James

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Lundi 10 octobre

Je suis dans la cuisine de la cantine après le déjeuner avec Alice une des cantinière. Elle a gentillement accepté de me prêter un coin de la cuisine pour faire une surprise à Louise. C'était son anniversaire samedi et elle a du rentrer chez elle pour le week-end alors même si je lui ai envoyé un message je voudrais faire plus. J'ai pensé à quelque chose de symbolique. Je suis donc entrain de faire des petits sablés en forme d'oiseau, j'ai remarqué que Louise peind extrêmement souvent ces animaux, je crois que c'est son motif préféré. Avant quand j'étais petit je connaissais la recette par cœur, Sofia et moi presque tout les mercredi on en faisaient avec maman. Au début on étaient si jeune qu'on ne faisaient que regarder mais à la fin on n'avaient plus besoin de personne et pour toutes les occasions nous en faisions, pour Noël, pour célébrer les vacances, l'arrivée de l'hiver ou pour les anniversaires. Surtout pour les anniversaires. Je suis un peu triste que Sofia et moi ayons arrêté cette tradition alors il n'est peut-être pas trop tard pour la continuer. Aujourd'hui j'ai gardé le vieux papier jaunis par le temps où est inscrite la recette, ça je l'ai emporté quand nous avons du quitter notre maison. Je ne connais pas la recette aussi bien qu'avant mais je me rend vite compte au fur et à mesure des étapes que je serais bien incapable d'oublier ça.
Je fais des tonnes de petits sablés, je voudrais en donner un à Sofia et aussi pour les cantinières.
-Alors James, comment ça se passe ? Tu as besoin d'aide ?
Je tourne la tête vers Alice tout en continuant ma tâche.
-Merci mais je crois que je m'en sors plutôt bien.
Elle s'approche.
-Mais tu t'en sors comme un chef tu veux dire, bravo James !
-Merci, j'aurais bientôt fini.
-Parfait.
Je sort les derniers sablés du four, je les répartis dans deux boîtes en métal et en mets un de côté dans du papier pour Sofia. Après ça je nettoie le plan de travail et lave saladiers et ustensiles, et puis j'ai terminé. Je cherche Alice dans cette immense cuisine pour la remercier. Elle est avec ses quatres comparses, elles griffonent sur des carnets en discutant. Je suppose qu'elles doivent faire des commandes ou des choses comme ça. À moins qu'elles ne se racontent les derniers potins, ça ne m'étonnerais même pas.
Je m'avance, et elles m'aperçoivent avant que j'ai le temps d'ouvrir la bouche, aussitôt elles ne s'intéressent plus qu'à moi. Alice se lève.
-Alors c'est bon tu as terminé mon grand. Les filles ce beau jeune homme est doué en pâtisserie, dit-elle en me pointant avec son pouce.
-Doué en petits sablés seulement, d'ailleurs merci beaucoup de m'avoir accueilli dans la cuisine, je vous ai fais des petits sablés pour vous. Je pose la boîte en métal devant elle.
-Oh c'est adorable, James, me dit-Ange.
-Merci c'est très gentil à toi, je vais m'empresser d'en goûter un les filles, renchérit Annie.
Elle en porte un à sa bouche, aussitôt suivie par les autres.
-Délicieux, s'exclame Claire. Ils sont meilleurs que les miens, où donc à tu appris à faire ça ?
-C'est ma mère qui nous a appris à ma sœur et moi.
-Et bien tu lui diras que son fils et un génie de la pâtisserie, bravo James.
Je n'ai pas le cœur de lui dire que je n'en aurais pas l'occasion.
-Ta sœur Sofia, elle est géniale cette petite, pas vrai les filles ? Questionne Annie.
-Oui j'adore ce petit groupe, ils sont adorables ces jeunes.
Je les laissent à leurs bavardages et à  leurs sourires en les remerciant une dernière fois. Elles sont si gentilles. Je m'en vais retrouver Louise.

Je passe la tête par l'entrebaillement de la porte, avec ma boîte en métal dans les mains, soudain je me sens un peu idiot. Je rentre doucement sans faire de bruit car je sais que Louise aime vraiment sa tranquillité pour peindre. Au début elle ne me remarque pas, trop concentrée. Aujourd'hui elle écoute de la musique classique et elle peind ce qui me semble être des colombes lutant contre les vents, même non terminé c'est incroyable. Enfin elle me remarque, elle sourit doucement et se lève pour arrêter la musique mais je dicerne qu'elle est embêtée d'être interrompue. Ça ne m'étonne pas mais je me sens encore plus idiot de la déranger pour quelques biscuits.
-James que me vaut le plaisir de ta visite ?
-Je suis venu te souhaiter ton anniversaire en personne.
-Merci c'est très gentil de ta part, dis-moi qu'est-ce que tu apportes, demande-t-elle les yeux sur la boîte que je tiens.
Je suis un peu nerveux et soudain j'ignore si c'est parceque j'ai peur qu'elle me trouve ridicule ou parceque je viens de faire revivre une tradition -sans doute un peu des deux- mais je réponds quand même.
-Je t'ai apporté un petit quelque chose. Je lui tend la boîte, qu'elle attrape.
-Elle la regarde un moment et juste quand je crois qu'elle va l'ouvrir elle me demande en levant les yeux vers moi.
-Tu es nerveux ?
-Quoi ? Non...ça n'est pas grand chose.
-Je ne te connaissais pas comme ça.
-Oui tu ne m'as jamais vu nerveux.
-Ah ! Tu l'admets.
-Euh...mais.
Elle glousse.
-Je te taquines, merci beaucoup James, je vais l'ouvrir et quoique ce soit ça me fais très plaisir. Elle me gratifie d'un sourire sincère que je lui rend.
Elle ouvre la boîte et ses yeux sont surpris lorsque qu'elle voit mes biscuits, elle en sort un et regarde les ailes de l'oiseau.
-James...
-Tu n'aimes pas.
-Si ! C'est génial, des oiseaux, tu as remarqué que je les peignaient souvent ?
-Oui pourquoi d'ailleurs ? Elle sourit tristement.
-Ils sont symbole de liberté. Je n'ose pas la questionner davantage.
-Alors on les goûtes ces sablés ? Elle m'en tend un et en choisis un pour elle, j'attends qu'elle croque dedans avant de faire de même. Ils sont super bons comme à l'époque, je ne me suis pas loupé, il ont un goût de nostalgie.
-Ils sont merveilleux James. Merci beaucoup vraiment. Comment t'es venus l'idée ?
-Et bien je suis content que ça te plaise et disons que c'est une tradition.
-Ah oui comment ça ?
-Avec Sofia on en faisaient quand on étaient enfants pour tout les anniversaires et...tout le temps enfaite. C'est la seule chose que je sais cuisiner.
-Et tu sais drôlement bien les cuisiner.
J'esquisse un sourire.
-Merci.
-Vous avez arrêté d'en faire ces dernières années ? Tu as dis "quand on étaient enfants".
-Oui, j'avais envie de recommencer et de tester les oiseaux, je n'en avais encore jamais fais, des oiseaux je veux dire.
Je me sens soudain nostalgique de ma vie d'avant, comme ça m'arrive parfois, mais je ne veux pas le montrer à Louise c'est censé être un moment joyeux.
-James, tu as l'air...triste ?
Je souris doucement, mince on dirait que mon sentiment nostalgique se voit. Je n'aime pas la nostalgie, elle est douloureuse, je préfère les souvenirs, hélas les deux vont de pairs.
-Non tout vas bien.
-D'accord, c'est juste que ces sablés on l'air particuliers pour toi, d'abord toi qui paraît toujours confiant, tu semblais nerveux au moment de me les présenter et maintenant tu as un air triste, tu peux m'expliquer tu sais, on est amis.
-Tu es plus attentive que je ne le croyais.
Elle me fait un grand sourire.
-Je suis peintre.
-Et alors ? Elle hausse les sourcils.
-Ça va de soit non ? Bon ne change pas de sujet, explique. Enfin si tu en as envie, se reprend t-elle.
-D'accord. Avec Sofia nous sommes partis vivre en foyer à nos 11 ans, on a donc jamais continué cette tradition.
Louise pose sa main par dessus la mienne.
-Que s'est-il passé ?
Je n'en parle pas souvent, ou alors à Sofia, j'ignorais qu'il m'était si difficile de le formuler, alors que j'y pense pourtant chaque jour. Même nos amis ne sont pas au courant pour nos parents.
-Nos parents sont mort dans un accident de voiture en venant nous chercher à l'école. D'habitude c'était toujours notre mère qui venait nous chercher, c'est elle qui nous a appris à faire des petits sablés, mais ce jour là, le 14 décembre, mon père est partit avec elle, mais ils ne sont jamais venus nous chercher.
Une miniscule larme s'échappe de mon œil gauche, je l'essuie aussitôt. Je m'en veux d'avoir gâché l'ambiance. Je ne pensais pas que renouer avec cette tradition ferais remonter tout ça.
-Je suis désolé James, je voyais que tu n'étais pas comme d'habitude. Tu sais quoi c'est super que tu ai repris la tradition, quand est ton anniversaire ? Tu devrais en refaire avec Sofia, ça lui ferais sûrement du bien à elle aussi.
-Oui tu as raison ça m'a fais du bien, je lui en ai mis un de côté d'ailleurs, je vais lui en parler, c'est le 2 novembre notre anniversaire.
-Oui parle lui en, et je serais ravis de t'aider si tu veux.
Je souris, toute ma tristesse s'est envolée.
-Merci d'avoir su apprécier ma surprise, et d'avoir écouter l'histoire.
-Il n'y a pas de quoi.
Sans réfléchir plus longtemps je me penche et l'embrasse. Elle. Louise. Cette fille qui m'a plu dès le premier instant, elle ne s'écarte pas et répond à mon baiser. Je touche ses longs cheveux, ils sentent la peinture et le vent. Au bout de quelque secondes nous nous ecartons. Je sonde sa réaction. Elle a un grand sourire et rougie un peu mais elle me regarde dans les yeux.
-Qui est-ce qui est nerveuse maintenant ? Elle pouffe et me donne un coup dans le bras.
-James, toi je t'aime bien.
Je souris deux fois plus, cette fille là a un sacré caractère alors ça c'est un compliment en or.
-Merci, c'est réciproque. Je te laisse à ta peinture ?
Elle répond de la malice et de la joie dans le regard.
-Oui il y en a qui travaillent ici.
-C'est ça, j'y vais aussi alors dis-je en m'éloignant content et le cœur battant.
Je ne sais pas trop où est Sofia et je veux la prendre par surprise alors pas de message pour savoir où elle est. Je devrais la trouver dans un des ateliers de mode, je sillone donc le rez-de-chaussée à la recherche de ma jumelle. Je passe devant une pièce d'atelier, la porte est grande ouverte et par chance je vois Sofia. Elle est en train de ranger un carnet et des rouleaux de tissus, elle a l'air bien. Je crois qu'elle se plaît ici, je suis si heureux de ça. Je toque doucement à la porte.
-James qu'est-ce que tu fais là ?
J'entre avec mon sablé derrière le dos.
-J'avais quelque chose pour toi.
-Ah oui une surprise ? Demande t-elle le sourire aux lèvres.
-Oui, tiens. Elle a du percevoir un changement dans ma voix car elle lève des yeux suspicieux vers moi après avoir attrapé le sablé enveloppé de papier. Je la regarde soulever les couches de papier comme on déballerai un cadeau de Noël, à cet instant c'est un peu ça. Ses yeux s'arrondissent et s'embuent lorsqu'elle reconnaît la pâtisserie que nous avons tant fait.
-Oh James, c'est super, ça fais si longtemps. Son émotion est contagieuse et mes yeux s'embuent à leurs tour.
-Tu sais c'était l'anniversaire de Louise samedi, alors j'en ai fais pour elle.
-C'est génial, vraiment vraiment génial. Elle casse l'oiseau en deux et m'en donne la moitié.
Non seulement nous n'en avions pas fais depuis nos onzes ans mais pas mangés non plus.
-J'avais presque oublié quel goût ça avait.
-Ça te dirais qu'on en fasse pour notre anniversaire ?
-Oui je crois que ça me dit bien. Tu as gardé la recette alors ? Tu ne me l'avais jamais dis.
-Oui je l'avais emporté mais tu sais ça ne s'oublie pas comme ça.
-Ouais je n'en doute pas. Dis on pourrait en faire en forme d'étoile, qu'est-ce que tu en dis ?
J'aquiesce.
-C'est une bonne idée. On ferra ça, je vais y aller d'accord ? Tu vas bien ?
-Oui, merci James, Louise a du adoré.
-Oui en effet.
-Quel est ce petit sourire, James ? Elle te plaît cette fille hein ? Je soupire en souriant.
-Sofia...bon d'accord, on s'est embrassé !
-Oooh James c'est super, je suis contente pour toi !
-Ne le répète à personne. Et toi avec Sasha, vous vous plaisez ça se voit.
Ma sœur rougie soudain génée.
-Non James on ne s'est pas embrassés.
Je rigole.
-Ce n'était pas exactement ma question. Mais...tu aimerai bien n'est ce pas ?
Elle ne répond pas et évite mon regard, trop mignonne.
Je m'approche d'elle et l'attrape pour lui faire un bisou sur le front.
-Fais juste attention à toi d'accord ?
-D'accord. Je t'aime James.
-Je t'aime aussi.
En partant je lui dis.
-Aufaite j'ai raconté à Louise.
-C'est vrai ? Ok, c'est bien. Je suis fière de toi.
-Ça ne te dérange pas ?
-Non, elle a l'air géniale cette fille.
-Elle l'est.

Kris AcadémieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant