CUIR VELOURS | Negan [The Walking Dead - Compilation tomes 1 2 3 + épilogue]

3. Raconte moi ton passé

Ses yeux étaient clos, elle cherchait à se reposer un instant alors qu'elle n'avait pas fermé l'œil de la nuit. La peur avait été trop importante. Elle détestait le lieu dans lequel elle restait prisonnière, elle détestait ce maudit apocalypse et surtout, elle se détestait pour sa faute. Negan ne lui avait pas encore rendu visite aujourd'hui. Julia baissait la tête, elle en profita pour se débattre une énième fois sur sa chaise. Toujours rien, les liens restaient serrés. Essoufflée et à bout de nerfs, elle gronda une insulte quand la porte s'ouvrit avec fracas. Non pas lui, et pourtant... L'homme en cuir se tenait devant elle, arborant ce sourire carnassier qui ne le quittait jamais :

- Salut, lâcha t-il d'une voix suave, je ne t'ai pas trop manqué ? Il termina par ricaner, ne lui laissant pas le temps de répondre.

Elle clignait des paupières, cherchant à se réveiller de ce cauchemar. Il tenait toujours dans sa main droite, sa fidèle batte Lucille, dans l'autre, un plateau sur lequel reposaient un bol et un morceau de pain. Negan le posa sur la table à côté de lui :

- Il faut que tu manges vu les creux de tes joues, ça doit faire un bon bout de temps que tu n'as pas avalé quelque chose.

Une fois débarrassé, son attention se détourna rapidement. Il leva d'un geste furtif la batte, pour la placer devant son visage et l'examina avec attention. Ses mains se baladèrent lentement sur les barbelés, détaillant les pointes enroulées de fils coupant comme des rasoirs. Son regard était profond et il grattait délicatement de ses ongles, le sang séché encore incrusté. Julia le toisait ardemment, attendant qu'il prenne la parole. Comme lors de sa dernière visite, le temps se figeait et l'attente restait insupportable : était-ce l'attente d'une délivrance, ou d'une mort ? Brusquement, il se tourna vers elle et attrapa l'arme aux deux extrémités, pour la déposer derrière sa nuque. Negan se mordit la lèvre et balança sa tête en arrière, savourant le contact de ses cheveux gominés contre la rigidité de la batte :

- Au fait, tu ne m'as pas dis comment tu trouvais mon Sanctuaire... Il te plaît ? Ses yeux brillaient d'une étrange lueur alors qu'il baissait le regard pour la dévisager. Il se souvint alors qu'elle était toujours bâillonnée. Ah oui, c'est vrai... continua t-il en l'avertissant, levant son doigt dans les airs, je te détache, mais ne viens pas me croquer la main encore une fois, tu as compris ? Elle acquiesça péniblement alors qu'il tirait sur ce qui semblait être un vieux foulard. C'est mieux ainsi, alors, comment trouves-tu mon chez-moi ? Tu as oublié de me donner tes impressions hier.

- Vous ne m'avez pas demandé, lui répondit-elle avec insolence.

Le meneur, surprit par une réponse d'une telle intensité ouvrit une bouche ronde d'admiration, puis posa Lucille contre le mur derrière lui. Il vint ensuite s'agenouiller à sa hauteur :

- Enfin je découvre ta véritable nature... et je ne suis pas déçu, au contraire ! Tu as du culot... Et j'aime les femmes qui ont du caractère, ça met un peu de piment dans ce monde de merde. Alors ma belle, es-tu enfin décidée à me raconter ton histoire, ou est-ce que je dois te la faire cracher moi-même ?

Elle planta son regard hargneux dans le sien, elle ne se laisserait pas faire. Son passé lui appartenait, et aussi douloureux qu'il était, elle ne voulait pas le partager avec un tel personnage :

- Allez-vous faire voir ! cracha t-elle avec dégoût.

- Oh oh ! se moqua t-il en se levant. Putain, t'es vraiment une dure à cuire toi. Tu ne lâcheras pas le morceau si facilement hein ? Il prit appui sur ses hanches. Tu sais, j'aime beaucoup jouer, mais là, je ne suis pas d'humeur. Il se tourna vers le plateau et désigna le bol remplit, toujours fumant. Grouille toi de parler Julia chérie avant que ta soupe ne refroidisse. Il mit ses mains dans ses poches en soupirant, la regardant à nouveau. Alors vas-y, dis moi, tu foutais quoi sur mon territoire ? Tu cherchais de la bouffe, c'est ça ? Tu attendais ton groupe ? Vous êtes combien à vous balader sur mes terres, silencieux comme des rats !