SINE : Le royaume d'Afradour

MIRNOR

Le lendemain, à son réveil, Sine se sentit beaucoup mieux. Son poignet gauche était encore douloureux, mais son horrible migraine avait complètement disparu. Il sortit du bain de cristal et s'habilla. Helma avait fait nettoyer sa tenue de bal. La guérisseuse entra dans la salle, accompagnée du directeur de l'académie, Halvor, qui semblait heureux de revoir le jeune garçon sur pied. Il tenait dans ses mains deux énigmatiques cahiers d'école. Sine les salua et les suivit dans la salle du trône où le roi et ses conseillers les attendaient, assis autour d'une table. Sine remarqua le teint pâle du roi, malgré tous les efforts d'Helma, la maladie paraissait toujours le ronger.

— Content de te revoir sur pied, Sine ! s'exclama le roi en l'accueillant. Directeur Halvor, avez-vous apporté ce que je vous ai demandé ?

— Oui, Votre Majesté, répondit Halvor.

Le directeur s'approcha du roi et lui tendit les cahiers qu'il tenait dans ses mains. Sine se demandait bien ce qu'il comptait en faire. La seule chose qu'il savait, c'est que le roi l'avait convoqué pour l'agression qu'il avait subie. Tous les conseillers avaient le visage très dur, l'affaire n'était pas prise à la légère. Le roi feuilleta les deux cahiers et semblait examiner quelque chose. Devant ce long silence, les conseillers vinrent s'attrouper autour de lui pour lire par-dessus l'épaule de leur souverain. Soudainement, ils parurent stupéfaits. Le roi referma le cahier avec colère et ses conseillers retournèrent à leurs places.

— Sine, raconte-nous ce qui s'est passé, s'il te plait, commanda le roi avec un calme qui n'allait pas avec l'expression de son visage. J'aimerais savoir ce que tu faisais dans les bains de cristal après le bal.

Sine sentit son rythme cardiaque s'emballer, il ne savait pas quoi répondre.

— Le roi t'a posé une question, mon garçon, s'empressa de faire remarquer le conseiller Agnor.

— Pardon, s'excusa Sine d'une petite voix. Je ne me rappelle plus de rien.

Le roi parut sceptique, il fit signe au général Edzard qui se trouvait près des portes.

— Allez donc chercher mes enfants, lui ordonna le roi.

Le général s'en alla et revint quelques minutes plus tard, qui parurent des heures pour Sine, en compagnie de Nira et d'Erwal. Tous deux affichaient le même sourire arrogant. Ils rejoignirent leur père à l'autre bout de la table. Sine ne leva pas les yeux vers eux, il resta assis près d'Helma, dans le calme.

— Est-ce bien là vos cahiers de l'académie ? demanda le roi.

Erwal et Nira se fixèrent, ils ne semblaient pas comprendre la raison de cette question.

— Oui, père, répondit Erwal en saisissant le sien.

Il y eut un long silence, Sine comprit alors que quelque chose n'allait pas. Tous les conseillers semblaient mal à l'aise et paraissaient vouloir être ailleurs en cet instant. Le roi déplia un papier couvert de sang avec une expression de fureur sur le visage. Sine comprit aussitôt ce qu'il se passait. Il avait mis le mot qu'il avait trouvé sous son oreiller dans sa poche avant de se rendre aux bains de cristal. Quelqu'un l'avait sûrement trouvé puisque ses vêtements ont été lavés avec soin. Et le roi venait de reconnaitre l'écriture de son fils. Voilà donc pourquoi le directeur Halvor avait apporté les cahiers des deux princes. Erwal était seulement en train de le comprendre quand Sine leva le regard vers lui. Son sourire arrogant disparut, son visage blêmit et n'exprimait maintenant qu'une chose : la terreur. Un éclair argenté jaillit alors du dowrine du roi, éblouissant toute la salle de sa lumière. L'éclair foudroya Erwal et l'envoya s'écraser contre un des piliers de la salle du trône.