Parmi Nous

Vincent

Quelques jours plus tard, suivant la mission Uranium, Z se trouvait à la bibliothèque universitaire en compagnie de Vincent. Les deux étudiant dialoguaient par le biais des réseaux sociaux et avaient convenu d'un RDV, pour échanger au sujet d'un travail de groupe. Une banalité pour Z, une découverte et une recherche excitante pour Vincent.

« Tu te rends compte Morgane ? Avec un tel outil, on peut percer encore plus profondément dans le mystère qui entoure l'espace ! Je n'arrive pas à m'imaginer que l'univers est supposé infini... ça présume qu'on peut voyager des millions d'années sans jamais trouver de fin ! Les lunettes de Vincent glissaient toujours sur son nez.

— Fascinant en effet, dans quelques années, nous pourrions peut-être construire un vaisseau spatial .

— T'es optimiste aujourd'hui ! Il nous faut cinq ans pour aller sur Mars, et ce n'est pas la planète la plus loin de nous du système solaire, alors j'imagine même pas voyager jusqu'à Pluton... fit il, une main sur le menton.

— Avec les fusées, c'est pour moi une perte de temps. Il faut bien plus de propulsion, bien plus d'énergie et surtout, comment veux-tu survivre dans l'espace avec un engin aussi petit ?

— C'est bien ça le problème, sur le plan logistique, c'est impossible pour un humain de voyager aussi longtemps dans l'espace. Comment veux-tu stocker cinq ans de nourriture... à part avec de la cuisine moléculaire, mais manger de la poudre pendant cinq ans... c'est ton corps qui ne va pas apprécier.

— La cuisine moléculaire ? J'en ai vaguement entendu parler.

— C'est l'avenir, selon certains. A trop manger de viandes, on en aura peut-être plus un jour. Nous consommons bien plus que ce que l'on produit à l'heure actuelle, ça mènera forcément à des pénuries. Mais vu que tu es végétarienne, je pense que tu t'y connais mieux que moi sur ce point, non ? Demandait Vincent, qui essuyait à présent ses lunettes.

— Les légumes ne sont pas conscients et n'ont pas assez de capteurs sensoriels pour ressentir une quelconque douleur. Ils réagissent juste chimiquement à leur environnement.

— C'est vrai, mais ce sont tout de même des êtres vivants.

— Ils sont différents de toi et moi.

— La Terre comporte des milliers d'espèces ! Pourtant, on arrive toujours pas à se nourrir correctement, c'est dingue, tu trouves pas ?

— Bon, je croyais qu'on était là pour bosser ?

— Ah ! Oui, je m'égare. C'est juste agréable de tomber sur une fille qui a de la discussion. Faut pas que je me plante si je veux intégrer la prochaine base spatiale et étudier l'espace. C'est mon rêve depuis que je suis petit.

— Les étoiles, c'est fascinant n'est-ce pas ?

— Et si triste en même temps. Certaines que l'on peut observer sont déjà mortes. Ça se trouve, nous aussi on est déjà morts sans le savoir.

— Je ne crois pas.

— Les croyances, c'est un vrai foutoir de toute façon. »

L'extraterrestre et l'humain se mirent alors à collaborer, l'un suggérant une idée, puis l'autre la contestant ou l'affirmant. Vincent avoisinait la vingtaine, ses yeux marron pétillaient à chaque fois qu'il entendait le mot « étoile », « planète », « univers » ou « espace ». Friand de romans de science-fiction, de films d'extraterrestres, amoureux du xénomorphe des films « Aliens », il se vantait de posséder une statuette échelle 1/2 du Prédator dans sa chambre, chez ses parents. Z contenait son sarcasme, toutes ces choses étaient pour elle de la pure fiction, mais, par curiosité, la véritable extraterrestre creusait le sujet. Elle découvrit alors l'existence d'une culture autour de la possible existence d'une autre espèce intelligente. En général, les « aliens » (c'est comme ça que les humains les appellent) sont méchants, à l'exception de quelques films, comme E.T. Faire léviter les objets, Z aurait aimé maîtriser ce pouvoir télékinétique, mais cela requiert une profonde paix intérieure et une extrême concentration, selon les plus érudits des Métag. Le commandant lui-même en était incapable.