Imogène et le saule pleureur

Chapitre 1: Retour à la case départ

Nous sommes le 20 septembre 2018, à deux pas de chez Imogène.

Comme tous les soirs, elle sortait de chez elle, les écouteurs dans les oreilles, le regard planté dans le sol, essoufflée. Elle avait l'impression d'avoir échappé a ce monstre qui la suivait, mais elle sentait toujours comme un eprésence. Quelque chose l'observait. Quelque chose voulait sa vie.

Elle augmenta le volume de sa musique «fade to grey » jusqu'à se faire mal aux tympans, et commença a marcher.

C'était une manière radicale de se changer les idées. Pour elle, la douleur ne devait pas envahir son espace personnel, elle le refusait. Alors quelquefois, le temps d'un instant, elle s'autorisait a remplacer la douleur mentale par une douleur plus concrète, plus physique. Après sa balade nuptiale,elle rentrait chez elle, ignorant ce que ses parents lui avaient préparé. Elle n'avait pas faim, de tout façon.

Imogène se souvenait, à chaque fois qu'elle ressentait cette présence, d'un tunnel étroit et peu éclairé. Elle était sûre et certaine d'y être passée au moins une fois dans sa vie, pour peu que ce soit encore un de ses rêves.Elle se mit donc en tête de le chercher.

Souvent, elle avait douté de ce qu'elle pensait. C'est un des sujets qui, avec la peur, emplissait la majorité de ses pensées. Elle y réfléchissait nuit et jour,enfin, surtout la nuit, quand une insomnie pointait le bout de son nez a cause des frayeurs que ce monstre ignoble lui causait.

Dans sa tête, c'était pourtant certain : ce passage étroit, elle l'avait déjà emprunté pour se retrouver dans un cimetière ou elle pouvait voir sa famille pleurer sa mort. Mais quand elle l'avait raconté à sa mère, elle n'avait reçu que des moqueries en retour. Personne ne la croyait. Ce qu'elle venait de raconter n'était pas anodin pourtant. C'était même traumatisant de voir son propre corps jonché de fleurs toutes aussi moches les unes que les autres dans un cimetière. Enfin, ce n'était qu'un détail. Elle s'était vue jeune, dans ce cercueil, provoquant chez elle une peur de la mort imminente.

Il fallait donc agir vite et en conséquence.

Imogène enfila son habituel haut marron favori, descendait les escaliers quatre-à-quatre, claqua la porte d'entrée ce qui avait le don d'énerver ses parents, et se décida à aller voir son amie pour lui raconter tout ça. Elle sentait un début de colère arriver, une rage inexplicable monter dans sa gorge, mais elle décida a son habitude de prendre sur elle et de réprimer ses émotions.

Elle se retrouvait devant chez Caroline, les yeux rouges remplis de sanglots, et lui demandait son aide. Pire que ça, elle l'implorait. Quoi de plus dur que de se confier à quelqu'un quand on a l'habitude de tout garder à l'intérieur, comme si on était une bombe à retardement prête à exploser à n'importe quel moment. Caroline courra devant sa porte et jeta un œil par le judas, puis ouvrit la porte.

Elle croyait son amie et essayait de répondre a chacune de ses requêtes, mais là, c'était trop pour elle. C'est vrai, si votre amie venait vous voir dans un état pareil, vous disant que vous devez l'accompagner pour retrouver un tunnel étroit et sous terre, auriez vous le courage de lui dire oui?

Caroline réfléchissait en regardant son amie, ne sachant pas vraiment quoi répondre.

Était-t-il judicieux d'accompagner sa meilleure amie dans cette situation ?

Est ce que la croire serait lui rendre service ? Elle ne se démonta pas et se décida enfin a lui apporter une réponse.

- Bon, entre souffla-t-elle. Tu me racontera tout ça une fois à l'intérieur.

Imogène entra sans plus tarder et s'avachit sur le canapé de son amie, et conta sans plus tarder toute les choses qu'elle avait imaginé cette fois-ci. A la fin de son récit, elle se mit a trembler. Tout ce qu'elle demandait, c'était une aide concrète et des solutions tangibles, parce que vivre de cette façon là au dépend de ses émotions commençait à devenir infernal. Elle jeta un regard éteint à son amie, attendant sa réponse.