La neige fondait lentement, ruisselant le long des rues sinueuses de pierres grises. Le paysage blanc s'effaçait peu à peu, enlevant de sa brève clarté à la ville.
C'était un spectacle que John admirait d'une des fenêtres de la pièce commune, les yeux perdus entre la blancheur maintenant grisonnante du sol et celle, toujours éclatante, du ciel.
Il s'était réveillé, ce matin là, avec un mal de tête atroce, et était bien content que ce soit un de ses jours de congé. Il aurait sûrement été incapable de faire quoi que ce soit aujourd'hui de toute façon.
John s'était donc traîné de son lit jusqu'à la cuisine, après une brève toilette maladroite, et avait prit deux cachets de paracétamol accompagnés d'un grand café.
Maintenant confortablement installé dans son fauteuil, il buvait tranquillement, les idées encore embrouillées par l'alcool de la veille et le sommeil.
Il baissa les yeux sur la tasse posée sur ses genoux, et fronça les sourcils.
C'était définitivement la dernière fois qu'il buvait autant. Il se sentait pathétique, et son corps entier le faisait souffrir.
John se remémora alors leur conversation de la veille. Bien que ses souvenirs soient assez vagues, les mots et les phrases s'entremêlant dans son esprit, il se souvenait de la majorité de cet échange.
Une part de lui aurait préféré oublier.
Il soupira et laissa retomber sa tête en arrière, les yeux clos.
Il avait honte, certes, mais ce n'était pas encore ce qui le dérangeait le plus. Les mots de Sherlock, du moins ce dont il se souvenait, l'avaient laissé dans un état de profonde perplexité.
Il ne savait qu'en penser. Une partie de lui s'autorisait à ressentir de l'espoir, tandis que l'autre restait cloîtrée dans un état dubitatif. Il ne savait pas non plus ce qu'étaient les intentions de son colocataire lorsqu'il avait décider de prononcer ces mots, et ignorait si une réaction de sa part était attendue ou si il s'agissait là juste de paroles rassurantes.
Expirant longuement, il prit son téléphone en main et s'aperçut qu'il avait un appel manqué. C'était Sherlock.
En essayant de faire abstraction du reste, il se décida à le rappeler. Avec lui on était jamais sûr de rien, il pouvait très bien le contacter pour dire qu'il hésitait entre deux marques de thé, comme il pouvait appeler pour lui décrire le plus horrible des meurtres qu'il avait justement sous les yeux. Dans les deux cas, mieux fallait-il répondre.
Au moment où l'autre décrocha, au bout de la troisième sonnerie, il se dit qu'il devait s'agir de la deuxième situation au son enjoué de sa voix.
"John?" Sherlock s'était exclamé comme si il s'apprêtait à lui délivrer la meilleure des nouvelles.
"Sherlock?" Fut sa réponse, éraillée et rauque, mais tout de même une réponse. Au point où il en était, tout son sortant de sa bouche était pour lui un miracle.
"Est-ce que tu te sens en forme?"
"J'ai connu pire...Le réveil était tout de même moins rude quelques années en arrières" marmonna-t-il.
Un léger rire lui parvient à l'autre bout de la ligne, avant que la voix de son ami ne se refasse entendre, "Je m'étonne même que tu aies réussi à te lever aussi tôt avec tout ce que tu as avalé." Il était 11h passé, John venait de vérifier. "Enfin peu importe, est-ce que tu te sentirais assez bien pour me rejoindre sur Leicester Square dans une demi heure?"
Il hésita une seconde avant de lancer "A tout de suite Sherlock."
Un léger "Hmm" d'approbation se fit entendre avant que la ligne ne soit coupée, et que seul le silence du salon et le léger ruissellement de l'eau au dehors ne résonne plus qu'aux oreilles de John.
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Regarde-moi encore
FanfictionLes sentiments sont une chose complexe et instable, parfois on en dit trop, et parfois pas assez. John découvre à quel point il peut-être difficile de communiquer ce qu'il ressent avec une personne incapable de comprendre les mystères de l'amour. Le...