Temet Nosce (Les Chroniques de Sorohar - T4) [MM/BL/Yaoi]

Chapitre 12

27 octobre 1348

La demeure Kirin est en ébullition, tout comme le reste d'Hanano. La disparition de Seiran a été signalée. Dès lors, Senri s'est rendu dans ses appartements. Considérant qu'aucune affaire ne manquait, que son frère était porté pâle et que son futon était resté abandonné en l'état, la possibilité d'une nouvelle fuite n'a été envisagée qu'avec retenue. D'autant qu'avec la menace que l'aîné Kuruizaki a laissé plané sur son cadet, le doute quant au fait que ce dernier ait pris le risque de perdre son proche ami était permis. À la place, une idée l'a traversé. Se rappelant que le dieu de la montagne n'a réclamé aucune récompense en échange de son intervention, il a envisagé possible que celui-ci ait décidé de faire de Seiran son tribut.

Pour cette raison, Senri a fait sonné l'alerte et dépêché les meilleurs guerriers du clan pour une fouille aux alentours de la citadelle. Tout a été passé au peigne fin, jusqu'à s'aventurer assez loin dans Aokimori. Les voix se sont élevées en appel, des inugamis – des shikigami nés de l'esprit de chiens – ont même été lâchés dans l'espoir de trouver une piste. Malheureusement, malgré des heures de recherche, tous sont rentrés bredouille.

Mais, Senri n'a pas dit son dernier mot. Puisque les premières investigations n'ont rien donné, le voilà composant une équipe spéciale qu'il destine à une expédition du côté du mont Osore. Si le vampire a vraiment enlevé son frère, c'est plutôt par-là qu'ils doivent orienter les recherches. Il ne voulait porter directement d'accusations mais les faits confirmant ses doutes, le voilà plus déterminé que jamais à prendre de plus grandes dispositions. On ne s'en prend pas impunément au Clan des Fleurs, encore moins aux Kuruizaki. Et si c'est une récompense que le dieu de la montagne veut, il est bien persuadé de pouvoir marchander ou trouver n'importe quoi qui puisse l'intéresser plus que son fragile petit frère, trop important pour le clan.

Pour mener cette mission, le chef du clan a fait appel à Tsubaki, persuadé qu'en raison de leur complicité et de leur profonde amitié, il demeure le plus apte et surtout le plus motivé à mener à bien celle-ci. Prêt à partir, le samouraï qui l'a rejoint dans son bureau lui explique ce qu'il prévoit.

— Senri-sama, j'ai rassemblé trois des soldats d'élite des Tokonatsu pour me seconder et Asagao-san m'a prêté cinq de ses meilleurs shinobi. Nous sortirons par la porte de Seiryu et longerons le sentier qui se perd dans Aokimori. Là, nous quadrillerons toute la zone sur deux kilomètres de large, cap toujours vers l'est jusqu'au pied du mont Osore. J'y recevrai le rapport de mes unités. Si nous ne trouvons rien, deux de mes hommes m'accompagneront pour gagner le château du vampire et exiger une rencontre avec lui.

— Et s'il résiste, refuse de vous dire quoi que ce soit ou s'évertue à vouloir garder Seiran ?

— Nous ferons comme vous le souhaitez : nous tenterons de marchander. En cas d'échec, l'un de mes guerriers aura ordre de prévenir les quatre fleurs. Asagao-san, Sagiso-san et Suisen-kun sont déjà informés et se tiennent prêts à me rejoindre. Si nous devions en arriver là, nous forcerons l'accès au château et contraindrons le maître des lieux à coopérer...

Tsubaki s'interrompt en voyant Senri secouer la tête.

— Non. S'il résiste, tuez-le !

— Le tuer ? s'étrangle Tsubaki. Mais il nous a aidé et il s'agit du gardien de la montagne. Je ne crois pas que...

— Ne me dit pas que tu crois à cette vieille légende ? Nous l'avons vu de nos propres yeux. Ce n'est qu'un monstre parmi tant d'autres. Et, surtout, je ne veux plus que mon petit-frère court le moindre risque. Tant qu'il sera en vie, il pourrait jeter son dévolu sur lui.