Entre le Sang et l'Enclume

Chapitre 4 : Non-dits !

Aucune potion magique ne peut acheter l'amour d'un homme !
AMK_Rassoul

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Pendant ce temps, de l'autre côté de la ville, le dimanche arriva assez rapidement chez les DIOP.
Diery Dior Ndella FALL et la fameuse Linguère Dëguène Codou FALL étaient à l'honneur aujourd'hui dans cette grande maison accueillante où l'hospitalité légendaire sénégalaise était une valeur cardinale.

Les discussions allaient bon train. Le *Farmata WÉLÉ* avait été servi et tout le monde s'était bien régalé, complimentant généreusement les talents culinaires "surprenants" de la jeune ingénieure informatique.
Ah, mais c'est qu'elle n'est pas seulement bonne dans les programmations ! Charriait-on.

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[Bien que mon manque de féminité manifeste désole Mère Yakhara NDIAYE, s'il y a une incontournable activité "féminine" selon elle et que tout le monde m'accorde volontiers, c'est bien la cuisine.

Ma mère a toujours veillé à ce que je maîtrise cet art très tôt. Selon elle, dans ce pays, le premier diplôme d'une femme doit être la cuisine. "Ainsi, quand les autres diplômes suivront, tu pourras tout de même faire plaisir à ton mari et tes enfants", me cassait-elle les oreilles dans le temps. *Bégal sa Aladji, bégal say doom moy sagup Jigeen dé Maïmouna* = Malgré tout ce que te diront ou te feront croire les nouvelles tendances modernes, sache qu'une femme doit savoir parfaitement maîtriser sa cuisine. C'est la base, comme vous dîtes dans votre jargon, professait inlassablement cette dame de la vieille école sénégalaise, ancrée dans les traditions.
Alors que l'ado paresseuse que j'étais, avait carrément horreur à ne serait-ce qu'éplucher un légume ou couper un oignon, elle ne me lâchait pas d'une semelle quand il s'agissait de se mettre aux fourneaux. Résultat des courses, je me débrouillais plutôt pas mal en ce domaine.
Je dois avouer, qu'aujourd'hui encore, j'en suis bien reconnaissante à maman de m'avoir transmise cette précieuse connaissance pour la grande gourmande que je suis.
Au delà d'être un homme ou une femme, savoir se débrouiller un minimum en cuisine est toujours un plus, avant tout pour soi-même et pour son très cher ventre bien sûr.

Une fois n'étant pas coutume, Bathië Samba DIOP, mon grand frère accepta presque sans négociations de s'occuper du traditionnel thé à la sénégalaise.
Bathië est steward de carrière. Autant donc dire qu'il passe sa vie dans les airs. Toujours entre deux avions, mon très cher frère mais il a toujours voulu faire ça depuis tout petit.
Il est très difficile de lui mettre la main dessus et une fois fait, il préfère jouer aux fainéants en prétextant une grande fatigue que sa très chère maman Yakhara légitimait toujours en l'appuyant fortement.
Tout pour ses enfants, la bonne vieille Yakhara NDIAYE ! Une vraie maman poule !

J'étais encore en train de me chamailler avec Samba, un peu comme à notre détestable habitude. Disons plutôt qu'il prenait plaisir à provoquer la grande réservée que je suis pour me faire sortir de mes gonds. C'était la stratégie qu'avait su utiliser Bathië pour me titiller et... ça marchait plutôt bien entre nous deux.
Bathië Samba est presque tout mon contraire en termes de personnalité. Il ressemble comme deux gouttes à notre père. Bathië est une personne à l'abord facile, très taquin et d'humeur quasi toujours joviale. Avec lui, je suis capable de me lâcher entièrement et nous partageons pas mal de moments de complicité. Le seul hic est qu'il n'est pas toujours présent mais c'est comme ça quoi. Bathië Samba a sa vie, peu commode certes pour nous autres qui ne l'avons pas à nos côtés comme nous le voudrions, mais il est heureux dans son choix de vie et c'est tout ce qui importe.

Bathië me lançait donc une de ses nombreuses vannes sans saveur quand la linguère Dëguène Codou FALL me fit signe pour que je vienne la rejoindre dans le coin cossu de cet agréable jardin où elle se prélassait telle une reine trônant sur ses sujets, prenant toutes ses aises.