Avoir la moindre impression du temps qui passe semblait être une chose impossible. Par moments, il percevait un brouhaha vague, indistinct. Parfois, il avait l'impression de bouger, mais il n'avait aucune notion de son propre corps donc c'était assez étrange. Toute réalité semblait devenir absurde et abstraite. Il avait juste l'impression de flotter dans de la gelée.
Son seul point de repère était les éclairs qui revenaient. Sa voix perçait les ténèbres. Sa main sur son épaule, sur son mollet, sur son poignet. La sensation se répétait encore et encore de façon aléatoire.
Puis les éclairs revinrent mais le contact avait l'air de ne plus vouloir s'arrêter. Mieux encore, cela se dispersait à tout son corps. Son dos, son ventre, ses hanches. Et la voix l'appelait de nouveau. C'était tellement merveilleux d'avoir de nouveau conscience de soi. Alors, Stiles se concentra. Plus qu'il ne l'avait sûrement jamais fait. Il reconnaissait certains mots. Il reconnaissait une phrase, puis deux.
- Stiles, réponds-moi, s'il te plaît. On a besoin que tu te réveilles. S'il te plaît... S'il te plaît...
Cela ressemblait à une litanie, une prière. Encore et encore.
Il reprenait pied petit à petit. Il se sentait tenu dans une étreinte forte, bercé de gauche à droite doucement. Il sentait contre son cou le souffle de la personne qui le tenait contre son torse.
- Stiles, réponds-moi, s'il te plaît...
Encore et encore. Il aimait tellement cette sensation et cette voix qui le rassurait qu'il ne pensa pas tout de suite à répondre. Il profitait et voulait profiter encore, mais alors que ce qui l'entourait devenait de plus en plus tangible, il perçut un tremblement, un léger sanglot dans la mélopée qui le berçait. Cela lui fit un pincement au cœur. Il resserra alors ces bras autour de ceux qui l'entouraient. Cela fit cesser le souffle dans son dos. Il serra encore une fois. C'est la seule chose qu'il se sentait la force de faire.
- Stiles ? Stiles ?
- Mghfelkjsdiqdcn
Faire des mots n'était pas encore possible, mais il avait au moins pu se faire entendre. L'étreinte se fit plus forte autour de lui. Il pouvait entendre la voix murmurer
- Merci mon dieu, merci .
Mais quand les bras voulurent le lâcher, Stiles sentit la panique monter en lui. Après être resté si longtemps sans la moindre sensation, cette soudaine perspective de ne plus être dans ses bras semblait insurmontable. Venu de nulle part, un petit cri déchira ses poumons en même temps qu'il s'agrippa désespérément aux bras encore autour de lui
- Non !
- Je suis là. Je reste là, je ne te lâche pas
Et aussi simple que ça, l'horrible sensation s'évanouit pour laisser place à une vague de bonheur. Il est là, tout va bien. Isaac est là.
- Stiles, tu peux ouvrir les yeux pour moi, s'il te plaît ? Je reste là, mais j'ai besoin de savoir que tu vas bien.
Il y avait tellement d'espoir dans cette demande que Stiles fit tout ce qu'il put pour y répondre. Il lui semblait que plus les secondes s'écoulaient et plus son énergie remontait. Petit à petit. Comme des grains de sable dans un sablier mais c'était déjà ça. Il arriva à papillonner des yeux quelques instants avant que sa vision ne se stabilise. Il reconnut le loft. Il faisait plutôt sombre. Un peu de lumière parvenait des éclairages de rue. Il y avait aussi une lampe d'appoint sur la table basse à ses pieds. Il faisait nuit, il n'avait pas dû être inconscient très longtemps. Son cerveau se remit en marche doucement. Il analysa la situation. Ils étaient seuls dans le loft, couchés sur le gros canapé de Derek, coincé confortablement dans les bras l'un de l'autre. Bien. C'est normal. Rien de surprenant là-dedans. Un peu quand même. Un peu beaucoup. Mais c'était bien.
- Qu'est ce que...
Les mots reprenaient leur sens. Encore quelques efforts et il pourrait faire une phrase complète.
- Comment...
Sa voix croassait encore pas mal. Sa gorge était douloureuse. Il avait soif.
- Pourquoi...
Ok, ce n'était décidément pas des phrases, mais l'intention était là, non ?
- On n'en sait rien. Tu t'es effondré dans le hall, il y a trois jours. On n'arrivait pas à te réveiller. Deaton a essayé, Lydia aussi. On planche sur toutes les pistes possibles. On ne comprend pas ce qui se passe.
- Trois jours ?
- Oui, les autres sont rentrés dormir un peu. Derek est dans sa chambre. Tu veux que j'appelle quelqu'un ? Scott, Lydia ?
- Non, reste...
- Je ne vais nulle part, promis
- J'ai... mmm... j'ai... soif
- Oui, bien sur. Il y a un verre d'eau sur la table. Je vais devoir te lâcher pour l'attraper
- Non, non, s'il te plaît
- Je ne m'en vais pas Stiles, je reste là, je te l'ai promis
- Oui... ok
- Appuies- toi sur le bras du canapé. Je vais m'asseoir juste à coté de toi pour t'aider à boire
C'est exactement ce qu'il fit. Doucement pour ne pas l'effrayer, il se déplaça pour sortir du canapé. Mais au moment où Isaac se dégagea pour saisir le verre, Stiles fut pris de frissons tellement violent qu'il eut l'impression de ça lui déchirait la peau. Il n'arriva pas à stopper le gémissement de douleur qui s'échappait de sa gorge. Il se sentit vide de nouveau, prêt à retomber dans les ténèbres. Mais la main de son ami ne le lâchait pas et le maintenait dans cette réalité. Son gémissement n'avait pas échappé à Isaac qui le regardait légèrement/beaucoup paniqué.
- Ça va ? Qu'est ce qui se passe ? Tu as mal quelque part?
- ... bras...
- Où ça, aux bras ?
- ... Non... argh... tes bras
- Oh ! Oui, viens
Stiles ne comprenait pas vraiment les mouvements que faisait son corps sous la direction d'Isaac. Il se sentait un peu comme une marionnette. Il se laissait porter par le loup en toute confiance. Et par une étrange suite de mouvements, il se retrouva à genoux, enroulé façon koala au torse d'Isaac qui le tenait fermement sous son bras alors qu'il venait de récupérer le fameux verre d'eau sur la table en face d'eux.
- C'est mieux ?
- Oui. Merci
- Pas de soucis. Allez, encore un effort, je tiens le verre. Bois doucement
Stiles se dit un instant qu'il était au paradis. L'eau qui glissait dans sa gorge était la meilleure chose qu'il n'avait jamais bue. Le sentiment de sécurité qu'il ressentait à cet instant était tellement puissant qu'il aurait pu pleurer s'il n'était pas épuisé.
- C'est mieux comme ça ?
- Oui, merci Isaac
- Tu as faim ? Tu veux que je t'apporte un truc à manger ?- Pas tout de suite. Trop fatigué
- Ok. Reposes toi un peu
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Malédiction
FanfictionStiles s'effondre dans la rue, touché par une malédiction. Il parvient à rejoindre la meute pour y trouver de l'aide mais perd connaissance avant d'avoir pu leurs expliquer son état. Cette histoire devait être un petit OS, mais les choses ont un peu...