Rencontre

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Je suis allongée sur le sol. Je sens des bosses sous mes fesses, mon dos, mes épaules. Ma tête repose sur une racine noueuse. Le vent me souffle doucement son odeur de fleurs et de sève au visage, caresse tendrement mes jambes nues et soulève avec délicatesse mon fin t-shirt. J'ouvre les yeux sur une voûte émeraude, bruissante, fascinante. Je me perds dans la contemplations de ses ombres mouvantes et vertes. 

Je suis sortie du hangar quelques minutes plus tôt, n'en pouvant plus de l'atmosphère pesante qui y régnait, j'avais besoin d'air. Mes paupières s'abaissent d'elles mêmes, je baisse les armes avant même d'avoir commencé à me battre, hypnotisée. Je tombe dans l'inconscience et quand je reprends connaissance l'horizon à pris une teinte rose. 

J'entends un bruit à ma droite.

Lorsque mes yeux entrent en contact avec deux prunelles grises je perds le contrôle de mes membres. Sans le vouloir je me lève et fait quelque pas vers eux. Ces grands yeux gris confiants qui me fixent surmontent un petit nez retroussé et une bouche entrouverte laissant apercevoir l'émail blanche de quelques dents. Ils me regardent, me transpercent puis se détournent me laissant pantelante comme après de longues minutes d'apnée. Presque malgré moi je suis le propriétaire de ces iris si familières, mes yeux rivés sur son dos nu malgré la fraîcheur du soir. Il s'arrête devant un tronc me regarde avec un léger sourire goguenard puis grimpe avec aisance s'aidant de la végétation environnante. Après un moment d'hésitation je me décide à le suivre. Il s'arrête régulièrement car je n'ai pas autant de facilité que lui pour grimper. Cet arbre est immense j'ai l'impression qu'il ne s'arrêtera jamais.

Après de longues minutes d'ascension mon guide s'arrête une fois de plus mais cette fois-ci il ne repart pas dès qu'il me distingue parmi les feuilles. Ce geste m'étonne car le tronc file toujours. Je ne parviens même pas à voir le ciel à cause de l'étrange feuillage touffu.

C'est donc quelque peu essoufflée que je parviens à m'asseoir péniblement à côté de lui sur une grosse branche. 

Pendant longtemps nous fixons le soleil couchant sans mot dire. Enfin, après le passage d'un nuage devant l'astre il se tourne vers moi et ouvre la bouche:

- Tu as de la chance d'être dans ma zone, certains des miens t'auraient tuées avant de chercher à savoir d'où tu viens. 

Je ne réponds pas tout de suite, je le dévisage, il me semble le connaître mais je ne parviens pas à savoir à qui il me fait penser. Il fronce les sourcils ce qui me ramène à la réalité. 

- Oh et bien je dois avouer que je ne sais pas non plus d'où je viens. Enfin comment j'ai fait pour me retrouver ici. 

Il hoche la tête, adopte un air de profonde réflexion avant d'ajouter :

- De quoi tu te souviens ?

- Euh... J'étais dans une sorte de grand bâtiment avec un ami je crois, mes souvenirs sont assez flou. Je ne me souviens pas de grand chose d'autre. 

- Je vois. Je ne peux rien faire pour toi. J'aurais bien voulu t'emmener chez un guérisseur mais tu risques d'avoir plus de problème donc je préfère éviter. 

-Pourquoi aurais-je des problèmes? Demandai-je 

- Avec toutes les tensions entre les différentes Arcites... 

Le mot a une sonorité étrange, comme venant d'une langue inconnue. Je fouille dans mes souvenirs, j'inspecte ma mémoire mais l'évocation de ce mot ne soulève en moi qu'une profonde perplexité. Il s'est arrêté de parler comme si la suite était évidente.

- Je vois, mentis-je. 

Il reporta encore une fois son attention sur le ciel presque noir. 

- Pourquoi tu m'as laissé te suivre? 

Nouvelle ÈreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant