On est restés à moitié

« Il est si beau que ça en devient ecoeurant »

J'ai besoin de savoir ce qu'il se passe entre nous. J'ai besoin de comprendre.
Le jour va bientôt se lever et après avoir fais les 100 pas, je décide d'aller chez lui.
J'ai entendu dire qu'il vivait entre la maison de ses parents et l'appartement de sa sœur. Mais comme elle vient d'avoir un enfant, je préfère tenter ma chance chez ses parents. Il n'irait pas déranger sa sœur, Emma, au beau milieu de la nuit.
Quand il a quitté la soirée, il devait être minuit, depuis avec les filles on a passé un moment sur la plage et vers 2h00 du matin, on est rentré chez moi.
Mymy s'est endormie tout de suite, Manon n'a pas tardé à la suivre. Je suis restée éveillée, les yeux rivés sur le plafond à me repasser la soirée en tête.
Il fallait que je comprenne.

C'est comme ça que je me suis retrouvée devant la maison de ses parents.
J'essaie de deviner quelle fenêtre  est la sienne pour lui faire un signal, n'importe lequel. Je suis prise d'un sentiment de gêne et de panique, alors je préfère lui envoyer un message.

Je lui demande de sortir car j'ai besoin de lui parler. Peut être qu'il dort, il est si tard, il va se dire que je suis folle de débarquer sans prévenir ...
« je suis à l'arrière de la maison, près du cabanon. Rejoins-moi »

Il ne dort pas et il accepte de me voir. Bon maintenant, c'est à toi de jouer Sarah.  Tu prends ton courage à deux mains et tu repars d'ici avec des réponses ! Ça ne doit pas être si compliqué d'obtenir quelque chose de lui tout de même.

Je m'avance vers le cabanon, le jour commence à se lever et je l'aperçois, assis sur la rambarde, penché en avant fumant une cigarette.
Il est si beau que ça en devient écœurant.

Et quand je me surprend à recourber ma lèvre supérieure,
J'arrive encore à sentir le goût  de ses baisés
Moi qui déteste les saveurs iodés, je me noierai  volontiers dans plusieurs océans juste pour encore y goûter.

J'arrive à sa hauteur, il ne se retourne pas pour me saluer, son attitude est distante et froide. Je suis à nouveau prise d'un sentiment de gêne mais je décide de trouver le courage de lui dire les choses :
« Je sais que tu ne ressens rien pour moi, et je sais aussi que ce jeu t'amuse. Je sais pas exactement pourquoi tu fais ce que tu fais et quel plaisir tu en retire mais je suis venu te dire que moi ça ne m'amusait pas. Ne t'approches plus de moi.
N'essaie pas de me toucher. N'essaie pas de m'embrasser. Ne rêves pas de moi. Ne penses pas à moi. Ne m'écris pas. Ne me regarde pas.
Je n'ai pas besoin de ça dans ma vie. Je n'ai pas envie de toi dans ma vie. »
Mon coeur bat vite et mes mains tremblent un peu. Je ressens tellement de chose à la fois mais je suis avant tout contente d'avoir réussi à dire ce que je voulais.
Il ne se retourne pas, je fais demi tour, furieuse d'avoir été vulnérable face à lui.
J'avance vers l'entrée de la maison, je me surprend même à presque courir. En quelques pas, il me rattrape, me plaque contre le muret de la maison et m'embrasse. Je me surprend à lui rendre son baiser, alors qu'il y a encore un instant, je lui demandais explicitement de ne plus me toucher. Quelle idiote tu fais Sarah...

« Tu commences à avoir des sentiments pour moi ? » me demande Adam en glissant sa main entre mes cuisses.

Je suis prise d'un frisson intense qui me traverse tout le corps. Je sens la chaleur me monter au visage.

« Non » dis-je d'une voix qui j'espère évoque l'indifférence.

Il plonge son regard dans le mien, et avec sa main remonte délicatement le long de ma cuisse avant d'arriver à mon entrejambe.
J'essaie tant bien que mal d'éviter son regard mais à chaque fois que je tourne la tête sur le côté, avec sa main libre, il me tourne à nouveau vers lui. que je peine à masquer la peur qu'il puisse lire en moi.

Ses mains sur ma nuque, il se redresse légèrement, m'observe et repart plus vite, plus fort.

« Tant mieux » lâche-t-il dans un souffle lent.
Comme j'aimerai ne pas ressentir ce que je ressens à ce moment précis mais plus il réalise des mouvements de va-et-vient avec sa main, moins je n'arrive à cacher le désir que j'éprouve pour lui.

« Arrête ça Adam » mon souffle est saccadé et ma voix enrouée, c'est comme si je me sortais d'un moment hors du temps et qu'il fallait revenir à la réalité.
De ma main, j'attrape la sienne et la glisse le long de son corps. Il ne dit rien et me laisse faire. Nos mains restent entremêlées.
On se regarde pendant un court instant, il me paraît interminable.
Il hoche la tête comme pour acquiescer d'une vérité gardée silencieuse.

« Bonne nuit Ariel » sur ces mots, il lâche ma main et entre chez lui.

Je reste quelques minutes, debout adossée au muret, juste le temps de m'en remettre, juste le temps de comprendre ce qui vient d'arriver.
Le soleil ne s'est pas encore totalement levé mais il fait déjà bien jour.
Je dois reprendre mes esprits et rentrer chez moi.
Sur la route, je suis frappée d'une réalisation; Manon et Mymy j'espère qu'elles ne sont pas réveillées !!