𝐏𝐀𝐑𝐓𝐈𝐄 𝐃𝐄𝐔𝐗

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A croire que Nakamoto Yuta avait réveillé la fleur bleue qui sommeillait en moi

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A croire que Nakamoto Yuta avait réveillé la fleur bleue qui sommeillait en moi. Malgré cette conclusion – non sans me donner un petit sourire aux lèvres – nous deux, ce n'était que pour une nuit. Et il est mon modèle. Alors pourquoi je ne cesse de revoir notre intimité ? Pourquoi je ne peux que sourire en repensant à la tendresse dont il a fait preuve envers moi ? De sa gentillesse, à tout égard ? Pourquoi j'ai l'impression de me sentir toute chose quand je me rappelle ses bras autour de moi ? Ses doigts touchant ma peau, ses mains caressant mon cou, ses lèvres glissant sur mes épaules...

Pourquoi me procure-t-il autant d'effet ?

Je suis là, emmitouflée dans mon gros pull d'hiver en laine blanc-chiné, le menton enfoui dans le col roulé et mes mains trouvant la chaleur grâce au mug de café que j'ai préparé après mon réveil. Je regarde le paysage montagneux de Hokkaidō, enneigé en ce mois de février. Les températures sont douces pour la saison, mais assez froides pour faire maintenir les neiges tardives dans le Nord du Japon. C'est pourquoi j'ai décidé de profiter de l'air frais sur le balcon, accoudée à la rembarre. Habillée de ma longue jupe d'hiver et d'un collant, je sens l'air titiller mes jambes, me donnant un frisson agréable. Je sais que si je reste plus longtemps, je finirai par attraper froid, mais je n'ai jamais su résister à l'hiver et à ses fraîcheurs matinales.

En admirant les montagnes se dresser face à moi et les quelques parcelles de pins en contrebas, je me demande pourquoi j'ai toujours préféré photographier des portraits, plutôt que des paysages. Puis je me rappelle à quel point j'aimais prendre le corps en photo. Qu'il soit en mouvement pour danser, ou inerte pour prendre la pose, j'adorais depuis toujours en capturer les moindres détails, les moindres gestes.

J'inspire profondément, faisant entrer la brise fraîche dans mes poumons. La nature m'a manquée après toutes ces semaines en ville, et après toutes ces dernières péripéties. Je crois que partir était la bonne solution après tout. Partir... après réflexion, fuir, serait plus exact.

Je me mords la lèvre inférieure en me remémorant pourquoi je suis ici, dans ce chalet, seule avec Nakamoto Yuta. Alors je réalise notre folie. Notre douce folie de se libérer de tout, de tout le monde, de saisir cette opportunité de partir loin, de toute cette foule, de toutes ses mondanités. Loin, pour être deux, pour qu'il y ait seulement un nous et rien d'autre. Pourquoi avoir fait autant de kilomètres depuis Tôkyô pour vivre notre nuit ? Aucune idée. A ce moment, nous nous trouvions trop raisonnables sans doute. Nous avions donc saisi l'occasion de faire quelque chose d'insensé, comme fuir, réserver ce chalet à la dernière minute et nous abandonner dans des songes, sous des draps blancs, loin de tout témoin, de tout imprévu.

Je ne regrette pas cette folie, mais je redoute les répercussions que cela causera à Yuta qui avait tant d'obligations pour sa carrière, pour ce Gala de bienfaisance. J'imagine que ce sera là notre prochain sujet de conversation. Nous n'y échapperons pas et il faudra bien que nous décidions de ce que nous ferons après. Est-ce qu'un nous est possible, malgré notre accord tacite de vivre une première et dernière nuit ensemble ? Tout commence à se mélanger dans ma tête. Tout est confus dans mon cœur. Tout s'entremêle. Au point de vouloir y échapper en me remémorant mes émotions, mes ébats, mon cœur vacillant grâce à lui. Ou à cause de lui.

𝐒𝐎𝐌𝐄𝐎𝐍𝐄 𝐋𝐈𝐊𝐄 𝐘𝐎𝐔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant