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Paris, France.

Pour un fils unique, sombrer la nuit noire dans sa pièce afin d'éviter de fermer l'œil. Angoisser d'être seul et s'y habituer, voulant être au téléphone avec ses proches jusqu'à pas d'heure, au plus tard le matin. Je n'ai pas connu et connaîtra pas une si grande épreuve, suis-je égoïste alors que mes parents sont encore en vies ? Ma mère n'est qu'un soutient de plus, et compte pour beaucoup. Plus d'objectif à cette heure ci, dois-je suivre ce chemin qui mène à cette voie ? Au jour d'aujourd'hui ce qui me pousse le plus à vivre, c'est ma foi.

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Venir dans cet endroit seul m'est impossible, on peut toujours compter sur Aymen qui est plus qu'un grand frère pour moi. Les lunettes que j'ai ne sont pas sur moi afin de se protéger des rayons de soleil, plus pour cacher mes larmes. 3 mois que ça dure, je voudrais juste en finir. Dans des moments pareil, rien de mieux que d'être entouré des proches, mon cœur a si mal.

Sur le chemin du retour avec Aymen au volant, larmes au yeux, me contentant de me nourrir de chips barbecue. Seul aliment qui me nourrit durant ces derniers mois. Trajet plutôt silencieux, Aymen prend la parole :

— Petit, tu vie une épreuve de dingue, oublie pas qu'Allah n'impose aucune charge supérieure à la capacité de l'homme, lis beaucoup, prie beaucoup, y'a rien de mieux, on ne peu plus retourner en arrière, et tu l'a retrouveras dans l'au delà la très bientôt.

— ...

— J'dis ça parce que certains aurait pu s'enlever la vie, mais toi tu reste car c'est la religion qui te maintient malgré tout, moi aussi j'ai pleuré quand j'ai appris la mort de Lorena... Il faut rester fort petit.

                                      
Aymen est plus qu'un frère. Il me soutient dans chaque projet. Sans lui, avant le décès de Lorena, j'aurais fait des rues de la ville mon passe-temps. Mon but professionnel est de suivre ses pas, devenir informaticien. Le chemin est long, mais je ne dois pas me relâcher. Il était l'acolyte de mon grand frère décédé, et oui ça fait beaucoup, aujourd'hui, je le considère comme tel.

J'habite avec ma famille le 10 arrondissement de Paris, quartier La Grange aux Belles. Là où j'ai grandi, là où les mentalités ne changent pas.

Après m'avoir fait son discours d'ancien, Aymen s'en va. Et maintenant, qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire ? Mes pensés sont si égoïstes, il m'arrive de regarder les SDF dehors en me disant pourquoi ne leurs avons pas enlevée la vie à sa place. La vie est si compliquée.

Poursuivant le chemin avec Papis et Salim, mon meilleur ami. Outre le fait que ces deux imbéciles filment ma tenue du jour qui n'est que d'un gros baggi violet, Sweat noir, grosse basket, et casquette. C'est des p'tits cons mais qu'estce que je l'es aimes, heureusement qu'ils sont là, l'entourage est vraiment important.

Un mauvais pressentiment s'installe en moi. Mon esprit s'échappe totalement.

En une fraction de seconde, le bruit d'une détonation se fait entendre et nous crispent, un bruit tellement inhabituel que j'en tremble, et vois dans leurs regards l'angoisse. Le pressentiment que j'avais n'était pas trompeur et le plus stressant, c'est que ça ne peut provenir que de chez-moi... On s'empresse immédiatement de courir vers le coup de feu, une embrouille de quartier, un fou furieux, ça peut être n'importe quoi.

Arrivé sur les lieux, nous tombons sur Benamou, un petit du quartier, arme en main, sourire narquois. Il se fait prendre son arme par-derrière et frapper à la nuque par son « grand » nommé Nadir :

— T'es con ou quoi ? Pourquoi t'as tiré ?! cri Nadir en rangeant l'arme sur lui.

— Y'a un vieux, il voulait pas se laisser faire quand on le volait, du coup, j'ai tiré en l'air pour le faire peur, dit-il d'un ton confiant.

— La génération 05 06, vous êtes tous cons ou quoi ? Faut qu'on se casse d'ici, j'ai déjà un sursis et si l'autre gros porc, il se pointe, on est mort.

Il a raison, on ne va pas se mettre dans la merde pour cette histoire de vieux con.

En reprenant tous nos chemins rapidement, je tombe sur Issa muni d'une sacoche assez rempli. Considérer comme un p'tit frère pour moi, ces problèmes sont les miens, voilà comment je le ressent. Il trace sa route en faisant semblant de ne pas m'avoir vu. C'est particulièrement à cause de lui que je m'inquiétais, sa présence est toujours dans des endroits insolites.

Inconsciemment, je lui arrache la sacoche pour savoir ce qu'il y a à l'intérieur, il essaye tout de même de la reprendre, mais Salim et Papis l'en empêche. Les esprits s'échauffent, à quatre sur une petite sacoche qui se craque, puis des billets et des pochetons contenant de la drogue tombe à terre. J'en reste bouche bée...

Ni une ni deux une voiture de police vient s'arrêter brusquement face à nous. Dans la peur, on se met à reculons, cherchant une issue, mais savons que ça ne sert à rien. Les trois policiers sortent de la voiture, une seule personne prend la parole, cette personne, nous la connaissons tous très bien au quartier :

— Habituellement, quand il y a un coup de feu, on cherche à fuir et c'est normal, mais vous, vous êtes sur place ? Coïncidence ?

Ce policier que nous connaissons si bien, c'est Yasser, ancien résidant du quartier. Il a été entre autres « banni » d'ici après avoir donné plusieurs noms et par la suite fait enfermer certains de nos amis. Même Nadir y est passé, mais pas moi, on le sait tous. Se faire choper par ce gros lardon de Yasser, c'est la honte, pas besoin de cardio. Depuis ça, il s'est converti en tant que policier national et son but est de tous nous enfermer.

— Ah oui ça ne sert à rien de courir, tout le quartier est bouclé, on ne partira pas tant qu'on n'aura pas l'arme ou le tireur, donc tous contre le mur bandes de salopes, mains en évidence, jambes écartés et vous laissez 1 mètre entre vous, dit Yasser en allumant sa clope.

Sortir de chez soi à 8h dans le but d'aller demander la main de celle pour qui j'éprouve tout l'amour du monde. Pour que cela se termine en contrôle de police, je n'aurais jamais imaginé ce scénario.

Comment va-t-on s'en sortir ?

@unpeusolitaire

𝕸𝖆𝖑𝖋𝖗𝖆𝖙. 💔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant