Chapitre 6

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16 octobre 1348 – Premier quartier


Seiran a l'occasion de s'assurer que Valoïs n'a pas menti. À son poste dès l'aube, il a beau attendre que quelqu'un pousse la porte, son souhait n'est guère exaucé. Il étend pourtant l'attente longtemps après les premières lueurs du jour. Malheureusement, il doit se faire une raison : le maître des lieux ne rentrera pas aujourd'hui.

C'est avec dépit qu'il finit par capituler et par se rabattre sur son idée de la veille, à savoir, aller trouver Zurui. Cependant, quand le petit renard le voit arriver, l'expression morne et les traits tirés, l'onmyōji n'a aucun effort à faire pour attirer son attention. Curieux de nature, le kitsune rapplique au comptoir, abandonnant le coup de balais qu'il donnait dans la salle en l'absence de clients, laissant Seiran s'installer.

— Allons bon ! Déjà qu'il me faut désormais endurer les visites ennuyeuses d'un humain, voilà que je me retrouve à devoir supporter la visite d'un humain déprimé ?

— Je n'ai pas envie de plaisanter, Zurui.

— Oh ! Mais je ne plaisante pas. Prends garde de ne pas attiser l'intérêt d'un yōkai affamé avec toute cette aura négative que tu dégages. La détresse des humains est d'un attrait tout particulier pour nombre de mes semblables.

Seiran soupire. Il sait que son interlocuteur dit vrai, mais comment chasser toute cette noirceur qui hante son esprit alors que l'objet de son tourment n'est autre que le poids d'une absence ?

— Valoïs va revenir, commence le kitsune avec un sourire malicieux.

À ces mots, Seiran relève la tête sans plus cacher ce qui ternissait son humeur.

— Où est-il parti ? Pourquoi cette absence ?

— Il va falloir t'y faire, mon garçon. Maître Valoïs s'absente à chaque phase de Lune.

— Chaque phase de Lune ? Il est vrai que tu en as déjà fait mention. Nox aussi, d'ailleurs...

— Tiens donc ! Ainsi donc l'as-tu rencontré ?

— En vérité, je l'avais déjà croisé. C'était la nuit avant d'arriver au château. Il m'avait mis en garde contre Val-sama. Il a recommencé.

— Je vois...

Fait exceptionnel, Zurui ne paraît plus vouloir fanfaronner. Soudain très pensif, il croise les bras tandis que son regard se perd dans le vague. Seiran le laisse à ses songes quelques instants, pensant qu'il ne fait que s'accorder un moment avant de trouver quoi lui dire, mais ne le voyant pas reprendre la parole, il décide de le faire pour lui.

— Zurui, est-il vrai que Val-sama aura faim à son retour ?

La question provoque un soubresaut de surprise chez le kitsune songeur. Son air sérieux analyse l'expression du jeune homme.

— Tu as peur ? demande-t-il.

— Pas une seconde ! proteste Seiran avec une force de conviction étonnante.

— Pourtant, tu devrais. Les avertissements de maître Nox étaient fondés. L'appétit de maître Valoïs est conséquent et la privation le rend de mauvaise humeur.

Hélas, la réaction de Seiran a une fois de plus de quoi laisser perplexe.

— Dans ce cas, que puis-je faire pour lui apporter de quoi le rasséréner à son retour ?

Temet Nosce (Les Chroniques de Sorohar - T4) [MM/BL/Yaoi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant