Soulevant une gerbe de poussière, Wade arrêta sa course devant le grand chêne qui marquait l'entrée Sud d'Ewilem. Il baissa la tête pour permettre à sa passagère de descendre. Elv sauta alors de son crâne et fit quelques bonds sur le sol pour détendre sa colonne vertébrale.
« C'était génial ! Je me prosterne maître Wade. Vous êtes le fauve le plus rapide de cette contrée ! »
Et elle s'inclina comme une princesse, posant son museau contre le sol. Wade sourit et savoura le compliment. Ils passèrent le barrage des gardes, mais avant de s'enfoncer plus profondément dans la capitale, il proposa :
« Si tu n'as rien de prévu, on pourrait aller boire un verre ? Je voudrais juste passer chez moi avant, pour prendre quelques fringues. Tu veux m'accompagner ? »
La nudité n'avait pas beaucoup d'importance pour les changeurs dont le port de vêtements permettait simplement de combler l'absence de fourrure. Mais outre cet aspect, beaucoup d'individus, en fonction de leur éducation et de leur personnalité, prenaient plaisir à se vêtir. Les vieilles tenues de l'ancienne civilisation continuaient de passer de mains en mains et d'habiller les formes humaines, mais beaucoup préféraient les vêtements amples et larges qui leur permettaient de se transformer à leur guise.
La proposition ravit la jeune fille au plus haut point. Voilà des semaines qu'elle vagabondait seule entre Ragnok et Ewilem sans trouver de compagnie agréable. Elle ne sut poser des mots sur ces sentiments, mais sur cette plage, Wade lui avait tapé dans l'œil. Elv se dressa sur ses pattes arrière, droite comme un I.
« Allons-y ! »
Ils remontèrent tout le Sud de la ville afin d'atterrir dans l'Amarok, le quartier festif. Cet arrondissement battait des records en terme de nombre de bars, de scènes pour les artistes et surtout, de litres de boisson consommés à la journée. Les deux changeurs remontèrent la grande rue pour atteindre la partie plus résidentielle, adjacente au quartier du Tarasque. Le sourire de Wade prit une teinte arrogante.
C'était une des bâtisses luxueuses du Nord de la ville. L'imposante maison qui les surplombait était en bois de chêne, ouverte sur le monde par de grandes fenêtres. On y entrait par une estrade de quelques marches qui permettait au bâtiment de prendre de la hauteur avant de venir recouvrir le porche. Pas peu fier, Wade poussa la lourde porte en bois massif et entra. Le salon était très grand. Il y avait sur le côté la cuisine, derrière la salle de bain et plus au fond la chambre surélevée d'un niveau. La hauteur de plafond satisfaisait toutes les formes animales et le tout était richement décoré et sculpté dans du bois précieux. Bien exposée, le soleil y pénétrait pour éclairer le tout qui aurait pu être somptueux. En réalité, c'était un véritable capharnaüm.
Des vêtements ainsi que des armes et toute sorte d'objets trainaient sur le sol. Il y en avait dans tous les coins, cassant le prestige de l'édifice. Wade se fraya un chemin en dégageant les choses du bout des griffes.
Derrière lui, Elv demeura bouche bée : il n'était pas n'importe qui. Peu de gens pouvaient se vanter de s'offrir d'aussi belles maisons. Le suivant dans le salon, elle sauta par-dessus les affaires encombrant la pièce sans y faire vraiment attention. Elle était bien plus absorbée par le vaste espace qu'offrait le bâtiment. Ses yeux se posaient sur le bois précieux, les moulures, les tissus luxueux...
Pendant que Wade disparaissait vers sa chambre, Elv valsait dans toute la pièce comme une enfant dans une boutique de jouets. Elle se penchait sur les divers objets, s'attardait sur le panel d'armes posées çà et là, passait ses griffes sur le bois minutieusement sculpté. Elle aurait pu passer des heures à observer cette caverne aux merveilles et à déterrer des trésors tous plus fabuleux les uns que les autres.
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Legend of Shapeshifters (T1)
Science FictionDans un monde où l'Humanité a disparu, de nouveaux êtres se battent pour survivre. Ce sont les changeurs, métamorphes rassemblés en société primaire où formes humaines et animales se côtoient, s'aiment comme se haïssent. En l'an 53 après la grande t...