2.

105 8 10
                                    



La quantité de billet au sol le surpend tellement qu'il en rit. Bien évidemment en les ramassant et rangeant dans ses poches, sans même les comptés. Enculé. Issa fou de rage, s'en mord le poing.

— C'est moi qui ai tiré et l'arme est sur moi, répond Nadir.

Les policiers prennent leurs distances et visent Nadir avec leurs armes, sans broncher, Yasser se met à sourire, comme s'il savait de qui il s'agissait.

— Comment un p'tit con comme toi à pu intégrer la police nationale ? Soit ils sont en hess de policiers, soit le niveau a baisser, genre CAP, réitère Nadir.

— Tu m'expliqueras tout ça bien au chaud, la conse, elle est à qui ? J'imagine que c'est pas à Ouss, toujours à essayer de se différencié des autres, tu as beau t'habiller comme tu veux, ta couleur de peau te trahira toujours.

Fils de pute... Le pire, c'est qu'il dit vrai, ça bouillonne en moi, de quoi me faire culpabiliser encore une fois. Mes poings sont si serrés que mes griffes ouvrent mes paumes de mains.

Issa tente de me raisonner à son regard, mais le mien lui répond qu'il ne s'en tira pas comme ça.

Tandis qu'il cherche toujours à savoir à qui appartient les sachets contenant de la drogue, Nadir riposte encore une fois en s'accusant. Il a l'air de chercher l'affrontement, de quoi se trouver une issue.

Face à ses provocations, Yasser enlève sa tenue se préparant à se battre. Du monde commence à se ramener, et les engrènent à se battre, Yasser nous disait que le quartier était encerclé, mais en fait, c'est bien eux qui le sont avec tout le monde qu'il y a, débordé, ces collègues commencent même à appeler des renforts.

Le moment parfait pour se casser d'ici. Ce n'est qu'en tournant ma tête qu'Issa ne fut plus la. Le roi des imbéciles, il oublie qu'on habite le même quartier ? Tôt ou tard je l'attraperais. Direction la maison.

Alors pour faire court, Issa est bien plus proche pour moi que je ne le suis pour lui. Auparavant on ne l'étais pas plus que ça, avant que sa grande sœur perde la vie. Il a le soutient de tout le quartier car on connaissait bien Lorena, sa mère et lui dépité, on a contribué à une cagnotte pour ce qui est obsèque ou autres. Depuis environ 2 - 3 mois on s'appelle les soirs car fermé l'œil m'est impossible, dès que la nuit tombe mes larmes coulent, mes pensés s'enchaînent. J'allais la marier, bon sang.

Ce soir ou on a raccroché avec Lorena, et qu'elle me disait prend soins de toi... ça me brise. Les cris de ma mère m'ont brusqué ce matin à 4h lorsque qu'elle était au téléphone et moi qui insistait pour savoir de qui est-ce qu'il s'agissait. Une fois qu'elle me l'avoua, mes yeux se ferme sur ce lit qui s'en suit d'un trou noir. À mon réveil  ce n'était pas un cauchemar, le début du début, l'eau de javel qui a traverser ma gorge ce jour là, n'avait fait alors aucun effet.

La nuit est tombé, un appel de Salim vient mettre un terme à cette si belle soirée. Il semblerait être dans une embrouille et aurait besoin de moi. Arrivant en toute vitesse à l'adresse, rentrant dans l'appartement, le voyant au loin assis sur le canapé préparant sa chicha. Je me fais toujours avoir

Je m'assois donc à ces côtés, préparant mon troisième joint du mois, il est déjà au courant de la dette qu'Issa doit à Blaise.

La soirée se passe à merveille, on fume, on boit, grand snappeur qu'il est, Salim nous filme, mais je lui interdis de mettre en story pour pas que d'autres personnes en particulier voient.

Je reste tout de même inquiet quant à la situation d'Issa.

De retour au quartier, sur le chemin de la maison, mon regard croise celui d'Issa.
Il sait parfaitement que rien ne sert de fuir. Le saisissant malgré tout sur le lampadaire éclairant cette rue, montrant ma colère envers lui. Il s'apprête à cracher le morceau tout aussi vite :

— J'ai fais ça parce que.. parce que j'dois des sous Ousmane !, s'écria t-il en tentant de retirer ma main sur sa gorge.

— Tu dois des sous à qui et pourquoi ?!

— À moi, répondis un passant.

Le lâchant en douceur, les mains tremblantes, me retournant donc face à celui-ci. Blaise, ce n'est autre que lui, lui dont personne ne veut s'approcher. Issa ? Qu'est ce que t'as fais bon sang de merde, c'est vraiment mal tombé.

— T'as les sous Issa ?, dit-il d'un ton calme.

— J'peux savoir de quoi on parle s'il vous plaît ?, lançais-je en me tournant vers eux.

— Ah parce que t'es pas au courant ? J'suis même pas étonné en plus, sourit-il, ton « p'tit frère » est venu me supplier il y a 6 mois un montant de 7000e, j'ai laissé assez de temps comme ça, et aujourd'hui il a deux jours pour tout me rendre. 

— Blaise ? C'est un p'tit 06 grave inconscient, comment tu peux faire des plans avec lui ?

— Tu racontes quoi, toi ? Le poto il est venu mendier dans ma main pour ces histoires de merdes. Dans deux jours, j'veux mes sous, c'est tout.

— Par contre, en deux jours, ça va pas être possible, Blaise j'te mens pas, donne-moi du t...

— Gros, gros, rétorqua ce dernier en s'approchant de ma tête, j'voulais pas faire de hagra à ce p'tit con à cause de son âge, mais toi, t'es hors catégorie, deux jours, dit-il en partant.

C'est clairement la merde, 7000 euros en 48h ? Le nombre d'idées qui traversent ma tête, revenant à la raison en me rappelant que je suis en fin de compte celui que je ne suis pas. Pied du mur.

48:59:00

@unpeusolitaire

𝕸𝖆𝖑𝖋𝖗𝖆𝖙. 💔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant