Lundi 16 et mardi 17 janvier
J'étais avec Harry dans ma chambre, nous étions en train de discuter du défilé de fin d'année lorsque la surveillante générale Mme. Hadsin a toqué à la porte et m'a prié gentiment de venir dans le bureau de la directrice, elle avait les traits encore plus tirés que d'habitude mais ses yeux avaient perdus leur habituelle séverité. Quelque chose est bizzare mais je ne saurais dire ce que c'est, pour le moment je me contente de la suivre en pressant la main d'Harry sur le chemin. J'ai un mauvais pressentiment. Quelque chose est-il arrivé ?
Nous arrivons devant l'imposant bureau de la directrice de l'école, Kris Linston, Harry me dit qu'il va m'attendre à l'extérieur et c'est donc seul que je franchis les portes massives serties d'ornements. Je remarque en premier lieu la présence d'Ange Parkers, la cheffe cuisinière. C'est vraiment bizzare. Est-ce à cause de la surprise qu'Harry m'a faite pour mon anniversaire ? Non impossible sinon il aurait été convoqué aussi et la surveillante générale a bien mentionné que c'était moi qui était convoqué. Mme. Hadsin reste dans la pièce elle aussi. La directrice me fait un sourire chaleureux que je trouve lui aussi étrange puis elle m'invite à m'assoir.
-Thomas nous avons vu quelque chose passer aux informations il y a peu, j'ai tout de suite reconnu le nom de la personne dont il s'agit. Ça parlait d'une Mme. Anderson.
Elle marque une pose alors que je suis toujours aussi perplexe et de plus en plus stressé.
-Thomas il est arrivé quelque chose à ta maman, tu devrais appeler ton papa, nous n'arrivons pas à le joindre.
Je me lève d'un bon soudain paniqué.
-Quoi ? Que lui est-il arrivée ? Mon père ? Demandais-je en sortant mon téléphone.
-Essaie de l'appeler, me dit-elle.
Je souffle un bon coup et presse le bouton d'apelle.
Personne ne parle, je suis sur qu'on entend les sonneries au travers du téléphone, on entend que ça, mon père ne décroche pas. Au bout de deux autres tentative je questionne du regards les trois femmes présente dans la salle. Ange s'essuie discrètement les yeux et Mme. Hadsin jette des coups d'œil à la directrice ne sachant visiblement pas quoi faire.
-Allons dites-moi ce qui se passe. S'il vous plaît.
La directrice ne semble pas vouloir parler mais au bout d'un certain temps elle le fait rompant son silence.
-Ta maman a eu un accident de voiture. Un grave accident. Il semblerait qu'elle n'ai pas survécu Thomas.
Lorsque qu'elle prononce ces mots, ils me semblent irréels puis soudain me transpercent, me clouent au sol, une peur immense m'envahit. NON, NON, pas ça.
Je ne trouve rien à répondre à ça et je n'ai pas besoin de le faire puisque mon téléphone s'illumine dans ma main signalant un appel entrant de mon père. Je décroche dans la seconde.
-Papa ! Papa, ce n'est pas vrai hein ?
Je l'entends pleurer doucement et je crois que c'est à ce moment là que je commence à pleurer moi aussi, ou alors peut-être pleurai-je déjà avant, en tout cas je prends conscience d'une chose. C'est vrai.
-Thomas ta mère a eu un accident de voiture...en rentrant du travail. Les secours ont trouvé ses papiers d'identité et m'ont appelé.
Il pleure. Mon père pleure.
-Je...j'ai été à l'hôpital, elle est morte sur le coup Thomas. Je t'attends à la maison je vais rentrer, ton oncle et ta tante vienne me chercher. Je dois appeler ta directrice...et...
La directrice me prend le téléphone des mains car je m'effondre, Harry a dû rentrer en m'entendant pleurer car je n'ai pas le temps de tomber au sol car des bras me rattrapent. J'entends des voix assourdies. J'entends Ange expliquer la situation à Harry, J'entends la directrice dire à mon père que l'école s'occupe d'appeler un taxi et de moi. Puis je n'entends plus rien du tout.Quand je me réveille je vois le visage d'Harry avec ses boucles rousses au dessus de moi. Cette vision me fait sourire jusqu'à ce que la réalité me revienne, mon sourire s'efface aussitôt. Je me redresse pour constater que je suis sur un divan dans le bureau de la directrice.
-Comment tu te sens ? Tu t'es évanouis, m'informe Harry.
-Combien de temps ? Demandais-je.
-Oh, seulement quelques minutes.
-Harry ma mère, ça n'est pas possible, pleurai-je soudain.
-Eh, je suis là, dit-il en m'attirant contre lui.
-Je dois rentrer c'est ça ?
La directrice intervient, je ne l'avais pas encore remarqué, je l'ai vu il y a à peine quelques minutes, j'ai pourtant l'impression que cela fait un siècle.
-Nous avons appelé un taxi, le temps que tu te prépares il sera là.
Je regarde Harry.
-Tu viens avec moi demandais-je d'une petite voix.
Mon copain se tourne vers Mme. Linston et Mme. Hadsin.
La directrice hoche la tête.
-Tu peux y aller aussi Harry bien sûr, appeler l'école si vous avez besoin de quoi que ce sois.
-Merci madame, répond Harry.
-Merci je souffle à mon tour en me levant doucement.
-Tiens mon grand emporte ça au cas où tu ne te sentirais pas bien à nouveau.
Ange me foure un petit gâteau de miel emballé dans la main. Je ne sais d'où elle le sort. Je lui fais un miniscule sourire qu'elle me rend. Elle nous dit ensuite de faire attention à nous.De retour dans ma chambre Harry m'aide à faire mon sac, il a fait le sien en deux minutes, envoyé un message à Elea qui est chargée de transmettre notre départ aux autres. La façon dont il gère m'épate. Moi je suis juste assis sur mon lit, à le regarder plier un de mes pulls rouge.
-Harry tu es sur que tu veux venir ? Je veux dire et tes parents si ils apprennent que tu n'es plus à l'académie.
-On va revenir, et puis on s'en fou, ils s'en foutent de moi maintenant, je viens avec toi, je ne te laisse pas.
Ce qu'il dit me peine pour lui mais je me sens plus fort rien qu'en l'ayant à mes côtés.
-Merci.
Je triture la couverture de mon lit, le regard dans le vague et les pensées qui divaguent.
-C'est un cauchemar Harry. C'est pas possible.
Harry zip mon sac et se tourne vers moi lui aussi les larmes aux yeux. Il s'avance et me prend les mains.
-Je sais que tu as du mal à réaliser, moi aussi, je pense que c'est normal. Ça va aller, on va aller ensemble chez toi d'accord ?
-Oui d'accord.
Il s'assoit à côté de moi en tenant toujours mes mains tremblantes dans les siennes.
-Tu sais Thomas depuis qu'on se connaît tu es mon bouclier face au monde, maintenant c'est à mon tour d'être ton bouclier. Je ne vais pas te laisser tout seul.
-Tu ne pars pas ? Je demande d'une petite voix. J'ai perdu toute trace d'assurance, il a raison à cet instant les rôles s'inversent, il me protège comme j'ai essayer de le faire depuis le début avec lui. J'ai tant de chance de l'avoir avec moi et ce qu'il dit me touche beaucoup.
-Mon ange.
En entendant ses mots Harry m'embrasse, malheureusement ça ne suffit pas à combler la peine qui est née au creu de mon cœur.Je ne vois pas vraiment la route passer, je me contente de regarder défiler le paysage sans vraiment le voir. Seule la main d'Harry dans la mienne me raccroche à l'instant présent. Sa présence m'est infiniment précieuse, si il n'était pas là, je ne sais pas si j'aurais la force d'affronter ce qui va suivre.
Une fois arrivés devant ma maison avec nos sac, je m'attends à voir sortir ma mère par la porte et à nous presser de rentrer à l'intérieur. J'attends de longues secondes mais rien. Harry me regarde et avance le premier, la porte s'ouvre. Je relève immédiatement les yeux. C'est mon père. Mécaniquement nous rentrons. Mon père salut Harry. Celui-ci ne semble pas du tout surpris de le voir. Il prend nos sac les mains aussi tremblantes que les miennes. Enfin il arrête de s'agiter et me regarde. Je ne sais pas qui pleure en premier. Il me prend dans ses bras. Nous restons un long moment comme ça.
Après ça la soirée est flou pour moi. Je perds la notion du temps. Mon père nous explique à moi et à Harry ce qui s'est passé. Accident de voiture, un chauffard s'est endormi au volant de son camion. Tout le monde pleure. Surtout moi. Ma mère et moi étions très proche, ce qui ce passe est un véritable cauchemar. Je ne peux pas imaginer ne plus jamais la revoir. Pour finir je m'endors sur le canapé sur les genoux d'Harry en serrant dans ma paume le pendentif en forme de croissant de lune en argent que ma mère m'a donné à ma naissance.Le réveil le lendemain est particulièrement difficile, j'ai mal partout. La journée semble bien avancée car la lumière du jour illumine le salon à travers les rideaux. Mon père semble tout à fait éteint. Il fait du café et reste silencieux. Je n'ai pas dis un mot depuis que je suis réveillé. Je me sens vide et lourd à la fois. Je suis d'une humeur massacrante. Le reste de la journée se fait vraiment pénible, je réalise petit à petit tout ce qui s'est passé hier soir et la douleur qui me déchire est insupportable. Harry va acheter des vienoiseries pour me laisser un peu seul avec mon père mais on ne se parle pas. Quand il revient personne ne mange. Puis j'informe mon père que je rentre dès ce soir à l'académie, la peine que je lit dans ses yeux me conforte dans cette décision. Je ne peux pas rester là avec lui, je reviendrais ce week-end. Mais là j'ai besoin de partir. Si je reste dans cette maison à attendre que maman passe la porte je vais devenir fou. J'ignore les questions d'Harry, j'ai conscience de l'inquiéter mais pour le moment j'essaie de gérer comme je peux. Avant de partir mon père et moi parlons de l'enterrement, il me dit qu'il faut qu'on voit ça tout de suite pendant qu'il est capable de réfléchir correctement, il dit aussi qu'il va s'occuper de tout. Et qu'il m'attends ce week-end avec Harry si il veut. Le poids dans mon cœur s'alourdit encore. J'ai besoin de partir. De retourner à l'académie. Peut-être que là-bas loin de la maison, la mort de maman sera moins réelle. Peut-être que je me sentirais moins oppressé. Je culpabilise de laisser mon père tout seul. Mais il me dit que mon oncle et ma tante vienne pour l'aider à faire les papiers et qu'il comprend que j'ai besoin de partir et que je ne dois pas changer mes habitudes. Je quitte la maison de mon enfance avec Harry et l'impression que plus rien ne sera jamais comme avant.
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Kris Académie
Ficção AdolescenteIls sont 15. 15 des 100 nouveaux élèves de la très prestigieuse Kris Académie, une école pour jeunes artistes surdoués de la mode, de la musique ou encore de l'écriture. Pour eux c'est le commencement d'une nouvelle vie. Au programme de l'année scol...