Chapitre 10 : Autour du Cebbu Jën !

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Dans ce pays, le premier diplôme d'une femme reste la cuisine !
AMK_Rassoul
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[L'une des plus grandes richesses de ce pays est sans nul doute ces moments de partage et de convivialité autour du grand bol de *thiép* de treize heures.
Autour du fameux *Cebbu Jën* = riz au poisson, désormais inscrit sur la liste représentative du patrimoine immatériel de l'humanité par l'UNESCO, la vie de la plupart des sénégalais s'aigaient et se colorient. Entre discussions animées et très bonnes cuillerées, ces repas en famille sont plus que jamais des moments privilégiés pour beaucoup d'entre nous.
Chez nous les PÈNE, il était de tradition actée depuis fort longtemps de ces moments de communion autour d'un délicieux *Mbaxalu Salum* les samedis midi. En dignes Saloum-Saloum, ce plat fait partie intégrante de notre patrimoine culinaire, héritage de notre lointain Saloum natal.

-*Néex në bari në* = C'était très bon merci beaucoup *Umpañ* = ma tante ! Complimentait Junior en déposant sa cuillère.

-*Na réess ak jàmm PÈNE Ngaala, yako mom* = De rien mon enfant. Tu n'as presque rien mangé. Maternait Mère Yass.

-Je n'ai plus faim Umpañ. Merci beaucoup !

-Sama Yaay, tu veux qu'il mange quoi d'autre aussi hein ? Junior a déjà fini tout le bol, ce gourmand là ! Taquinais-je en digne cousine de plaisanterie.

-Laisse mon fils tranquille. Tout le monde sait qu'il ne mange pas beaucoup ! Défendait Mère Yass son petit protégé.

-C'est plutôt toi Mberry qui a fini tout le bol et on ne sait jamais où passe tout ce que tu manges !

-*Kar dé, yama djiss* = Ta bouche là sur moi déh Junior !

Ces chamailleries entre cousins sont une vieille tradition bien de chez nous. Désignées sous le vocable de "cousins à plaisanterie", elles s'étendent, au delà des liens de sang, sur des ethnies "cousines" telles qu'entre Haalpulaar et Sérères par exemple ou sur des noms de famille "cousins" tels qu'entre les THIAM et les SARR par exemple.
La plupart du temps, ce sont des taquineries bon enfant, tellement actées socialement que deux inconnus qui viennent de se rencontrer à l'instant peuvent se trouver de passionnants sujets de discussion à se tordre de rire ensemble comme de très vieilles connaissances. Difficile à expliquer proprement mais c'est une réalité typiquement sénégalaise.
Ces cousinages à plaisanterie sont une très belle création sociétale, une ingéniosité de cohésion sociale pour brasser des cultures sœurs et ressouder des liens séculaires autour du vivre ensemble.

-Junior a raison déh Adja et tu sais très bien que la bouche de mon bébé ne peut te porter aucun préjudice ! Reprit ma mère.

-Hum... Façon Sama Yaay, tu es le défenseur inconditionnel de Baay Modou Junior. Tout ce qu'il dit ou fait trouve grâce à tes yeux... un peu comme son homonyme mon très cher papa d'amour que tu portes si grandement dans ton cœur !

-*Balnala ligay xamadi... Wa do jóokk mayi ki mu nan* = Quelle insolente tu fais... Adja, lève-toi apporter à boire à Junior ! Chuchota Mère Yass en aparté, me donnant un coup de coude, censé être discret.

Quelle vieille entremetteuse elle fait et même pas discrète en plus !
Si cela ne tenait qu'à elle, j'aurais déjà épousé Junior depuis belle lurette. Autant dire que c'est son vœu le plus cher à ma très chère maman... C'est sûrement pour cela qu'elle ne peut se résigner à porter mon Garmi FALL dans son cœur partisan.

-Mais j'ai pas fini de manger moi Sama Yaay. Junior est un grand garçon, il sait où trouver des rafraîchissements. J'ai encore faim moi ! Répliquais-je en reprenant une grande bouchée de ce succulent *Mbaxalu Salum* préparé par les gracieux soins de Mère Yacine MBOW pour épater son vieux mari.

Entre le Sang et l'EnclumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant