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Il y a tout juste une minute, me venait à l'esprit de quand date la dernière fois où j'ai été dans la grosse merde ? En fait, c'est récurrent, il est tout juste 9 :01 à ma montre, fonçant tout droit chez Aymen.

C'est le seul qui puisse m'aider concernant Issa. Une fois que j'aurais eu cet argent en moins de 48 h, il ne sera pas prêt de ce qui va lui arriver.

À peine mis les pieds dans sa grosse villa dans l'Oise, un accueil chaleureux de son homme de main. Comment est-ce possible que je m'habitue à ce que ce dégénéré me fouille jusqu'au caleçon ?

Rare sont les fois où j'ai entendu sa voix. Lunette de soleil, chaussure de sécurité, pantalon d'électricien, le tout assorti à sa couleurs de peau. Je ne l'ai jamais vu habillé autrement, faut croire qu'il y tient. Un jour il m'est venu en tête de lui ramener un costume noir, mais il m'énerve tellement à chaque fois que je le croise.

Aymen fais pourtant les éloges de Bernie en disant qu'il le fait confiance les yeux fermés. Sur ça je n'en doute pas.

Passant tout juste le seuil de son bureau, respirant à peine. Il passe son temps à enlever et remettre sa bague lorsqu'il est distrait. Cette fameuse bague au logo fantôme dont « personne peu s'en procurer » plus qu'une identité. Son regard, en plus de ces yeux qui ne clignent absolument pas, m'intimide. Je me lance.

— On parle là d'une somme à quatre chiffres ? En moins de deux jours ?

— Aymen j't'expliquerais plus tard, mais il me les faut absolument, j'te rembourserais, t'es le seul en qui j'ai..

— Stop les phrases de suceur, je ne suis pas la Banque Postale Ouss, et en plus de ça, tu souhaites te marier en étant endetté ? J'étais pas d'accord avec son frère, mais là...

— Laisse le mariage en dehors de ça ! J'vais trouver un moyen de réunir ça après-demain.

À peine le dos tourné, il m'interpelle.

— Vu que tu sembles oublier quel jour on est demain, tu m'expliqueras dans quoi est-ce que tu t'es fourré, on discutera, et habille-toi bien.

Soulagé, je lui montre mon plus beau sourire et le remercie. Aymen. Capable de me sortir de n'importe quelle galère, j'serais quoi sans lui ? Il mérite un cadeau sublime pour son anniversaire demain. C'est grâce à lui que je kiffe l'informatique, il m'a tout appris, je le considère comme un membre de ma famille.

À peine rejoint Salim à la Place du quartier, je me réjouis à l'idée de lui raconter que Blaise ne sera plus un problème pour moi. Le problème est qu'il n'aime pas Aymen tant que ça, il trouve qu'on passe beaucoup trop de temps ensemble.

Selon Monsieur, je ne devrais pas crier victoire trop vite, mais je fais confiance en Aymen. Sans mentir, ce mec a de l'argent, beaucoup d'argent. Je me demande de temps en temps dans quel business il s'est mis.

Avec Salim, ici les gens disent de nous deux qu'on se ressemble, notamment avec notre grande taille, mais Salim lui est super long, le seul défaut qu'on lui trouve, c'est son défrisage qu'il refuse d'enlever. Au final, je n'ai que trois potes sur qui comptés, Salim, Papis et Mourad, en parlant du dernier, il est souvent à l'écart, très casanier, on a parfois l'impression qu'il refuse de traîner avec nous, mais ce n'est qu'une impression, mais la question serait pourquoi ?

25:38:06




Ce qui est marrant, c'est que quand quelque chose ne va pas, je le sens. La grange, personne ne la connaît mieux que moi, ce quartier à bourbier. C'est plutôt étonnant de voir qu'Issa n'est pas dans les parages, ni ses potes, voilà ce qui me rassure. Jusqu'au moment où des chahuts, tirs au mortier qui sont en fait des feux d'artifice se font entendre. C'est à cet instant que plusieurs jeunes munis de batte de baseball et d'autres types d'armes passe sous mon nez, encore les mecs de la Rouge ça.

De l'autre côté du coin de la rue mon regard croise celui d'Issa qui se lève d'un bond en furie décidant de partir, puis je l'arrête à mon tour :

— Si j'ai rien dit à ta mère à propos de ta situation, c'est parce que tu me fais pitié.

— J'ai besoin de la pitié de personne, lâche-moi, dit-il en me repoussant.

— Souviens-toi bien de ce qu'il s'est passé la dernière fois que t'a fait une connerie, rentre à la maison et vite.

L'esprit têtu qu'il a ce gamin de dix-huit ans se comporte comme s'il en avait treize. En vérité, on a peur pour lui. Après trente minutes, les gangreneux du 19ème sont toujours présents.

Sur le chemin, Salim m'interpelle avec une pichenette à l'oreille droite.

À notre surprise, une voiture de police s'arrête face à nous. Encore et toujours, le même gros lard de Yasser pour nous niquer la soirée. Son visage est sacrément amoché pour le coup.

Ce soir, il a l'air plus détendu et décide de nous fouiller, collé au mur avec ces collègues :

— Nadir, il t'a fait du sale hein, t'es pas en train de le chercher ?, plaisanta Salim.

— Baise ta mère Salim, répond Yasser, rentrez rapidement chez vous, si on vous croise encore une fois, ça finira en bavure et au poste.

Ce fils de pute est clairement en train de faire une chasse à l'homme ; C'est vrai, Nadir ne lui a pas assez remis les idées en place depuis la dernière fois.

Je ne peux rentré chez moi sans attraper Issa par la main. Lui dire de rentrer ne sert à rien car il ne le fera pas, il fonctionne ainsi, tête de mule. Il n'était pas comme ça avant que sa sœur ne parte.

Y'a quelques mois de ça, pour échapper à ma solitude, passant du temps avec sa mère racontant nos histoires avec Lorena, ça fais tant du bien de se confier. Mon temps lui été dédié auparavant, malgré la présence de mes poto, elle manque tant.  J'y crois toujours pas, donc ça existe vraiment ? En plus de ça.. Mince qui me dérange encore une fois dans mes pensés !

Secouer par cet homme brusque qui est Salim, ce dernier m'avertit qu'Issa menace actuellement avec une arme un des mecs de la rouge.
Ce petit augmente ma tension de plus en plus, ni une ni deux, nous grimpons sur son scoot fonçant tout droit vers le lieux.

Tout entre en jeux, sa vie, sa mère, les retombés de la rixe, je veux plus perdre un seul proche, c'est terminé.

Arrivant ainsi sur les lieux, Issa est presque entouré par les gangreneux, avec l'otage face à lui et Benamou a ses côtés. Tentant de le raisonner nous tombons sur une embuscade, à 5 sur moi réussissant à me faire tomber, un type met son couteau sous ma gorge regardant Salim qui a bien fait de prendre ses distances :

— Un mouvement, ton pote il canne.

Ce que j'avais promis avant tout à Lorena c'était qu'on quitte ce quartier au plus vite loin de la haine et des crimes. Quitte à ce pété le dos au taff, aujourd'hui ce n'est plus un but, mais un devoir.

@unpeusolitaire

𝕸𝖆𝖑𝖋𝖗𝖆𝖙. 💔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant