Stiles était fatigué.
Genre vraiment exténué.
Il devait depuis plusieurs mois jongler entre son poste d'adjoint au bureau du shérif, un cursus de droit et psycho-criminalité qu'il suivait à distance et ses obligations envers la meute. Il voyait aussi régulièrement Deaton pour prendre sa relève le jour J. Ses journées, ses soirées et parfois même ses nuits, étaient vraiment chargées, alors autant dire qu'il n'avait que très peu de temps à consacrer à sa vie sentimentale. Malheureusement, cet état de fait entraînait toutes sortes de rêves interdit aux moins de 18 ans. Ses nuits étaient donc loin d'être reposantes. Il avait de plus en plus souvent l'impression de se réveiller plus fatigué qu'il ne s'était couché.
Cette fatigue commençait aussi à lui provoquer des hallucinations. De petites choses dans un premier temps, pas de quoi s'alarmer. Mais dans son métier, ce n'était pas toujours facile à gérer. Il avait parfois eu du mal à déterminer s'il rêvait ou s'il était réveillé. Cette partie l'avait fait légèrement paniquer, lui rappelant un peu trop sa cohabitation forcée avec le nogitsune. Mais Deaton l'avait rassuré, rien à signaler de ce côté. Juste cette satanée fatigue qui lui collait au corps. Le vétérinaire l'avait mis en garde et l'avait conjuré de se reposer. Stiles avait promis puis avait repris son train de vie infernal. Parce que malgré tout, il aimait sa vie, les choix qu'il avait faits, la famille qu'il s'était construite.
Il était tellement fatigué et il avait l'impression que sa fatigue commençait à affecter sa chère et fidèle Roscoe. Il l'avait faite complètement réparé avec son premier salaire et ils avaient ainsi filé le parfait amour pendant presque 3 ans, mais cette lune de miel semblait toucher à sa faim. La plus si jeune fille avait très souvent des ratés au démarrage et crachotait beaucoup quand il s'arrêtait à un feu rouge. Bien qu'il se jurait de le faire, il n'avait pas encore été la faire ausculter. Simplement, le temps lui manquait.
Ce soir-là, en sortant du poste, Stiles avait en tête le travail de sociologie qu'il devait absolument rendre pour la fin de semaine. Il avait déjà rassemblé pas mal de docs mais n'avait pas encore écrit le moindre mot. S'il arrivait à écourter la réunion du soir, il pourrait commencer. Oui, ça serait pas mal. Le monde surnaturel étant plutôt calme pour le moment, il pensait la chose faisable.
Mais bien évidemment, les choses ne se passent jamais comme on l'espère. Alors que la nuit était déjà bien tombée sur Beacon Hills, Stiles sentit Roscoe se mettre à ralentir. Elle se mit à tousser un peu et finit par s'arrêter.
-Et merde !
Après quelques coups de frustration donnés sur le volant et une flopée d'injures envers celui ou celle qui s'entêtait à lui rendre la vie impossible, il se décida à sortir pour jeter un coup d'œil dans les entrailles de sa belle tout en se jurant de prendre rendez vous chez son garagiste au plus vite.
Dès qu'il posa le pied au sol, des frissons lui parcoururent la nuque. Il ne faisait pas si froid pourtant. Le mois d'octobre venait à peine de commencer et les températures n'avaient pas encore chuté. Il se trouvait sur un tronçon de route assez isolé, mais malgré tout éclairé par quelques lampadaires publics. Donc, bien que son instinct lui hurlait d'être sur ses gardes, Stiles mis ses inquiétudes sur le dos de la fatigue.
Il ne dut faire que quelques pas avant de sursauter. Une silhouette se tenait à quelques mètres de lui. Il se tourna pour lui faire face, la main sur le cœur dans une vaine tentative de se calmer. Il prit quelques secondes pour observer la personne devant lui. C'était une jeune femme, il avait l'impression de la connaître, mais n'arrivait plus à la situer. Alors qu'il s'apprêtait à lui parler, elle se mit à psalmodier en levant les deux paumes de ses mains vers lui.
Patere
Patere
Patere
Cordem meum rupisti
Maledicta animae socios est super te
Patere
Patere
Patere
Plus elle répétait ces mots, plus sa voix semblait gronder à l'intérieur même du crâne de Stiles. La sensation était horrible. Le jeune homme se tenait la tête en criant. Chacune de ses terminaisons nerveuses le brûlaient, ses organes se tordaient dans son corps, son cerveau était en fusion. Il avait l'impression que cette torture durait depuis des heures quand tout à coup, la voix s'arrêta. Quand il tourna la tête vers sa tortionnaire, il n'y avait plus personne. Il était seul au milieu de la route, à quatre pattes sur le bitume. Il crut un moment avoir encore halluciné, mais la douleur qui parcourait toujours chacun de ses muscles lui disait le contraire.
Il lui fallut quelques minutes pour reprendre réellement ses esprits. En voulant se relever, il se rendit compte de la faiblesse dans ses jambes. Sa tête lui faisait toujours un mal de chien. Sa vue se brouillait un peu. Il se sentait sur le point de rendre ses tripes sur l'asphalte. Rassemblant ses dernières pensées cohérentes, il se dirigea d'un pas chancelant vers le loft de Derek où la meute devait l'attendre pour la réunion du soir.
Il buttait à chaque pas, le trajet lui semblait tellement plus long que d'habitude, le trottoir comme semé d'embûches. Il était de plus en plus faible mais savait qu'il se rapprochait de son but. Il espérait juste pouvoir être secouru à temps.
Il s'accrocha aussi longtemps que possible. Son énergie remonta un tout petit peu quand il arriva en bas des escaliers du loft. En prenant appui sur le mur de béton, il progressait lentement. Il trébuchait de plus en plus, chaque marche était un calvaire. Quand il arriva enfin sur le palier, son souffle lui manqua et il s'effondra. Il ne pouvait pas aller plus loin. Dans un dernier effort, il appela la seule personne qui était en permanence dans son esprit, la personne qui hantait ses rêves encore et encore.
Il sentit vaguement son corps être déplacé. Il se surprit à penser qu'il était toujours vivant en fin de compte. Il y avait du bruit et du mouvement autour de lui, mais c'était trop vague, son cerveau semblait être en coton.
Tout à coup, un mouvement se fit plus vivace que le reste, comme un éclair à travers le brouillard, puis cela s'arrêta brusquement. Et cela recommença, une fois, deux fois, puis assez de fois pour que quelques uns de ses neurones se reconnectent et fassent papillonner ses yeux. À travers les nuages qui flottaient toujours dans son cerveau, Stiles entendit sa voix. Uniquement sa voix. Il se raccrocha à ça. Une balise dans la nuit. Il mit toute sa volonté à lui répondre, à lui faire savoir qu'il l'entendait. Il dut s'y reprendre à plusieurs fois, mais il résista à la frustration.- Isaac
Il lui sembla que sa voix ressemblait plus qu'à un croassement qu'à autre chose, un chuchotement bizarre.
- Stiles ? Tu vas bien ?
Il serra de toutes les forces qui lui restait la main qui provoquait ces décharges électriques dans son corps. Il serra encore et encore pour lutter contre l'engourdissement qui l'engloutissait de nouveau mais son corps le trahit et il se sentit de nouveau sombrer.
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Malédiction
FanficStiles s'effondre dans la rue, touché par une malédiction. Il parvient à rejoindre la meute pour y trouver de l'aide mais perd connaissance avant d'avoir pu leurs expliquer son état. Cette histoire devait être un petit OS, mais les choses ont un peu...