Temet Nosce (Les Chroniques de Sorohar - T4) [MM/BL/Yaoi]

Chapitre 13

27 octobre 1348

À mesure que Valoïs descend les escaliers, sa colère grandit. Il sait par avance quel genre de conversation l'attend avec Zurui. Le sujet qu'ils vont aborder est de ceux qui fâchent. Malheureusement, il sait qu'il ne peut s'y soustraire et c'est bien la raison de son agacement. Dans tous les cas, il entend faire vite. Loin de lui l'idée de pousser trop longtemps la conversation alors que ses heures de sommeil s'échappent.

Parvenu au bas des marches, il se met aussitôt à rugir à destination du kitsune :

— Je te préviens tout de suite, Zurui, je n'ai que peu de temps à te consacrer !

Depuis le comptoir de la salle du restaurant, le renard se moque de cet avertissement.

— Je gage que si vous avez le temps de copuler avec l'onmyōji, vous en avez assez pour moi.

Le vampire fronce les sourcils mais son petit interlocuteur ne le laisse pas reprendre la parole.

— Seiran n'aurait pas dû revenir et vous le savez. J'ose espèrer que vous prévoyez de le renvoyer à Hanano mais j'ai peur d'entendre la réponse.

— Tu as raison d'avoir peur. Seiran est revenu de son plein gré, en toute connaissance de cause, et avec une solution quant à la sauvegarde de sa mémoire. Quelle raison aurais-je de le repousser encore ? C'est un grand garçon, il est libre de ses choix.

— Un grand garçon qui ignore beaucoup de choses à notre sujet et qui n'a pas tant d'années à vous consacrer que vous voulez le croire. Or, pour parer à cette éternité qui vous séparera, il n'y a que deux solutions.

— Aucune qui me convienne ! se braque Valoïs.

— Vous allez pourtant devoir faire un choix, et celui-ci implique nécessairement Nox. Vous avez au moins un point en commun. Il serait peut-être temps vous soyez enfin d'accord, ne pensez-vous pas ?

Le poing du vampire se serre, marquant son opposition.

— Impossible ! Nos intérêts généraux diffèrent.

— En êtes-vous sûr ? La vérité, c'est que vous ne savez rien l'un de l'autre et qu'en raison de ce drame qui vous a séparé, nul ne veut plus faire un pas vers l'autre. Vous n'êtes en vérité pas si différent et vous savez aussi bien que moi que la malédiction ne pourra jamais être levée tant que vous vous obstinerez tous deux. Cela n'a-t-il pas bien assez duré ?

— Mêle-toi de ce qui te regarde, répond froidement Valoïs.

— Justement, ça me regarde, rétorque le kitsune en montant le ton. Dès lors que vous faites appel à moi pour sauver votre amant et que vous me demandez de le nourrir, ça me concerne !

— Rassure-toi, tu n'auras plus à le sauver, je m'assurerai de ne plus être un danger pour lui.

Zurui ne peut retenir un soupir.

— Si ce n'est pas vous le problème, ce sera autre chose. Ils pourraient s'en prendre à votre petit protégé. D'ailleurs, qu'en est-il de ce prêtre que vous dites avoir vu fureter dans le coin, Maître Valoïs ?

— Je n'ai pas réussi à mettre la main dessus la nuit dernière mais trois autres exorcistes sont morts.

Tout en disant cela, le vampire tire de sa poche les médailles qu'il a amené avec lui.

— Tiens, leurs âmes. Fais-toi plaisir !

Le renard récupère les bijoux et claque des doigts pour en faire sortir trois petites boules de lumière qu'il rassemble entre ses mains et fusionnent ensemble. Quand il en a terminé, il dessine du bout du doigt un cercle dans les airs qui fait apparaître une sphère lumineuse et conséquente, irradiant de magie et luisant de cette même lueur colorée qui avait teinté les yeux de Zurui lors du sauvetage de Seiran. Dans cette balle de lumière, il y intègre ce qu'il vient tout juste de recevoir.