Chapitre 1

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L'homme se frayait un chemin à travers la foule. Jouant des coudes afin de se créer un passage jusqu'à la petite échoppe du bout de la rue. La cohue semblait presque compacte tant les gens affluaient de tout les côtés. Sa femme avait encore bien choisit son moment tiens! Dans la cité ou il était né et ou semblerait-il, il finirait ses jours; une fois par mois, pendant une semaine, se tenait le Grand Marché. La populace affluait de tout le continent et les rues en devenaient quasi impraticables. Elle avait choisit un de ces jours là, journées où, il travaillait nuit et jour. Il avait du traverser la ville toute entière au pas de course pour arriver aussi rapidement. Empruntant des chemins que bien peu de gens connaissait. Il y était presque.

Si le bruit n'avait pas été aussi dense dans la ruelle pavée, il l'aurait très certainement entendu. Toute la cité l'aurait entendu. Mais dans le brouhaha ambiant, il ne le perçut pas. Le hurlement de douleur qu'elle poussa, l'aurait probablement rendu sourd. Quelques secondes plus tard, il ouvrait la porte d'entrée à la volée et dévalait les marches menant à leur chambre. Ses deux aînés étaient là. Plantés devant l'encadrure la chambre parentale, la peau livide, les yeux exorbités. D'un signe de la tête de leur père, ils se retirèrent silencieusement dans leurs chambres respectives et le patriarche entra.

Elle était là. Étendue sur le grand lit recouvert de soie indigo. Son visage était couvert de sueur, sa chevelure blanche lui collait à la peau. Dans son poing serré, les doigts de son frère avaient dangereusement blanchit et son rictus en disait long sur l'état dans lequel il retrouverait sa main une fois qu'elle l'aurait lâché. Elle cria encore. Et cette fois il l'entendit. Il se précipita vers elle. Évitant l'aide-soignant qui s'affairait autours d'elle, il la rejoignit sur le matelas moelleux et passa un bras autours de ses épaules. Le regard qu'elle posa alors sur lui, lui fit l'effet d'une gifle. On lisait dans ses yeux toute la haine que la jeune femme éprouvait. Tout le ressentiment qu'elle n'avait habituellement pas le droit d'exprimer. Toute cette rancœur enfouit tout au fond de son cœur, elle le lui transmit dans ce regard. C'était la troisième fois qu'il lisait tout ça dans les prunelles de sa femme. Même s'il savait pertinemment que tout ses sentiments n'était jamais bien loin. Mais cette fois-ci, cette fois-ci fut différente. Il n'aurait su dire pourquoi. Son médecin l'encourageait dans ses efforts tandis qu'il enfonçait ses deux mains gantées au plus profond de l'intimité de la jeune femme. Elle hurla de plus belle. Elle vociféra insultes et injures au monde entier. Le regard outré des aides-soignants n'échappa pas au futur père. Mais d'un regard glacial, il les remit à leur place.

Le calvaire dura plus de six heures. Puis il prit fin. Comme si de rien n'était. Sa femme cessa de hurler. Les visages soulagés de ses fils réapparurent dans l'encadrure. Mais quelques choses clochaient. Il l'avait sentit au moment même ou son fils était né. Le médecin tenait l'enfant dans ses bras. Il l'observait. Et le dégoût qu'il lisait sur son visage effraya le jeune homme.

- Il y a un problème docteur ?

Il ne répondit rien. Avec des gestes précautionneux, il enveloppa le nouveau-né dans le lange prévu à cet effet. Puis il disparut dans la salle de bain attenante. L'eau coula dans la vasque. Sûrement était-il en train de faire sa toilette. De longues minutes s'écoulèrent, pendant lesquelles le robinet était fermé. La voix tendue du spécialiste s'éleva alors.

- Monsieur Lordhill pouvez vous venir je vous pris.

Dans ses bras, Mme Lordhill fronça les sourcils. Que ce passait-il donc? Pourquoi ne lui ramenait-on pas son enfant?

- Marc... murmura-t-elle faiblement à l'adresse de son époux.

- Je reviens.

Sans un regard vers la femme exténuée dans leurs draps de soie, il se dirigea en toute hâte vers la porte entre-ouverte. Il tenait l'enfant à bout de bras. Le présentant au patriarche comme s'il s'était agit d'une chose à jeter aux ordures.

- J'ai besoin d'explication Monsieur Lordhill.

D'abord, Marc ne compris pas. Ce nouveau-né semblait être des plus normal. Puis il vit. Et son teint vira au blanc. Cela n'était plus arrivé en naissance naturel depuis des centaines d'années. Et cela ne devait pas se reproduire. Ils avaient tout fait pour. Néanmoins ses yeux ne pouvaient lui mentir à ce point. Ballottant entre les bras de l'obstétricien, braillant à pleins poumons, l'enfant que sa femme venait d'expulser de ses entrailles avait une abondantes chevelure rougeoyante. Mais au delà de ça, cet enfant qui venait de naître était une fille. C'était impossible. Tout simplement impossible.





La Sorcière de Lili'hyisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant