depuis quatre jours.

– Non, je profite des toilettes.

– On faisait ça quand on était ados, maintenant on assume nos envies.

Du moins entre nous...

– Ouais, j'en suis pas encore là.

– Bien sûr, et si l'un de nos comportements te gêne, tu n'hésites pas à le dire.

– Aucun souci. Bon, on sort quand même ce soir ?

– Ouais, la discothèque est sympa.

Nous commençons à nous changer. Timidement, Fabien baisse son caleçon de bain... face à nous. Alexis et moi avons conscience, après tout ce qu'il vient de nous avouer, que c'est une grande étape pour lui. Il reste là, nu, devant nous. En fait, à cet instant nous sommes trois hommes à poil dans un mobile home.

– Je pensais avoir une érection direct.

– Même si c'était le cas, ce ne serait pas grave. Tu ressens quoi, là ?

– Je devrais être hyper gêné, mais en fait...

– Tu trouves ça normal.

– Oui.

– Il n'y a rien de choquant à se retrouver nu entre mecs, pendant qu'on se change.

– Mais du coup, ça fait cinq minutes qu'on se regarde, et ça c'est moins classique.

On se contente de sourire à la remarque d'Alexis. C'est vrai qu'on ne va pas rester là, comme des cons, à poil. On s'habille avant de partir pour une soirée alcool et danse à la discothèque du camping.

Trois amis - Été 2022Où les histoires vivent. Découvrez maintenant