Imogène et le saule pleureur

Prologue

Dans une vieille maison, au XXI siècle.

Dans la maison d'Imogène se passait des choses étranges. Ce n'était pas paranormal non, et encore moins horrifique, si ce n'est pour la jeune fille qui vivait avec la peur de mourir tous les jours.

Étrange ? Certainement que pour elle. Horrifique ? Oui, car y penser ne faisait que la faire tourner en rond dans ses pensées, et elle ne vivait plus que par ce prisme. La sensation de perdre la tête était pire que tout pour elle, et même si elle s'efforçait de vivre une vie normale, son quotidien ennuyeux lui rappelait très vite que la réalité était belle et bien celle dont elle s'en faisait l'idée.

Elle avait une épée de Damoclès au dessus de la tête, qui allait tôt ou tard tomber du plafond pour lui retirer sa vie. Parfois elle se réveillait la nuit, et constatait avec terreur la finitude des choses. Cette finalité lui semblait injuste, elle qui aimait tellement la vie,cette vie morose et remplie d'angoisses de toute sortes, certes, mais elle l'aimait quand même. Elle refusait de se livrer dans les bras de cette entité monstrueuse.

Parfois, elle l'imaginait de manière très détaillée : Un énorme tas boueux aux yeux rouges et narquois, soufflant sur elle une odeur pestilentielle. Ou alors peut-être était-ce simplement une faucheuse, comme il était donné de croire dans la culture populaire. Quoi qu'il en soit, Imogène avait beau essayer d'imaginer cette créature monstrueuse et mystique sous toutes ses coutures, elle ne savait pas a quoi elle ressemblait. De nature curieuse et vengeresse, il était certain qu'elle allait toute sa vie se débattre pour lui échapper,ou au choix, lui faire face.

Si elle écoutait sa raison qui lui disait qu'elle ne pouvait pas combattre ce monstre, elle sentait une substance visqueuse emplir tout son corps et se liquéfiait a chaque fois qu'elle sentait sa présence dans sa poitrine, comme si une main était dans sa cage thoracique et pouvait appuyer sur l'interrupteur de son cœur, lui ôtant tout souffle de vie. De là, elle commençait a avoir du mal à respirer, et enchaînait les malaises. Des fois, ça s'alternait avec un sommeil paradoxal très très long.

Elle gardait l'espoir au fond d'elle-même qu'elle pouvait achever cette créature cruelle qui pouvait frapper à tout moment, et c'était sûrement ça qui la rendait malade.

Un jour, au début d'une belle matinée du mois de septembre, elle décida d'entamer un voyage.

Elle ne savait pas combien de temps il allait durer, mais c'était pour elle la seule manière de s'en sortir et de voir si elle avait le courage d'affronter ce monstre.

Elle pris une grande respiration et regarda par la fenêtre de sa chambre. Les arbres étaient beaux, les feuilles vermillon, certaines rouge carmin. D'autres ocres, et d'autres même vertes, tirant sur le jaunâtre. Alors elle comptait les feuilles tomber, une par une,laissant le temps faire son œuvre.

Et le bruit autour cessa, elle n'entendait plus rien. Elle voyait juste les feuilles tomber devant elle, et sentait le sang battre dans ses tempes. Elle tournait la tête et voyait sa mère la regarder, les larmes aux yeux. Que s'était-il passé ? Elle avait pourtant juste admiré le paysage, attendant que les choses s'arrangent. Ça y est, elle était dans une autre réalité, elle pourrait explorer les chemins invisibles qui mèneraient a des territoires interdits aux êtres humains, ceux qui la mèneraient a des solutions pour vivre plus longtemps.

Alors elle se réveillait, regardait ses bras pour vérifier si elle était bien réelle, puis marchait indéfiniment dans un long tunnel sans en apercevoir le bout. Elle savait qu'au bout, elle allait enfin trouver la réponse pour régler ses problèmes, puis retourner dans la réalité qu'elle avait quittée depuis bien longtemps, celle qu'elle voulait vivre depuis le début.