꧁ 𝓜𝓮𝓶𝓸𝓻𝓲𝓮𝓼 ꧂
L'amour ne suffit pas toujours. 𝐘𝐮𝐠𝐨 𝐍𝐢𝐬𝐡𝐢𝐦𝐮𝐫𝐚 le savait, mais ce n'est que bien plus tard qu'il l'a compris.
↬ 𝐉𝐞 𝐭'𝐚𝐢𝐦𝐞, 𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐩𝐚𝐬 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐣𝐞 𝐥𝐞 𝐟𝐚𝐢𝐬𝐚𝐢𝐬 𝐚𝐯𝐚𝐧𝐭
La jalousie est son pl...
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You're all I wanted
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- 14 février -
Je ne sais pas exactement à quel moment je suis tombé amoureux d'Ayame Matsuo.
L'instant où elle est véritablement devenue plus qu'une amie à mes yeux, il est assez flou dans ma tête. Notre amitié ne date pas d'hier, et notre complicité non plus. On a toujours été très proches, elle et moi. Déjà gosses, il ne se passait pas une semaine sans qu'on ne se voie.
Dans la plupart de mes souvenirs d'enfance, Matsuo est présente. On a littéralement grandi ensemble. Du coup, parce que j'ai l'impression que je la connais depuis toujours, c'est encore plus difficile pour moi de définir l'instant où mes sentiments à son égard ont commencé à changer. Ou alors, peut-être que je l'ai toujours bien aimé, et que ce n'est qu'après presque dix-sept ans de vie que j'ai enfin compris que ce n'est pas tout à fait de l'amitié.
Je crois que c'est en grande partie ma première année de lycée qui me l'a fait réaliser. Jusqu'alors, on était dans la même école tous deux. Chaque matin, j'allais la chercher chez elle pour qu'on fasse la route ensemble. C'était une sorte de petit rituel que je n'aurais loupé pour rien au monde, parce que de la voir de bon matin - même si elle tirait souvent la tête parce qu'elle passait ses nuits à dessiner plutôt qu'à dormir - ça me mettait toujours de bonne humeur pour la journée.
Sur notre route, après le troisième arrêt du tram pour être exact, on était toujours rejoint par mon meilleur ami, Riyu Atsumi. Lui aussi, je le connais depuis au moins aussi longtemps qu'Ayame, si ce n'est plus.
J'ai toujours été un grand passionné de volleyball, et il se trouve que lui aussi. Enfin, certains diront qu'il est plus modéré que moi à ce sujet, mais passons. Quand j'étais petit, j'avais harcelé mes parents pour qu'ils m'inscrivent aux cours d'été organisés par le club de volleyball de notre cartier. Au début, ils ont refusé, mais j'ai été tellement convaincant qu'ils ont fini par céder. Ils pensaient que je passerais vite à autre chose, sans se douter que plus jamais je ne laisserais le volley quitter ma vie.
C'est donc cet été-là, pendant les heures de club auquel on assistait tous les deux, que j'ai fait la connaissance de celui qui est devenu mon meilleur ami par la suite. Et déjà qu'avoir une passion en commun nous a beaucoup rapprochés, le fait qu'on s'est retrouvés dans la même classe durant la première rentrée de notre vie, ça a définitivement scellé notre amitié.
Durant nos années de collège, on s'est bien évidemment tous les deux inscrit au club de volleyball. Je jouais au poste de passeur, et lui d'attaquant. Je passais des heures à m'entraîner, et sans vouloir me jeter des fleurs, je suis devenu plutôt bon en un rien de temps. Même notre coach de l'époque avait relevé ça, et quand il nous a suggéré, à moi et Atsumi, de rejoindre le lycée Kotodama en raison de la bonne réputation de leur club de volleyball, ça a été une évidence pour moi que je devais aller là-bas.
Ça s'est fait au plus grand malheur de mes parents, qui n'avaient pas réalisé l'étendue de ma passion, mais aussi au plus grand malheur de Matsuo. Elle, elle avait prévu de rejoindre un autre lycée. Elle voulait rester dans la même classe que ses amies, mais surtout, elle voulait rejoindre le prestigieux club d'art de cette école.
Du coup, on a chacun emprunté des voies différentes pour le lycée.
En raison de mes compétences, je suis tout de suite devenu capitaine de l'équipe de volley de Kotodama, avec Atsumi comme vice-capitaine, et Matsuo est très vite devenue la déléguée en chef du club artistique. En soi, ça se passait vraiment bien des deux côtés. Je n'aurais pas pu rêver mieux pour mon entrée au lycée, mais quelque chose me manquait indéniablement.
Le fait de ne plus la voir aussi régulièrement qu'avant, ça a créé un sentiment de vide assez désagréable en moi. Le genre de vide que même ma passion ou mon meilleur ami ne pouvaient combler. Mes camarades de classe ont commencé à me charrier à ce sujet, mais je ne prenais jamais au sérieux leurs plaisanteries. Je n'avais jamais songé à Matsuo d'une autre manière, et ce n'était pas eux qui allaient me faire changer cela.
Pendant le Shogatsu, alors qu'on sortait du temple dans lequel on venait de faire nos prières pour la nouvelle année, j'ai fait part à Matsuo des plaisanteries de mes camarades à son sujet. Je m'attendais à ce que ça la fasse rire elle aussi, mais au lieu de ça, elle a timidement avoué que ses amies faisaient les mêmes réflexions. J'aurais juré l'avoir vu rougir, et ça, ce n'est pas quelque chose qui lui arrive souvent. Après coup, je n'ai pas trop su quoi lui répondre non plus, et cette conversation est restée pendant des jours dans ma tête.
Et puis, quand certaines étudiantes se déclaraient à moi, c'est le visage d'une jolie brune aux yeux vert olive qui a commencé à me venir constamment à l'esprit, et je me suis surpris à penser que si c'était elle qui me dévoilait ses sentiments, l'idée de la repousser comme je le faisais avec toutes mes prétendantes ne me serait même pas venue à l'esprit. C'est alors que j'ai compris.
Compris que j'étais tombé amoureux de mon amie d'enfance.
Mais avant que je ne trouve le temps de me déclarer à Matsuo, la St Valentin est arrivée et c'est elle qui a fait le premier pas. Ça s'est passé pas plus tard qu'il y a une heure, alors que je m'apprêtais simplement à rentrer chez moi après l'entrainement. Matsuo m'attendait à la sortie comme bien souvent, quoique l'air un peu plus stressé et le regard plus déterminé que d'habitude, mais j'étais bien loin de me douter de ce qui allait suivre.
Au Japon, ce sont – que - les femmes qui offrent des chocolats – Honmei - à ceux pour qui elles éprouvent des sentiments durant la St Valentin, et c'est exactement ce qu'elle a fait aujourd'hui. Elle m'a tendu une boîte soigneusement emballée de mes chocolats préférés, et s'est sans même bégayer une seule fois qu'elle m'a avoué ce qu'elle avait sur le cœur.
De toutes les boîtes que j'ai reçues au cours de ce jour si spécial, la sienne est celle qui m'a sans contester rendu le plus heureux. Et être heureux, c'est ce que je pensais naïvement toujours ressentir avec une petite amie comme Ayame Matsuo à mes côtés.
Je lui ai promis de l'aimer pour le meilleur et pour le pire, mais je ne me doutais pas que c'est surtout au pire que j'allais avoir droit.
