Fuite

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Le buisson dans lequel je me terrais cachait quelques détails de l'impressionnante bâtisse qui me surplombait de toute sa hauteur, mais je connaissais ses façades grise par cœur et jamais je n'aurais cru vouloir y retourner.

Cela faisait maintenant 3 semaines que je tournais autour de cette immense brique de béton, me trouvant régulièrement de nouvelles cachettes pour éviter de me faire repérer.

Et Dieu seul sait combien de fois, j'étais passé au bord de l'apoplexie quand les gardes passait devant moi avec leurs molosses à bout de laisse. Même si je savais qu'ils ne pouvaient pas me trouver ni me voir si je ne le voulais pas j'étais toujours terriblement inquiet, car c'était tout autre chose pour leur chien.

J'étouffais un juron lorsque l'un desdits gardes s'arrêta devant mon buisson pour fumer. S'il ne pouvait pas me voir moi si, et en l'occurrence il me bouchait la vue.

Le garde finit tout de même par s'en aller, non sans avoir jeté son mégot encore fumant à dix centimètres de mon nez. J'ai horreur de l'odeur du tabac et cet imbécile risquait de mettre le feu à toute la végétation environnante et je me trouvais justement en pleine végétation environnante. Je dus donc prendre sur moi pour ne pas lui sauter dessus et lui passer un savon, mais je savais que je ne faisais pas le poids face au canidé. À sa démarche dandinante on devinait aisément que le garde souffrait d'un "léger" surpoids, je n'aurais donc eu aucun mal à m'en débarrasser. Le chien, c'était une autre affaire. Je n'aime pas faire de mal aux animaux.

Malheureusement, je devais m'en tenir au plan. Je devais attendre ce signal qui ne venait pas pour pouvoir m'infiltrer dans le bâtiment par une fenêtre de l'aile ouest, la plus reculée, et donc celle où j'aurais le plus de chance de passer inaperçu, mais aussi celle la plus éloignée de mon objectif.

Heureusement, quelques jours plus tôt, j'avais réussi à rentrer en contact avec un des chercheurs de l'aile est qui a accepté de m'aider et c'était son signal que j'attendais depuis bientôt deux heures dans le froid et sous une fine bruine. De plus depuis un quart d'heure je ne sentais plus le bas de mon corps ce qui était mauvais signe. Il fallait que je bouge, maintenant ou je ne serais pas assez réactif quand ce foutu signal apparaîtra.

Je commençais donc à ramper à reculons en faisant le moins de bruit possible et en désactivant ma tenue de camouflage quand une lumière s'alluma soudainement devant moi. Je levais doucement la tête jusqu'à voir les pointes lustrées de chaussures en cuir, puis un pantalon à pinces noir et le bas blanc d'une blouse de médecin ouverte, laissant apercevoir un polo vert pour enfin distinguer un sourie goguenard mais inoffensif. Je soupirais de soulagement.

"Qu'est-ce qui va pas avec vous? J'ai cru mourir ! chuchotai-je furieusement. Et éteignez moi cette fichue lampe!

-No stress ! Toi et moi sommes les seuls dans les parages, j'y ai veillé. Bart, le garde et Simon, son molosse, sont partis et nous avons une minute encore avant que quelqu'un d'autre n'arrive. Dépêches toi donc voyons me dit-il hilare quand il me vit me dégourdir les jambes.

-Ça fait deux heures que je vous attends, j'ai les jambes en feu! On peut y aller maintenant ? Je suis pas vraiment à l'aise ici. Et d'ailleurs qu'est-ce que vous faîtes là ? Vous étiez sensé me faire signe et m'attendre à l'intérieur ! Pas venir me chercher et mettre toute l'opération en danger !"

Après un dernier sourire malicieux de sa part, il me guida jusqu'à une porte entrouverte, là, il me dit :

"Je suis venue directement car je n'ai pu ni ouvrir la fenêtre ni poser le plan à côté donc je te le donne maintenant en main propre au moins je suis sûr que tu l'as bien. "

Il regarde hâtivement autour de lui.

"Je dois y aller, il ne faut pas qu'on te trouve. Fais toi discret surtout. Ils sont sur le qui-vive depuis quelque temps, je n'en sais pas plus, mais c'est sûrement car elle commence à s'éveiller.

-Je vois. Pas de soucis pour ça, je sais me faire discret."

Et sur ces mots, je réactivais ma tenue devant ces yeux étonnés puis admiratifs.

"Il faut que j'étudie ce processus ! Ça fonctionne grâce à la réflexion de la lumière non? Mais comment se fait il que quand je bouge, il n'y a pas de flou? m'interrogeait-il

- C'est parce que moi, je ne bouge pas, mais dans la pénombre on ne peut presque pas me voir à moins de savoir où je suis exactement, répondis-je. "

Il tenta de me reposer une question apparemment fasciné par ma tenue, mais il sembla se souvenir de notre objectif et devint sombre.

"Trêve de bavardages, je ne te retiens pas plus longtemps. Bonne chance. " et sur ces mots, il partit vivement dans une direction et tourna si bien que je le perdis de vue.

Je me retournais et commençais à longer les murs. Je jubilais presque. J'allais pouvoir la sauver. La sauver des chercheurs et la sauver d'elle-même.

Nouvelle ÈreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant