Chapitre 11 : Le tunnel

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Le 6 octobre 2018.

Imogène s'était déjà réveillée depuis trois bonnes heures, et elle avait pourtant déjà l'impression de se retrouver dans une boucle temporelle sans fin. Toute la matinée, elle cherchait des traces de la vie qui l'entourait, mais rien, rien ne confirmait qu'elle avait habité ici.Une fois elle était dans une salle de bain, une autre fois elle se retrouvait dans sa chambre, et la fois d'après elle était dans la cuisine. Aucun des élément qui s'y trouvaient ne lui rappelaient quelque chose, et la jeune femme était terrifiée. « Ce n'est qu'un mauvais rêve » se dit-elle, sans grande conviction,seulement en espérant que ce soit vrai. Tout ce qu'elle avait connu,tout l'univers dans lequel elle avait grandi s'était évaporé en une nuit, en moins de quelques heures. La jeune femme ouvrit les yeux un peu plus grand et se rendait compte qu'elle n'était pas dans un appartement. Autour d'elle, l'environnement se composait d'un champ de blé avec des épis rachitiques et verdâtres, et non de sa chambre adorée dans laquelle elle avait passé tant d'années. «Je ne suis pas chez moi » pensait-elle.

Elle se leva et marcha d'un pas titubant vers ce qui semblait être des arbres revêtus des couleurs d'automne, le visage ébloui par la lumière agressive qui se dégageait derrière les feuillages.

Elle avait une impression de déjà vu, comme si cette chose lui était déjà arrivé quelques années auparavant. La jeune femme fit quelques pas avant que quelqu'un lui touche l'épaule, mais ce n'était pas une main qu'elle connaissait, du moins, cette sensation lui était inconnue.

Imogène se retourna et hoqueta de suprise.

Elle vit alors une créature bleutée, effrayante et pourtant si magnifique à ses yeux.Oui, après avoir plissé les yeux, elle reconnaîssait Véronique,sous sa forme humaine. Les deux femmes se prenaient alors dans leurs bras, et Imogène sentait les larmes de sa bisaïeule couler dans son dos, et le tissu de son haut vert foncé se froisser sous ses doigts.

Comment avait-elle pu être abandonnée aussi longtemps ? Sans un mot, Véronique fut la première à interrompre leur accolade.

- Jamais je n'aurais pensé te retrouver ici. Sais-tu où est-ce que nous sommes ? Sanglotait Véronique.

Je dois le dire, je n'en ai aucune idée !

- Tu es venue plonger dans le l'étang pour venir me montrer quelque chose, des papiers prouvant que la famille n'avait aucune considération pour moi. J'ai voulu que tu remontes, mais tu as refusé, prétextant que tu voulais rester avec moi jusqu'à ce que je lise les papiers en entier. J'ai alors voulu te faire remonter de force, mais tu étais immobile, comme enracinée au sol, et je n'ai pu te déloger. Je me demande encore comment tu as pu faire...

La femme âgée lâcha un rire teinté de mélancolie et regardait Imogène avec bienveillance.

Donc, je t'ai sauvée ?

- Si par sauvée, tu veux dire que je suis libérée de cet étang et de mes obligations, oui, tu m'as en effet sauvée. Et je t'en suis extêmement reconnaissante, Imogène. Mais maintenant, il va falloir que tu rejoignes le monde des vivants, tu ne peux pas rester ici éternellement, choupinette.

- Je suis actuellement morte !? S'écria la jeune femme avec stupeur.

Oui, Imogène. Je t'ai gardée avec moi ici pour te remercier sincèrement de tous tes efforts, autant pour m'aider que pour t'aider toi même, car je pense qu'au cours de ce voyage, tu as réussi à en savoir plus sur toi même. Tout ira mieux, si tu l'acceptes bien sûr, après que tu aies franchi ce portail, là bas. Il s'agit du saule pleureur. Une fois que tu auras écarté son feuillage et que tu sera passée à l'intérieur, tu pourras retrouver ta vie normale.

Imogène et le saule pleureurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant