POSSESSION

41| Gala

Nous entrons dans l'immense salle et les souvenirs de la fois dernière m'assomment. 

Pourvu que ça ne se termine pas pareil... 

Le démon fait un rapide tour en saluant d'un mouvement de tête quelques hommes aux regards durs. 

À chaque passage, j'ai l'impression que l'on me dévisage et je me referme sur moi-même en ne me sentant pas à ma place. 

Le démon discute avec certains hommes en costume, changeant de langues en fonction de la personne qu'il a en face de lui. 

Déjà que j'ai du mal à suivre en français, mais lorsqu'il commence à parler en espagnol ou d'autres langues, je ne cherche même plus à comprendre et reste seulement derrière lui, essayant de ne pas me laisser intimider par leurs grandes apparences. 

Quand au bout de plusieurs minutes à l'écouter parler en espagnol, il laisse son ami et m'emmène dans un coin, je relâche l'air de mes poumons et profite de ne plus être proche de ces criminels. 

- Mais tu sais parler combien de langues, je lui demande, toujours impressionnée par ses dialogues de tout à l'heure. 

- 5. 

J'ouvre les yeux estomaquée et essaie de deviner :

- Le français, l'anglais, l'espagnol... 

Je réfléchis à d'autres langues et il me lance avec un sourire :

- Le russe. 

- Le russe ? Wow, c'est super stylé. Vas-y, dis-moi une phrase en russe, je lui supplie du regard, souhaitant l'entendre parler cette langue. 

- Твоя улыбка заставляет меня хотеть взять тебя в рай.

Il termine sa phrase en me laissant sans voix et je sautille presque sur place comme une gamine. 

- Ça veut dire quoi ? 

- "J'ai mis de l'argent de côté pour t'acheter un cerveau en même temps qu'un nez", me traduit-il. 

Mon sourire enfantin disparait et je le fusille du regard en me retenant pour ne pas lui donner un coup de talon dans ses précieuses. 

- Je sais plus, dans les films, Voldemort explique pourquoi il a pas de nez, continu-t-il de me pousser à bout. 

 - Ta gueule. 

Il s'esclaffe et je lui demande froidement :

- Et la cinquième langue c'est le portugais ?

- Non, me répond-t-il avec un sourire d'obsédé sur le visage, traduisant toutes ses arrières pensées. 

- T'es lourd, je grogne en devinant ce qu'il comprend comme "cinquième langue".

Il me dit de me détendre et j'essaie d'être aussi serein que lui mais c'est compliqué. 

Je ne suis pas à l'aise. 

Je tente néanmoins de paraître normale et rassurée pour ne pas éveiller les soupçons. 

Un homme d'une quarantaine d'années s'approche de nous, un verre à la main. 

Il me salue avec un sourire puis reporte son attention sur le démon. 

Je reste légèrement en retrait mais tente quand même d'écouter leur conversation qui est en français. 

- Elle est ..., commence l'homme à la quarantaine et je me maudis de ne pas avoir entendu la suite. 

- Que veux-tu ?