Chapitre 1 : l'aube d'une nouvelle ère

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Dans la pénombre d'une pièce de bureau, un homme est assis, cigarette en bouche, costard cravate sur la peau et briquet en main. Son visage n'est pas visible et il n'est perceptible que par les étincelles émanant du briquet qu'il tente d'allumer. Néanmoins, dans cette pièce lugubre, éclairée uniquement par une télévision carrée grésillant, il est interrompu par deux hommes en costume frappant à sa porte. L'homme mystérieux, n'étant pas pressé, ne prend pas la peine de lever la tête ni de répondre, attendant que ces hommes ouvrent la porte.

Lorsque c'est chose faite, ils entrent en trombe vers la table où est assis l'homme. Au même moment, celui-ci allume enfin son briquet zippo qu'il porte à sa cigarette, levant enfin les yeux vers eux. Il les regarde sans un mot, attendant de savoir pourquoi il est dérangé aussi tard dans la soirée. Ainsi, l'un des deux individus se gargarise et se penche vers cet homme dont la réputation semble les intimider.

« Monsieur, on vous demande. » dit-il en tendant sa main pour le saluer

Un léger silence d'une fraction de seconde tombe sur la pièce, se brisant par l'expiration de la fumée de cigarette. Il saisit enfin sa main et écrase sa cigarette qu'il vient à peine d'allumer.

« Qui. » dit-il d'une voix rauque

« Le président en personne, monsieur. » dit-il intimidé

Subitement, le regard de l'homme change. Il ne s'attendait pas à une telle réponse. Lui qui est habitué à être appelé pour réparer les peaux cassées dans l'ombre, il ne peut s'attendre qu'au pire si le président l'appelle. Immédiatement, il se lève de sa chaise tout en réajustant sa cravate face aux regards de ces deux autres agents, médusés par sa prestance.

« Où est-il ? » demande t-il prêt à les suivre

« Il vous attend à l'Elysée, monsieur. »

« Emmenez moi. » dit-il en sortant du bureau avant eux

C'est ainsi qu'ils traversent les longs couloirs en direction de la sortie. L'homme, téméraire, ne perd pas un seul instant de plus pour sortir une autre cigarette de sa poche tandis que, dehors, une Peugeot 404 noire les y attend. Les deux agents, venus chercher cet homme mystérieux, le savent, ils ne doivent perdre aucune seconde. C'est pourquoi, à peine ils montent dans la voiture que des gendarmes à moto escortent leur véhicule dans tout Paris, jusqu'à l'Elysée. En l'espace d'une dizaine de minutes, ils y arrivent et traversent le portail. Depuis sa fenêtre, face à lui, sur ce gazon bien taillé, le président lui-même les observe arriver. De l'inquiétude se lit sur son visage et voir les chaussures noires de cet homme sortir de la voiture n'est pas suffisant pour le calmer.

« Monsieur le président. » dit-il en sortant du véhicule

« Monsieur Muller. » rétorque le président, Charles de Gaulle, en tendant sa main

Muller la saisit et salut le président qui, ne souhaitant pas perdre une seconde de plus, lui fait signe de le suivre à l'intérieur de l'Elysée. Il obéit, gravit les quelques marches et traversent, d'abord sans un mot, les couloirs du bâtiment présidentiel avant que Muller, toujours surpris, ne demande un état des lieux.

« Je suis surpris de vous voir en personne monsieur le président. Puis-je savoir ce qui me vaut votre appel ? » dit-il en essayant à nouveau d'allumer son briquet Zippo

« La France est menacée, monsieur Muller. J'ai des raisons de croire que quelque chose de grand se trame dans les Caraïbes. »

« Que peut-il y avoir de plus grand que la crise de Cuba, monsieur le président ? » demande t-il à De Gaulle surpris par sa réponse

Le président ne répond pas ; pas avant d'avoir atteint son bureau où Pierre Messmer les attend, documents scellés en mains. Heureusement pour Muller, ils l'atteignent rapidement et, en entrant dans cette large pièce illuminée par des lampes Taccia et un lustre en cristal en provenance de la cristallerie de Baccarat, il aperçoit, surpris, le ministre des armées, Messmer, assis devant une large table ronde.

Derrière le rideau de fer - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant