Chapitre 9

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Ils étaient sagement allongés sur le lit de Stiles, tellement imbriqués l'un dans l'autre qu'il était difficile de savoir où commençait l'un et où terminait l'autre. Ils profitaient simplement de la présence de l'autre, dans le calme. Ils n'avaient pas eu de nouvelles de la meute, qui pour la toute première fois depuis sa création, semblait avoir compris leur besoin d'intimité.

Pour une fois, Stiles avait l'impression de vraiment pouvoir se poser et se reposer. Ça semblait contradictoire, vu la situation. Peut-être parce que c'était lui qui était au centre de leurs problèmes. Il n'avait pas à s'inquiéter pour l'un des membres de sa famille. Et puis, surtout, surtout, il était exactement là où il voulait être. Où il devait être.

Après un très léger bâillement, Isaac amorça la conversation qu'ils repoussaient depuis plusieurs heures, depuis que Deaton leur avait donné ses conclusions.

- T'en penses quoi, de tout ça ?
- Je sais pas... je suis mitigé...
- Mitigé ?
- Ouais... d'un côté, j'en veux à cette fille. Elle a bien failli me tuer. Si tu n'avais pas été là...
- Mais j'étais là, justement.
- Oui, et c'est bien ce qui prend le plus de place, pour moi...
- Je suis encombrant ? Ben merci...
- Haha, tu sais bien que ce n'est pas ce que je voulais dire.

Stiles se redressa sur son coude et posa son menton contre le torse d'Isaac, se plongeant dans ses magnifiques yeux bleus.

- Sans cette histoire, je ne sais pas si j'aurais eu le courage de...
- Je pense que j'aurais fini par te proposer d'aller boire un café.
- Oui, et j'aurais sans doute décliné, prétextant être trop occupé ou une autre connerie du même genre !
- Finalement, c'est un mal pour un bien.

Tout dans la situation leur semblait tellement simple et naturel. Peut-être que l'excitation d'un début de relation était atténué par cette obligation de contact permanent, mais finalement, ça leur permettait aussi de prendre le temps de se redécouvrir autrement. Aussi étrange que cela puisse paraître, cela leur convenait. Ce n'était finalement pas plus insolite que bien des évènements qu'ils avaient vécus. Malgré tout, un détail chagrinait un peu Stiles.


- J'aurais juste préféré éviter certaines situations avant même de pouvoir t'embrasser pour la première fois...
- Perso, j'ai bien aimé prendre une douche avec toi ! D'ailleurs, on recommence quand tu veux.
- Cette partie était agréable, c'est certain. J'aurais juste préféré garder un peu de... Enfin, de mystère, tu vois, quoi ?
- Tu trouves sans doute que de devoir céder à nos besoins physiologiques en présence de l'autre était un peu prématuré ?
- oui, voilà, j'aurais préféré que tu ne doives pas m'accompagner aux toilettes !
- Haha ! Écoute, je pense qu'entre ça et la conversation qu'on a eue tout à l'heure, on a coché pas mal de points sur la liste des trucs embarrassants ou compliqués. Ça devrait nous faciliter la tâche pour plus tard. On ne devrait pas avoir de soucis pour communiquer.
- Ouais... On va essayer de voir le bon côté des choses...

Stiles reprit sa contemplation quelques instants avant de se rapprocher un peu pour poser un léger baiser sur les lèvres de son loup.

- Donc, pour répondre à ta question, je suis plutôt heureux, à l'heure actuelle.
- Moi aussi.

C'était agréable, doux et calme. Ils étaient tellement à l'aise l'un avec l'autre ! Il n'y avait pas d'inconfort, ni de gène. Isaac faisait courir distraitement le bout de ses doigts sur les avants bras de Stiles.

- Et pour ce que Deaton a dit, à propos de la revendication ?
- Honnêtement ? Ça me fait chier, en fait ?
- Que je doive...
- Non, c'est pas ça... Avant toute cette histoire, je me faisais des films dans ma petite tête, tu vois? J'imaginais notre premier rendez-vous, puis notre premier baiser, notre première fois, puis quand on l'aurait décidé tous les deux, la revendication...
- Et là, on n'a pas le choix...
- Exactement. On se retrouve obligé de faire les choses dans l'urgence, sans pouvoir le décider. C'est ça qui me fait chier.
- On peut attendre un peu. Je veux dire, c'est loin d'être désagréable. J'adore être collé à toi. On peut temporiser, au moins le temps que Deaton ait plus d'infos.
- Je suppose qu'on peut toujours attendre un peu pour la revendication. Et puis si ça tombe, comme le disait Deaton, « consommer notre relation » pourrait être suffisant...
- On laisse les choses se faire, rien ne presse...

Leurs positions restaient les mêmes, leurs gestes aussi, pourtant quelque chose venait de rendre l'atmosphère électrique. Cette discussion les menait vers autre chose de plus intime et ça les rendait tout à coup nerveux.

- J'ai très envie de faire l'amour avec toi... c'est juste que...

- T'es puceau ?

- Non, je veux dire, j'ai couché avec Malia et Lydia, mais je...

- T'as jamais couché avec un mec...

- Tu savais que je suis sortis avec Derek ?

Cette information, venue de nulle part, fit sursauter Isaac. Imaginer une seule seconde son Alpha et son âme sœur lui retourna l'estomac. Il se força à rester calme et à ne pas exploser sous le coup de la jalousie. Il respira un grand coup avant de répondre.

- Non, il ne m'en a jamais parlé

- Ça n'a pas duré longtemps. Quelques semaines. On s'est embrassé, on s'est caressés, mais on n'a pas...

- Vous n'avez pas couché ensemble...

Isaac sentit la jalousie s'évanouir comme neige au soleil. Il avait conscience que sa réaction était ridicule. Une relation sexuelle ne définirait jamais l'importance d'une relation, mais quand ça concernait Stiles, il perdait tout sens commun. Puis en toute honnêteté, être comparé à son ancien Alpha... il ne se sentait pas à la hauteur.

- C'est ça... Et toi ?

- Avec Derek ?

- Haha, arête tes conneries !

- Désolé. Oui, après Alison, j'ai mis pas mal de temps avant de fréquenter quelqu'un. Puis je suis sorti quelques mois avec un mec quand j'étais en France.

- Ok, t'as plus d'expérience que moi donc...

- Ça t'embête ?

- Non, ça me rassure, je crois. Au moins un de nous sait ce qu'il fait. Enfin, je veux dire, théoriquement, je sais comment ça marche, mais bon...

- T'inquiète, je comprends.

Les caresses d'Isaac ne s'arrêtaient pas mais elles se modifiaient légèrement. Légèrement plus appuyées. Légèrement plus lentes. Elles couvraient Stiles de frissons.

- On peut regarder un film, si tu veux.
- Non
- Y'a pas d'urgence.
- Y'a pas d'urgence...

En même temps qu'il prononçait ces mots, Stiles se redressa pour enlever son t-shirt. Il ne quittait pas Isaac des yeux, l'invitant à l'imiter, ce que le loup fit avec empressement. Il posa la main sur le torse du bouclé et profita de cet appui pour s'asseoir à califourchon sur les jambes du jeune homme. Il fit courir ses mains sur la peau nue du torse d'Isaac, retraçant les courbes de ses pectoraux puis de son ventre, admirant avec fascination sa peau cuivrée se couvrir de frissons. Ce spectacle tant fantasmé l'hypnotisait. Sans plus y réfléchir, il se pencha pour déposer des baisers là où il avait toujours voulu le faire : dans le cou, le long de la clavicule, à la naissance des pectoraux, puis il poursuivit sa descente, s'attardant sur la pointe de ses tétons.

Les mains d'Isaac descendirent du bas de ses reins vers ses fesses. Cette caresse rapprocha encore leurs deux corps. Stiles se redressa pour capturer les lèvres de son loup. Il ne pensait pas pouvoir un jour se lasser de ça : le goût sur sa langue, la douceur sur ses lèvres.

Les deux hommes attendaient cet instant depuis tellement d'années, sans espoir de le voir se produire, qu'ils perdaient toute retenue. Ils posaient leurs mains et leurs lèvres sur chaque morceau de peau disponible. Si du tissu entravait leur progression, ils écartaient le vêtement incriminé avec détermination et maladresse.

Enfin, ils se retrouvèrent peau contre peau, leurs sexes dressés l'un contre l'autre. Ils étaient haletants, l'air autour d'eux semblable à un brasier.

- Lubrifiant ?
- Salle de bain

MalédictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant