Chapitre 8

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John était resté longtemps debout dans le salon, le regard perdu dans le vide.

Son esprit était plus que chamboulé, et il n'arrivait à se concentrer sur rien, tout était flou. Il ne comprenait plus.

Il savait que Sherlock était fort, l'homme le plus intelligent et perspicace qu'il n'ait même jamais rencontré. Mais jamais il ne se serait douté que le détective serait capable de déchiffrer les desseins de son cœur avant que lui-même n'y parvienne.

John n'aurait jamais imaginé qu'il puisse ressentir quoi que ce soit de plus que de l'amitié pour Sherlock, l'idée ne lui avait même jamais vraiment traversé l'esprit.

Mais maintenant que celui-ci avait prononcé ces mots, il commençait à se rendre compte que chacune de ses pensées ne faisait que l'enfoncer dans son mensonge. Il avait de nombreuses fois admiré le charisme et le charme particulier de Holmes, mais s'était juste persuadé que c'était de l'admiration, rien de plus.

Il se rendait maintenant compte de son erreur de jugement, et tout lui paraissait alors être l'évidence même.

Comment n'avait-il pas pu remarquer toutes ces fois où le regard de Sherlock avait sembler enflammer son visage, où son toucher avait sembler embraser sa peau, et où son sourire avait fait battre son cœur?

Cette découverte sur lui-même le faisait se sentir à la fois si léger et si lourd. Il avait envie d'en rire de soulagement, et en même temps il se sentait pris au piège par ses émotions. Il venait de percevoir quelque chose de nouveau, et maintenant la profondeur de ces sentiments lui donnait l'impression qu'il allait en être submergé à tout instant.

Et au milieu de ce chaos qu'abritait maintenant son crâne, une pensée ressortait, une pensée encore plus douloureuse à assimiler que tout le reste. Sherlock savait. Il savait, et il s'en était servis contre lui durant leur querelle.

Ça lui faisait mal, en un sens qu'il avait souvent expérimenté, que ce soit à la guerre ou dans sa vie en général, mais jamais avec une telle intensité.

Le lendemain fut certainement pour John l'un des moments les plus gênants de son existence. Sherlock avait fini par rentrer, à l'aube sûrement, et les deux colocataires étaient maintenant dans le couloir, à se regarder dans les yeux, tout aussi surpris l'un que l'autre.

John avait essayé de filer en douce à l'hôpital, les événements de la veille le perturbants encore trop, mais apparemment son plan était tomber à l'eau.

"Hum... Je pars travailler.", dit finalement le médecin, en passant à côté de Sherlock.

"John je voulais m'excuser pour hier." Les mots du détective le firent stopper net, la main sur la poignée de la porte d'entrée.

"Pour hier et pour ces derniers jours aussi." Son ton était doux, maladroit presque. C'était tellement rare d'entendre Sherlock présenter ses excuses que John en resta bouche bée. Il semblait que quoi qu'il fasse, son colocataire réussissait toujours d'une manière ou d'une autre à l'ébahir.

"Je reconnais que mon comportement n'a pas du être facile...et je vais changer ça."

Après un silence, John rassembla son courage, et posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis la veille, "Et maintenant?", son ton était morne, et légèrement plus inquiet qu'il ne l'aurait voulu.

"Comment ça?" Le docteur se retourna, baissant les yeux pour fixer le sol.

"Je voulais dire comment tu voulais que les choses se passent? Est-ce que tu préférerais que je quitte l'appartement?"

"Quoi? Non bien sûr que non! Pourquoi est-ce que je voudrais que tu partes?" Sherlock semblais surpris de la question.

"Ecoute, je...hum..." Il lui coûtait de devoir lui expliquer la situation "Comme tu l'as dit j'ai...j'ai de l'attirance pour toi...et je n'ai aucune envie que ça jette un froid entre nous, ou que ça te rende mal à l'aise.." Sa gorge lui faisait mal, il n'arrêtait pas de la râcler, comme si ce geste pouvait physiquement l'aider à sortir ces mots au fond si amer.

Regarde-moi encore Où les histoires vivent. Découvrez maintenant