𝐏𝐀𝐑𝐓𝐈𝐄 𝐒𝐄𝐏𝐓

20 2 0
                                    

Rester ici

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Rester ici. Avec toi.

Je ne peux que me retourner, reculer légèrement et planter mon regard dans le sien. Mes mains cramponnent toujours fermement le mug de café, comme si cette boisson à elle-seule était capable de me faire garder les pieds sur terre. Je panique, à nouveau. Et je ne comprends pas pourquoi je panique autant, à la suite de sa révélation. Ce n'est pas ce dont je rêve moi aussi ? Ce n'est pas tout ce que j'attends ? Qu'il me témoigne son intérêt à un potentiel nous, alors que nous nous étions promis qu'une seule intimité ? Pourquoi je doute constamment de ça ? Pourquoi je suis incapable de rester calme à cette idée de rester avec lui ?

Emma, ça ne va pas ? s'enquit-il alors de me demander.

Je dois faire une tête de six pieds de long pour qu'il me demande ça. Je m'en veux de lire une certaine inquiétude dans ses yeux que j'ai déclenchée, tout ça parce que je ne trouve pas la force d'émettre un son, et encore moins de trouver les mots. C'est comme si mon cerveau ne voulait pas coopérer.

J'ai dit quelque chose qui ne fallait pas ?

Il panique à son tour. Je dois le rassurer, lui dire que ça va, que je suis simplement déroutée. Mais si je me montre honnête, il va s'inquiéter pour moi en remarquant mon air troublé. Je cherche rapidement une façon de dire ce que je ressens quand, instinctivement, les mots me viennent subitement :

Non, soufflai-je seulement, au contraire.
Alors dis-moi...

Bon sang, son timbre de voix, pourquoi il me paraît si sincère, si doux...

...ce qui ne va pas.

Mes lèvres tremblent et je sens que mon mug est sur le point de m'échapper des mains. Je me glisse donc sur la gauche pour me libérer de la tendre emprise de Yuta, avant qu'une catastrophe n'arrive. Me connaissant, je serai bien capable de laisser tomber la tasse au sol. Je vais donc rejoindre la cuisine à l'intérieur, face à la baie vitrée donnant sur le balcon. Je me dirige ensuite sur le comptoir en bois brut et y pose mon fameux café à moitié entamé, sous les yeux du brun qui me fixe et me rejoint dans le chalet. Je peux voir dans ses iris, en osant le regarder à mon tour, une certaine insistance et une appréhension quant à la suite des événements.

Cette appréhension, je la connais. C'est cette peur incontrôlable de tout perdre, de voir tout ce que nous possédons nous échapper des mains. De voir tout ce que nous aimons partir en fumée. Cette appréhension me rappelle pourquoi j'étais si réticente à l'idée d'accepter son café, après notre seconde séance photo, le mois dernier. Cela me rappelle pourquoi j'étais si réticente à l'idée d'accepter un quelconque rapprochement avec lui. C'est cette appréhension qui a pris le dessus ces trois dernières années, qui m'a persuadée de refuser toute autre relation à l'avenir. A quoi bon s'éprendre, s'aimer, si c'est pour que tout s'arrête ensuite ?

Ce qui ne va pas... commençai-je d'une voix presque inaudible, sans m'en rendre compte.

Il ne bouge pas, ne parle pas, ne bronche pas. Désirant, impatient peut-être, d'entendre ce que j'ai tant de mal à libérer entre mes lèvres, il attend que je trouve le courage de tout lui avouer.

Mon regard se pose alors sur les sachets de gourmandises de l'épicerie de la petite ville. Il tenait tant, apparemment, à m'offrir un petit-déjeuner. Cette pensée me ramène à la réalité et m'aide à l'affronter, une bonne fois pour toute.

On s'est enfui, dis-je enfin dans un souffle. On s'est enfui du Gala alors que tu étais censé y faire un discours. On est là, dans ce magnifique chalet, avec ces magnifiques montagnes.
Emma...

J'entends sa voix rassurante prononcer mon prénom, mais je ne sais pas pourquoi, je ne prête pas attention à sa volonté de me réconforter, ni à son rapprochement, réduisant ainsi la distance physique entre nous.

Et ça fait si longtemps que je n'ai pas senti, ni aimé la présence de quelqu'un à mes côtés.

𝐒𝐎𝐌𝐄𝐎𝐍𝐄 𝐋𝐈𝐊𝐄 𝐘𝐎𝐔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant