Chapitre 1 - Argon (1/3)

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« Lorsque le second fils devenu l'unique régnera,

S'éteindra l'espoir et l'Île des Dieux se divisera

... »

Carsax, cinq ans plus tard, automne de l'an 2326 de l'Ère des Hommes

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Carsax, cinq ans plus tard, automne de l'an 2326 de l'Ère des Hommes.


La foule s'était donné rendez-vous à la Cité des Rois dès l'aube. La veille de la fête du froid, qui annonçait le dernier mois de l'année, drainait toujours pléthore de voyageurs, et la plupart d'entre eux venaient grappiller obole ou récompenses.

— Que puis-je pour vous, messieurs ?

Audard était un des lieutenants de la garde royale et, ce matin-là, lui incombait la lourde tâche de recevoir les chasseurs de primes et d'examiner leurs butins. Le groupe d'hommes qui se présentait devant lui tenait entravé un individu dont la tête était recouverte d'un sac de jute. Les fers à ses chevilles, ses poignets et son cou étaient reliés par de multiples chaînes dont les cliquetis résonnaient à chacune de ses respirations saccadées.

— C'est la rebelle ! En personne ! J'puis vous l'assurer, m'sire !

— Ôtez-lui sa capuche, ordonna Audard.

L'un des hommes saisit le sac et le souleva.

Il découvrit une jeune fille au teint de porcelaine et au visage tuméfié. Ses cheveux blond cendré, emmêlés et souillés de terre et de sueur, formaient un amas vaporeux autour de sa tête et du sang avait séché sur sa bouche et dans son cou.

— Voyez, M'sire ? On vous a pas menti. Elle a même la cicatrice, là, sur le pif !

Il désigna la balafre grossière qui barrait le nez et la joue de la captive.

Audard soupira :

— Il ne s'agit pas de celle que nous recherchons. Il est clair que cette balafre date de quelques jours à peine ; or, celle de la rebelle lui a été faite il y a cinq ans. Et le visage de cette pauvre fille ne correspond en rien à celui des affiches promettant la rançon.

— Mais, elle a les ch'veux gris...

— Toutes les filles aux cheveux gris ne sont pas recherchées pour crime contre la Couronne ! Laissez cette jeune femme ici et partez, sur-le-champ !

Le lieutenant n'était pas un homme colérique, mais il était las de toutes ces tentatives de mécréants pour s'octroyer le montant de la récompense. Et ce n'était pas la première fois qu'on lui amenait une jouvencelle présentant une vague ressemblance avec la célèbre rebelle en espérant qu'il n'y verrait que du feu.

La bande d'escrocs quitta les lieux en maugréant diverses insultes à l'égard d'Audard. Ce dernier s'approcha de la pauvre fille, secouée de sanglots et de tremblements. N'osant lever les yeux, elle sursauta lorsqu'elle sentit le contact chaud du militaire.

— N'aie crainte, petite.

Il posa la main sur la blessure encore suintante qui rayait le visage de la prisonnière. Alors, diffusant son moän par le bout de ses doigts, il visualisa l'entaille qui se refermait, et elle lui obéit. Les chairs se resserrèrent, libérant le pus qui la souillait.

— Il te restera sûrement une cicatrice, mais ta plaie ne s'infectera pas. Présente-toi au ferronnier juste ici.

Il désigna un homme qui cassait la croûte derrière son établi, à une dizaine de pas de là.

— Il ôtera tes fers et tu pourras repartir.

La jeune femme, hagarde, lui jeta un regard empreint de gratitude puis chancela jusqu'à l'artisan que le lieutenant lui avait indiqué.

Audard soupira. La journée promettait d'être longue, et la soirée s'éterniserait certainement après le grand banquet prévu pour le dîner.

 La journée promettait d'être longue, et la soirée s'éterniserait certainement après le grand banquet prévu pour le dîner

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Les Élus du Moän - t1. L'Héritage des DieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant