Back to Hawkins | Eddie Munson

Chapitre 2 | Hawkins High School

– Si tu es revenue, c'est pour me torturer.

Boudeur, Dustin s'est ratatiné sur le siège passager, les bras croisés sur le haut propre qu'il a enfilé avant de prendre la route. Je pince les lèvres pour ne pas sourire plus ouvertement encore.

– Aller, parle-moi d'elle. Suzie, c'est bien ça ? J'ai entendu que sa voix quand elle m'a contacté alors dis-moi, elle est jolie ? Vous vous êtes... bécotés ?

– Permets-moi de te dire que ce ne sont pas tes affaires. Mais si tu n'étais pas en train de me reconduire au lycée comme si j'étais un bambin en fuite, je te l'aurais peut-être dit.

Tandis que Dustin garde la tête haute, tel un fier soldat qui conserve tout son honneur dans l'adversité, je ris de plus bel.

– D'accord, je n'insiste pas. Mais je suis très contente pour toi, en tout cas. Et pour Suzie. Elle est très bien tombée, et je ne dis pas ça parce que tu es de mon propre sang.

Dustin secoue la tête. Un léger sourire se faufile pourtant sur son visage.

– C'est à droite ici ?

– Non, c'était à droite il y a deux pâtés de maisons déjà.

– Quoi ? Et c'est maintenant que tu me le dis ?

– J'étais distrait on dirait. Et puis pourquoi je te tendrai la corde avec laquelle me pendre ?

– Arrgh, tu exagères. Il faut faire demi-tour ?

– Non, tu peux continuer par là, tu trouveras bien le moyen de rejoindre la route principale à un moment ou un autre.

Nos humeurs s'inversent. Le ronchonnement de Dustin n'est qu'un mauvais souvenir, le voilà qui sourit jusqu'aux oreilles désormais. Je lève les yeux au ciel et j'essaie ensuite, tant bien que mal, de repérer sur la route un panneau indicateur ou simplement une piste qui me montrerait le meilleur chemin à suivre, mais dans une zone aussi excentrée.. peine perdue. Alors que je tourne les yeux vers Dustin pour le forcer, d'une manière ou d'une autre, à parler, je vois ses traits se déformer et une inquiétude soudaine le rend livide.

– Tourne là, vite !

– C'est un cul-de-sac Dustin, on va perdre notre t...

Je suis interrompue, non par mon cousin, devenu silencieux lorsqu'il remarque où mon regard s'attarde, mais par la maison que je vois se profiler derrière un bosquet à quelques mètres. Délabrée, quasiment en ruine, des planches ont été clouées à toutes les fenêtres. Ma vision actuelle se superpose à mes souvenirs, ceux d'une maison fraîchement repeinte de bleu, ses colonnes et linteaux de blanc. La vitesse aidant, la maison est désormais derrière nous et j'inspire profondément pour rassembler mes émotions.

– Je suis désolé.. Souffle Dustin. Vraiment désolé Rach. J'aurais dû t'indiquer le chemin, tu fais ce trajet pour me ramener et m'éviter des ennuis. Je vais te donner l'itinéraire avec des précisions quasi scientifiques maintenant, on risque plus de se perdre. Tiens, tourne là...

Dustin veille à meubler le silence pendant tout le reste du trajet, entrecoupant ses directives de potins sur les lieux que l'on dépasse, ou de quelques projets qu'il a en tête pour les prochains jours. Son enthousiasme communicatif est de retour et je suis plus que reconnaissante de ce filet de voix sans répit qui baigne l'habitacle. Cela éloigne mes pensées et les démons qui les peuplent. 

– C'est là !

Je repère rapidement l'établissement et fraye à ma voiture un passage jusqu'à une place de stationnement. Il est midi, de nombreux élèves circulent sur le parking et devant les portes principales.