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La question tant attendue à laquelle je m'efforce de faire comprendre à Aymen chaque jour. C'est enfin le moment de m'expliquer et pour cela nous allons nous munir d'un simple stylo et d'une feuille. Tout va être expliqué par schéma ainsi que d'une voix à l'orale. Maintenant que j'ai leur attention à tous, il est temps de se lancer.

Nous avons un homme, celui-ci veut établir les choses de la manière la plus correcte. Malgré sa génération, son entourage et un quartier qui sème le trouble en brisant les règles, tout en suivant un chemin qui mène droit vers la perdition. Vivant de leurs passions, s'amusant de droite à gauche avec le sexe opposé. Cet homme souhaite absolument faire le contraire en suivant le droit chemin. Seul problème, plusieurs choses l'empêchent, argent, famille, temps.

En bref, si cet homme musulman à vue en cette femme musulmane un avenir gracieux, il ne souhaite que l'honorer. La respecter et ne perdre aucun temps dans les futilités, tout ce qu'il souhaite, c'est respecter les règles.

Fin de l'oral, fin du schéma. Bouche bée.

Le serveur arrive enfin avec la machine qui sert à payer. Se préparant tous à régler l'addition, il n'aura fallu que d'un geste de mon bras pour atteindre avec mon téléphone la machine.

— Tu m'as l'air ambitieux et convaincu de ce que tu dis, je reviendrai vers toi, merci pour le repas.

Nous terminons cette belle soirée par une poignée de main et un petit clin d'œil de fin à ma toute belle. Quelle grâce d'être tombé sur quelqu'un de compréhensif et non têtu. Je ne sais pas ce qu'il fait dans la vie, mais je souhaite qu'il aille loin. Heureusement qu'il n'habite pas dans ce quartier à problème, c'est même ça le but, le quitter avec ma belle.

Les échauffourées, elles n'ont cessé d'augmenter pendant notre discussion, en fait, c'était juste le début. Au moment de joindre sa voiture, Makan se fait interpeller par les bleus, qui procèdent à une fouille face à son véhicule.

Salim et ce gros porc de Yasser arrivent au même moment, Makan lui semble tenir tête à ces collègues.

— Hé hé hé, laissez-le partir, il est pas d'ici, c'est bon ?, dit Salim en tentant de le raisonner pour une fois.

— Ferme ta gueule, toi ! Fouillez le véhicule aussi !, répond Yasser.

Les choses se compliquent au milieu de cette rixe, ces enfoirés n'ont pas trouvé mieux que de nous casser les couilles en pleine soirée. En plus de ça, Makan ne nous aide pas en essayant de se débattre, Oumou en panique ne cesse de hurler.

— Donc tu veux te débattre, hein ? Hé ? J'vous ai dit quoi tout à l'heure à tous les deux ?, dit Yasser en se tournant vers moi et Salim.

Avec son arme, il assène un coup au visage de Makan qui s'effondre, enchaînant ainsi des coups au sol qui ne s'arrêtent pas. Oumou en pleure, Salim, Mourad et moi retenus par ces suceurs de collègues. Il relève Makan en sang puis l'embarque avec lui.

— La prochaine fois, vous m'écouterez.

Ils s'empressent de s'en aller en voiture avec Makan à toute vitesse. Les mecs comme Yasser méritent le plus grand châtiment du monde, je pèse mes mots. Cette haine qu'il a envers nous tous commence à peser. Comment est-ce que son grand frère va me voir maintenant ? J'aime la Grange plus que tout, mais il faut quitter cette misère.

Et cette rixe de merde qui n'en finit pas. J'accompagne Oumou inconsolable, Salim, grand habitué des G.A.V, nous informe que Makan sera enfermé pas plus de 24 h.

Dur a été d'annoncer à sa mère que son fils s'est fait embarquer sans le moindre détail. La nuit d'hier a été plus qu'agitée. Au matin, voyant les Snap de Benamou, l'acolyte d'Issa, en pleine rixe, j'aperçois ce petit con mêlé à tout ça. Il a été pourtant clair de ma part qu'il devait rentrer à la maison, chose pas faite.

Résultat, le maire du 10 arrondissement a proposé un couvre feu dès 20 h au quartier. Une proposition qui va être acceptée dans les heures qui vont suivre. Je les déteste ces p'tits merdeux.

Ce matin, deux entretiens physiques et téléphoniques pour le poste de sécurité, gardien d'immeuble et préparateur de commande. Tous refusés, sauf le dernier auquel j'attends l'entretien au préalable. Il est temps d'avoir des revenus et de coffret au maximum pour pouvoir assumer ma toute belle. Je ne lâcherais pour rien au monde mon objectif. L'avantage d'avoir une grande taille, c'est de faire des métiers à haut risque, quitte à être garde du corps du président de la République.

C'est plutôt un jour de soulagement aujourd'hui, car Aymen va mettre fin à cette dette que mon frère doit à Blaise. Dès cette nuit, il me filera la somme en espèce, je l'espère pour ma survie. Sans oublier qu'il fête ses 33 ans aujourd'hui, tant de fois où il m'a sorti de galères pas possible, j'oublierais jamais.

Une fois cette somme réglée, je n'aurais plus qu'à m'attarder sur mon objectif et à ne plus fermer l'œil de la nuit.

À part m'être coiffée et postuler de droite à gauche, cette journée a été longue. Place maintenant à la soirée située aux Yvelines dans cette belle et grande villa dont aucun de mes potes n'a voulu m'accompagner, je précise. Ça serait hypocrite de dire que ma présence ici n'est uniquement que pour son anniversaire. Mon esprit ne fait que penser à cette dette qui me ronge, Aymen le sait bien.

À deux, nous prenons place dans son bureau, pendant que les fêtards s'amusent. Monsieur est plutôt occupé à consulter son ordinateur comme dans ses habitudes. Ne pas y penser, ne pas y penser, ne pas...

— Sinon, t'as réfléchi à propos de...

— Oui, j'ai l'argent, Bernie te le confiera à la fin de la soirée, puis le lendemain, il ira avec toi face à ce mec.

Bernie... Comment dire, j'apprécie pas trop ce mec. Lui non plus, d'ailleurs, y'a beaucoup trop de signaux entre nous. Tant que l'argent est là, je ne peux qu'être soulagé.

— Et toi, t'as vérifié tes mails ?, m'interroge ce dernier.

— Pourquoi faire ?

— Vérifie.

À ma grande surprise, une fiche d'inscription dans un lycée typique parisien avec une très belle interface. À ses yeux, je reconnais une condition à laquelle la dette sera remboursée. Comment ai-je pu croire que ça aurait été facile... Ça bloque absolument tout, mon temps avec l'éventuel travail, plus ma détermination.

Il est quand même vrai que je n'ai pas d'autre choix que de me relancer pour être diplômé informaticien. Comme une impression que ça tombe super mal...

— T'as vraiment cru qu'on faisait les choses gratuitement ici ? dit-il décontracté.

À peine sa phrase terminée, un bruit qui s'apparente à une kalachnikov fait surface dans la villa. Il est clair qu'on nous attaque, vais-je y laisser ma vie ?


@unpeusolitaire

𝕸𝖆𝖑𝖋𝖗𝖆𝖙. 💔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant