Mercredi 7 septembre
-Je dois revoir la fin dis-je.
-Oui mais on y est presque, c'est la chanson parfaite.
-Anna tu sais, je voulais te dire...
-Oui...
-J'adore faire de la musique avec toi.
Elle sourit jusqu'aux oreilles.
-Moi aussi. Je suis sûre que tu es le plus doué de l'école en section piano.
-Et toi une future star de la chanson. S'il te plaît n'oublie pas que j'étais le premier pianiste avec qui tu as travaillé lorsque tu seras sous les projecteurs, lui glissais-je d'un ton blagueur.
-Aucune chance. Je crois que j'aurais bien besoin d'un pianiste comme toi sous la main, me dit-elle avec un doigt sous le menton et une expression sérieuse.
Je ris doucement.
J'adorais cette fille.
-Sinon Charlie moi aussi j'ai quelque chose à te dire. Tu es un super compagnon de travail, on s'entend super bien. Tu sais je suis du genre un peu timide mais avec toi il m'est facile de communiquer, c'est sûrement grâce à la musique.
J'aquiesçais, touché.
-Je suis moi aussi du genre timide, tu as du le remarquer, c'est peut-être pour ça que le courant passe bien entre nous. Il est clair que je ne pensais pas vraiment à me faire des amis en venant ici, mais je me suis visiblement trompé.
-Oui, mais tu as Michael n'est-ce-pas ?
-C'est mon meilleur ami.
-Depuis combien de temps vous vous connaissez ? Me demanda-t-elle, la tête dans sa main, visiblement sincèrement curieuse.
-Depuis la maternelle, c'est lui qui est venu me voir. J'étais tout seul à une table et il est venu me voir et voilà !
Elle m'écouta avec attention, un sourire flottant sur ses lèvres.
-Et voilà. C'est marrant on se ressemble pas mal, ça s'est passé à peu près comme ça pour Louise et moi.
-Raconte-moi, je lui demanda.
Elle sourit à nouveau et ne se fit pas prier pour commencer son anecdote.
-J'étais seule dans la cour de récréation et je n'osais pas aller vers les autres filles, Louise a débarqué, elle était seule aussi et elle m'a dit que la salle était ouverte et qu'on avaient le droit d'aller faire de la peinture et des dessins, alors je l'ai suivi et à partir de ce jour là on y allaient tout les jours, bon j'ai bien essayé la peinture mais ça c'est son truc à elle.
Anna agita la main d'un air résigné.
-Moi je préférais chanter. Nous avions six ans.
-Génial ! Et vous n'aviez pas été amies avant ?
-Non Louise était dans une autre école, lorsqu'elle est arrivée, tout s'est éclairé.
-Vous avez une superbe amitié, ça se voit.
-Oui si tu savais, elle est ma lumière. Bon on recommence ? Cette fois ça va être parfait.
-Aller, je suis prêt, dis-je en tapant sur mes cuisses et en me remettant face au piano, plus déterminé que jamais.La voix d'Anna s'éteint dans la pièce et quelques secondes plus tard ce fut au tour des notes de mon piano.
Aussitôt Anna s'écria :
-Ça y est Charlie ! On l'a ! On a réussi.
Je souriais de toutes mes dents.
-Oui c'est parfait comme ça.
-Si avec ça nous n'avons pas un félicité, me dit-elle en levant un doigt.
-Oui je pense qu'on peux le viser.
Nous restâmes comme ça quelques instants, aux anges, contents après toutes ces tentatives d'avoir atteint le résultat qu'on voulait.
Je brisais le silence.
-Tu ne trouves pas ça incroyable ? Ce sentiment de satisfaction quand, après des heures de travail on obtient le résultat voulu ? C'est magique.
-Oui, je suis bien d'accord, c'est un sentiment très agréable...oh...
-Qui a-t-il ?
Elle explosa de rire. Décidément elle n'était plus du tout timide en ma présence. Moi non plus d'ailleurs.
-Eh bien, à l'heure qu'il est on a loupé le dîner, m'annonça-t-elle en gloussant.
Je gloussais aussi en me levant.
-Bon allons voir si il reste quelque chose à manger.
J'hésitais avant de lui tendre la main. Elle leva les yeux vers moi, sa timidité retrouvée, finalement sa main trouva sa place dans la mienne
-D'accord allons-y monsieur Charlie, gloussa-t-elle à son tour.Quelques instants plus tard nous arrivâmes dans le réfectoire. Il était désert... À l'exception d'une des cantinièr, Jeanne, qui était en train de débarrasser des verres sur une grande table. Anna et moi étions à la porte sans trop osez entrer, soudain mal à l'aise d'arriver si tard. Notre timidité revint au gallot.
-Eh bien alors les enfants ne rester pas là, entrez ! C'est vous qui n'avez pas mangé n'est-ce-pas ? Je ne crois pas vous avoir vu. Elle plissa ses yeux bleus bienvellants.
-Charlie et Anna c'est bien ça ?
-Vous connaissez nos prénoms ? Questionna Anna, aussi surprise que moi.
La cantinière rit doucement.
-Et bien oui, ici tout les professeurs et tout le perosnnel qui travaille là connaissent le nom des élèves, avant chaque rentrée il faut avoir mis un nom sur chaque visage qui va arrivé.
-Incroyable, souffla Anna.
-C'est pour le contact humain ma chérie, personne ne doit se sentir isolé ici. Maintenant par pitié entrer dans cette cantine que je vous donne à manger. Nous nous exécutâmes poliment en avançant vers elle.
-Merci...beaucoup c'est très gentil de votre part, on est désolé...on arrive très tard.
J'étais assez mal à l'aise, la cantinière était en train de s'affairer derrière un plan de travail. Alors que je commençais à me demander ce qu'elle fabriquait elle se retourna brusquement avec deux sac en papiers faisant bouger ses boucles, je compris qu'il s'agissait de notre repas. Anna et moi lui prenions des mains en la remerciant.
-Et voilà les enfants, en revanche comme il ne fais pas froid s'il vous plaît allez manger dehors, sur la plage ou sur une table car nous allons faire le grand ménage. Elle nous regarda et soupire.
-Et pour l'amour du ciel enlever moi cette air coupable de votre visage, ça n'est pas grave, vous n'êtes pas les premiers. Ici les élèves on tendance à être pris par la passion de l'art, rigola-t-elle. Aller filez et ne vous faites pas attraper par les surveillants.
Anna sourit et n'osa pas l'appeler par son prénom comme tout le monde le faisait.
-Merci madame Wallace.
-Oh voyons appelle-moi Jeanne, pas de madame, je suis cantinière tout de même.
Je souris encore plus, elle était adorable.
-Jeanne, merci.
-Oui merci beaucoup, ajoutais-je aussi souriant qu'elle.-Alors il est encore loin ce citronnier ?
Je m'arrêtais brusquement et me tournais vers Anna avec mon air le plus sérieux.
-Il s'agit là de mon citronnier "préferé", alors un peu de patience et tu dois me promettre de ne jamais révéler son emplacement à quiconque. Jure-le Anna.
Pour l'encourager je mis une main sur mon cœur et attendis qu'elle fasse de même.
Ses jolies yeux bleus me fixèrent éberlués, puis elle éclata de rire extrêmement fort.
Je ris à mon tour beaucoup plus doucement.
-Eh, moins fort ! On va se faire repérer par Mme.Hadsin, Anna !
Elle riait toujours mais moins fort.
-Je t'ai vraiment pris pour un fou là.
-Ta tête en valait la peine, cela dit...
-Oui ?
-J'étais on ne peu plus sérieux.
Elle soupira un sourire aux lèvres comme si elle s'y attendait.
-D'accord je promets de respecter ce cher citronnier jusqu'à la fin de mes jours. Elle a mis un main sur son cœur, comme moi précédemment. Je souris.
-Parfait, on se remet en route ?
-Et comment ? Tu m'as vendu du rêve avec ton arbre.
Après quelques dizaines de mètres de marche, à travers les jardins nous arrivâmes enfin sous mon citronnier favoris, mon endroit favoris ici.
-D'accord c'est vrai qu'il vaut le detour concèda-t-elle.
-Content que tu partages mon avis, on mange ? Proposais-je en m'assayant dans l'ombre rassurante des feuilles.
-Oui j'ai vraiment faim. Elle croqua délicatement dans sa nourriture avec une rapidité déconcertante. Je l'imitais.
Au bout d'un moment elle me demanda :
-Pourquoi tu aimes tant les citronniers.
-Pour commencer j'adore les citrons, tu sais ils ont à la fois cette douceur et cette acidité, ils sont complexes. J'aime bien les citrons, les citronniers aussi naturellement, je ne sais pas c'est comme ça c'est tout.
-D'accord sourit-t-elle.
-Et toi ? C'est quoi ton fruit préféré.
-Sans hésitation la cerise !
-Ok. Voyant ma réaction elle s'offusqua.
-Quoi attends ! Ne me dis pas que tu n'aimes pas les cerises, c'est impossible !
Je ricanais.
-Si si j'aime les cerises, je trouve juste que ça ne rivalise pas avec les citrons.
-Pff, tu n'y connais rien.Quand je me réveilla le lendemain, la première chose à laquelle je pensa fut à notre dîner sous le citronnier à Anna et moi. Nous avions discuté de fruits, de musique et de tout un tas de choses banales.
Les personnes avec lesquelles il est possible de parler de tout et de rien, de sujets anodins ou sérieux sans s'ennuyer, je trouvais ça vraiment génial. J'avais passé une merveilleuse soirée, nous étions si occupés à parler que nous avions faillit dépasser le couvre feu. Il semblerait que quand nous étions ensemble Anna et moi dépassions le temps.
Ce matin je ne pensais qu'à une chose, à vite me préparer pour aller la retrouver.
Je n'avais pas été de si bonne humeur depuis longtemps. J'étais vraiment bien ici et je n'avais pas la moindre envie de rentrer chez moi avec mon père.
Je comptais bien rester là durant les trois prochaines années avec Michael et avec Anna.
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Kris Académie
Teen FictionIls sont 15. 15 des 100 nouveaux élèves de la très prestigieuse Kris Académie, une école pour jeunes artistes surdoués de la mode, de la musique ou encore de l'écriture. Pour eux c'est le commencement d'une nouvelle vie. Au programme de l'année scol...