16| Blessant

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- Tu es en quelle classe, je demande à Ilyana, toutes les deux dans la salon.

Aujourd'hui, malgré ce qui s'est passé hier, je me suis réveillée de bonne humeur. Le démon s'en va ce soir pour le week end.

Quelques jours sans lui, quelques jours de bonheur.

Je ne sais pas exactement ce qu'il va faire, je sais juste qu'il va voir sa grand-mère pour le week-end.

Peut-être a-t-il menti sur ça aussi ?

- Première, le bac à la fin de l'année me guette fort, plaisante-t-elle.

Nous jouons depuis une petite heure à un jeu de cartes toutes les deux et sa compagnie est agréable, cela change du démon aigri.

- Pas trop stressée, je lui demande, me rappelant cette épreuve tant redoutée, quelques années auparavant.

- Non ça va, j'ai quelques facilitées en français.

Il faudrait peut-être donner des cours au démon alors, me dis-je, me souvenant comment formuler une phrase est compliquée pour lui.

- As-tu des nouvelles pour ta grand-mère ?

Elle secoue négativement la tête, un air contrarié sur la visage, attristée par ce sujet.

- Le démon t'en donnera sûrement, ne t'en fais pas.

- Oh, nous n'avons pas la même grand-mère. Fin, celle qui est à l'hôpital est la mère de ma mère, donc comme nous n'avons que mon père en commun, Daemon n'a pas de lien de parenté avec elle. Il va voir sa grand-mère Marie.

J'acquiesce et regarde le jeu devant moi avant de demander :

- Et ta vie avec ta mère se passe bien ? Ton père ne te manque pas trop, je demande pour changer rapidement de sujet et en apprendre plus sur elle.

- Mon père vient régulièrement me rendre visite et il prend souvent de mes nouvelles. J'ai toujours vécu comme ça, seule avec ma mère, mon père faisant quelques apparitions, c'est devenue une habitude, je suis heureuse ainsi.

Je m'imagine à sa place et me dis que moi aussi finalement, j'aurais peut-être préféré ne vivre qu'avec ma mère...

- Je ne manque de rien, je suis heureuse, j'ai le moral, j'ai la santé, essaie-t-elle de me rassurer, accompagnant sa phrase d'un sourire.

Mais malgré ses paroles, je sens dans sa voix une pointe de tristesse et cela m'inquiète.

- Et toi ?

Sa question me prend au dépourvu et je reste silencieuse plusieurs secondes.

Je me masse les mains et un coup de stress me sert le ventre.

- Tes parents n'ont pas cherché à te contacter ?

Je souffle bruyamment en me rappelant l'histoire que le démon avait inventé pour expliquer ma présence quotidienne ici.

Une histoire de mise à la porte et de coupure de vivres, tout à fait banale.

- Non, c'est compliqué, dis-je en feignant une mine contrariée.

- Je suis désolée, s'empresse-t-elle de me consoler tendrement. Je n'imagine pas comment ça a dû être dur de se retrouver banni de chez soi du jour au lendemain, sans aucune solution.

- Heureusement que Romy et ton frère étaient là, je m'exclame calmement, essayant de cacher l'ironie de ma voix.

- Je ne sais pas comment je réussirais à vivre sans ma mère, ni de ne plus avoir de contact avec ma famille. Ils ne te manquent pas trop ?

POSSESSIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant