Chapitre 8 : La maison d'Ario

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2 octobre 2018

Imogène se réveillait, la tête dans le brouillard. Son premier réflexe était d'ouvrir sa fenêtre pour regarder un peu dehors. Des arbres tombaient toujours de belles feuilles multicolores, et l'automne commençait à se faire bien frais. D'un pas maladroit, elle marchait vers son réveil pour regarder quelle heure il était : cinq heures trente du matin. En effet, il faisait bien noir dehors, et le vent agitait violemment les arbres. Une peur soudaine lui vint à l'esprit.

Si le temps ne se calmait pas d'ici quelques heures, elle n'allait pas pouvoir poursuivre sa quête.

Elle chassait pourtant cette idée de sa tête puis marchait en direction de la cuisine.


*


Une fois sa tartine terminée, la jeune femme ne prit même pas le temps de mettre des vêtements, et sortait de la maison en pyjama. Elle fit quelques pas jusqu'à son entrée et observait les arbres, la pluie, le ciel et l'herbe. Elle se sentait vaseuse, et avait l'impression d'être dans un rêve.

Tout ce qu'elle voyait était texturé d'une manière étrange, elle avait l'impression de ressentir une présence autre que la sienne, plus grande qu'elle, qui la tirait vers l'arrière. Imogène commençait à angoisser mais elle ne faisait plus un geste ; être dehors lui faisait du bien, tout comme voir la nature. Quelque chose la retenait ici.

Pour seule lumière, il y avait les deux lampadaires accrochés à droite et à gauche de sa porte d'entrée. Le ciel commençait à légèrement s'éclaircir, et des reflets jaunes-orangés se projetaient sur le bitume du sentier. Elle prenait le temps d'admirer tout dans les moindres détails, et ne sentait plus la moindre sensation de froid ou de douleur, comme transportée dans une spirale méditative puissante.

C'était comme si toute ses douleurs physiques - à force de rester assise sur les escaliers durs devant chez elle – s'étaient transformées en douleur mentale, difficiles à caractériser. Après ce moment de déconnexion, Imogène rentrait chez elle et prenait une douche bien chaude pour se réconforter.

Elle avait des fois l'impression de devenir folle, mais ce n'était pas ça qui allait l'empêcher de battre ses angoisses qui l'attendaient dans cette mystérieuse, et pourtant bien connue forêt.

Imogène attrapait sa veste fétiche,des lunettes de soleil, enfila un vieux jean et des baskets confortables, puis laissait un mot sur la table du salon qu'elle avait écrit si vite qu'il était difficile d'y lire « Je suis allée me balader dans la forêt avec Caroline .» Sa mère n'avait pas l'habitude qu'elle sorte le matin, mais après tout, rien ne prêtait à ce qu'elle s'inquiète.

Une fois prête, elle se rendait au lieu de rendez-vous, pleine d'appréhension sur ce qui allait se passer ensuite. Déjà qu'elle avait du mal à sortir dehors par ces temps pluvieux, il lui avait fallu bien du courage pour se rendre seule à l'orée de la forêt un matin si frisquet.

Pendant plusieurs dizaines de minutes,elle attendait, assise, là, dans le froid, soufflant de la buée.Son regard s'affairait à droite, à gauche, et un peu de partout ou elle posait ses yeux, elle espérait voir son amie arriver, prenant soin de se placer face à la forêt. Oui, elle détestait quand quelqu'un passait derrière elle, donc elle prenait les précautions nécessaires pour éviter ce genre de situation.

- Coucou !

- Salut Caro, tu en as mis du temps à venir.

- Oui, à vrai dire j'ai eu beaucoup de mal à me réveiller. Mais enfin, je suis là maintenant.             On y va ?

Imogène et le saule pleureurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant