Rentrer

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Bercés par les bruits et les mouvements répétitifs du métro parisien, nos corps fatigués par le voyage et le poids de nos grands sacs, nos regards perdus dans la contemplation des lumières passant à toute vitesse juste derrière la vitre. Je sens tes jambes contre les miennes, comme une caresse passive, un contact inconscient. La joie de retrouver notre chez-nous, mélangée à une nostalgie du voyage, nos esprits errent quelque temps dans les limbes de nos pensées nébuleuses. La lumière crue dans ton regard lointain, les gouttes de sueur glissant dans ton cou, tes habits sales me laissant deviner certaines parties de ton corps. Ta peau, mon paysage. Le voyage est fini, mais il y aura d'autres aventures. Bousculés par la foule en sortant de la station, cette phase de transition se termine dans notre petit appartement parisien. Rangement, douche, repas, et nous voilà allongés dans les bras d'un de l'autre sur notre lit. Une douce musique en fond, les lumières éteintes, la nuit tombant, éclairés parfois par les phares des rares voitures qui passent sous la fenêtre de la chambre.

Corps contre corps, les muscles au repos, la conscience au bord du sommeil, mes lèvres cherchent les tiennes. Je goûte à la chaleur de tes baisers, alors que mes mains se mettent à te pétrir la peau. D'abord des massages doux, puis de plus en plus ardents et insistants. Mes doigts retrouvent tes petits seins, tes côtes, ton dos. Tes ongles creusent mes bras, mes épaules, ma nuque alors que nos langues luttent l'une contre l'autre dans un ballet enivrant. Les draps s'enroulent autour de nos corps et nous nous retrouvons dans une grotte obscure, parfois traversée d'éclairs aux passages des voitures. Dans cette pénombre, je devine plus que je ne vois ton visage. Ma langue curieuse descend le long de ton cou, puis sur tes seins, et tu connais déjà ma destination. Sous les draps je me perds sur le bas de ton ventre et tombe entre tes cuisses. Les caresses de mes lèvres passent de ta peau de pêche à ton intimité humide. Par jeu, dès que je la touche, je m'en écarte aussitôt pour aller explorer ta hanche avant de lentement refaire le chemin vers ton entrejambe. Un doigt vient accompagner ma langue dans son exploration, puis un deuxième vient rapidement le rejoindre alors que je sens ton corps se tortiller de plus en plus intensément sous mes caresses. Ton goût et ton odeur intime ont œuvrés main dans la main pour me faire dresser une bête affamée, et il est temps de s'en occuper. Alors que les fenêtres des voisins s'allument les unes après les autres, la nôtre reste aussi sombre que tes cheveux. Et là dans la pénombre, mes dents se plantent dans ton cou alors que j'entre doucement entre tes jambes. Tes griffes me dessinent des ailes rouges dans le dos, au rythme de mes vas-et-viens, nos muscles détendus se contractent de nouveau, nos corps se plient à une chorégraphie que nous connaissons tous les deux bien.

 Le ciel se renverse et les draps me couvrent le visage alors que tu passes au-dessus de moi, décidant désormais de la cadence de nos frictions. Je te sens onduler sur moi, tes mains posées sur mes pectoraux pour garder un semblant de stabilité. Ma main tâtonne à l'aveugle sur ton corps jusqu'à ta gorge alors que tu t'empales sur moi avec force. Je t'empoigne fermement le cou pour reprendre le contrôle de nos ébats et en un second renversement j'inverse de nouveau notre dynamique. J'en profite pour te saisir et te retourner sur le matelas, tête dans l'oreiller, et pénétrer en toi. Mes hanches claquent contre tes fesses, mon torse pèse sur ton dos, mes jambes maintiennent les tiennes écartées, là, ma main enroulée autour de ton cou, tu es ma proie, entièrement à la merci de mes pulsions. 

Tu accompagnes chacun de mes mouvements passionnés en cambrant le dos au bon moment, pour que je m'enfonce toujours plus profondément. Ma bouche s'approche de ton oreille, mon souffle chaud et saccadé sur ta peau, ma langue parcourt ton lobe de bas en haut, avant que ce dernier ne finisse coincé entre mes dents. Mon corps ne résistera pas plus longtemps, tu sens mon rythme s'accélérer et mes coups de bassins devenir plus violents. Ma bête déverse en toi tout son désir sauvage. Quelques derniers à-coups, puis je te libère de mon emprise. Tu te retournes alors pour planter un baiser sur mes lèvres tout en restant dans mes bras. Je pose ma tête sur l'oreiller à tes côtés dans l'espoir d'apercevoir ton regard dans le noir qui reigne désormais dans notre chambre. Ce ne sera définitivement pas notre dernière aventure.

Voyages LemonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant