31 octobre 1348
Seiran est d'humeur maussade lorsqu'il se réveille au terme d'une nuit agitée par la solitude. Seul dans le grand lit du vampire, il n'est pas si pressé de se préparer que d'ordinaire. En cause : le fait qu'il n'a nul besoin d'aller accueillir Valoïs dans le hall, celui-ci l'ayant prévenu la veille d'une nouvelle absence relative au fameux changement de phase.
D'ailleurs, pourquoi cette date ? Seiran réalise qu'il n'a jamais demandé, oubli qu'il entend bien réparer dès que l'occasion se présentera. Les instincts et l'appétit de Valoïs seraient-ils décuplés ces jours ? C'est l'hypothèse qui lui semble la plus plausible. Quoi qu'il en soit, dans l'attente de son retour, il sait qu'il va devoir s'occuper. Reste encore à trouver comment. La solution lui vient quand, sur les coups de onze heures, l'onmyōji repère par la fenêtre à laquelle il se languissait la présence d'un homme rôdant avec prudence aux abords du château. L'individu est de taille moyenne, tout vêtu de noir, les cheveux mi-longs, châtains foncés, et la mine fermée. Il a surtout la particularité de porter un costume de missionnaire religieux frappé du même emblème aperçu sur les médailles rapportées par Valoïs.
Il n'en faut pas plus pour que Seiran se fasse son idée et celle-ci l'amène à accueillir cette présence complètement étrangère à Hanano avec un œil averti. Il sent le danger, envisageant ce que son amant part faire toutes les nuits et l'état dans lequel il revient à chaque fois. Selon lui, cet individu est là pour réclamer vengeance ; pour faire justice lui-même. Seulement, hors de question de laisser qui que ce soit toucher à son précieux amant. Et pour ce faire, Seiran a une brillante idée.
Quittant l'embrasure, il se précipite à travers les couloirs, court au sous-sol, et déboule en trompe dans le restaurant de Zurui. Il le découvre occupé à boire tranquillement un peu de saké, installé à une table, en guise de remontant pour les efforts que le ménage des lieux lui a coûté.
— Toujours aussi bruyant et ennuyeux, le blâme le renard dès son arrivée. Que me vaut l'honneur de ta visite, cette fois ?
— Valoïs s'est attiré des ennuis, je le sais. Je ne te demande aucun détail mais j'ai besoin de ton aide.
L'expression du renard s'assombrit. Inquiet, il exige de savoir ce qui se passe.
— Un homme est là, porteur du symbole que j'ai vu sur les médailles que Valoïs a ramené. Je doute qu'il ait fait tout ce chemin pour la cérémonie du thé. Je vais tenter de l'amadouer pour l'éloigner mais j'ai besoin de toi. Le sortilège du labyrinthe, peux-tu le contrôler ?
— À quel but ? s'intéresse le kitsune.
— Le château doit sembler le plus vide possible.
— Je vois l'idée.
— Vas-tu le faire ?
— Je peux essayer.
— Parfait, je te remercie. Je compte sur toi, ne me déçois pas. La sécurité de Valoïs est en jeu.
Interpellé par cette déclaration, Zurui réagit.
— Et la tienne ?
— Je ne risque rien et je ne vais pas passer à côté de cette opportunité de me rendre un peu utile, pour une fois, retourne l'onmyōji avec un sourire confiant. Valoïs m'a aidé avec Hanano, c'est à moi de lui retourner la faveur.
Zurui reste sceptique. Il se garde néanmoins de faire le moindre commentaire, applaudissant – même s'il n'en dit rien – l'initiative. Il apprécie les gens qui savent se montrer reconnaissants et rendre la pareille. Aussi laisse-t-il Seiran s'en retourner aussi vite qu'il a débarqué mais se prépare-t-il à agir conformément à leur accord. Après tout, ce qui sert les intérêts de Valoïs sert aussi les siens.
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Temet Nosce (Les Chroniques de Sorohar - T4) [MM/BL/Yaoi]
Fantasy/!\ Venez découvrir le tome 4 des Chroniques de Sorohar, qui n'a pas encore été publié /!\ Du jour au lendemain, Seiran, fils cadet de la famille Kuruizaki, l'une des cinq grandes familles commandant le Clan des Fleurs d'Edolane, voit sa cité menac...