Le Rêve de la Mort

Chapitre 2 - Le Dragon et le Roi

« Au moins il fait plus frais ici... »

Luaren avait traversé tout le château. Sur le chemin, il avait croisé gardes, serviteurs et autres nobles qui l'habitaient. La plupart d'entre eux le traitaient avec une indifférence totale que le prince trouvait amusant. Si ils savaient qui il était... Même ici beaucoup ignoraient ce fait. Pour eux il n'était qu'un autre habitant du château. Certains avaient été mis au courant mais ils étaient tenus au secret, il n'y avait vraiment qu'aux derniers et très protégés étages du château que le prince était connu par tous en tant que tel. Mais accéder à cet endroit était un privilège rare, ce qu'il s'y trouvait était tenu secret et la seule pièce connue du peuple était la salle du trône. Même la garde du château n'y avait pas accès, tout l'endroit était protégé par des Gardes Royaux, soldats d'élite reconnaissables par leur petit médaillon doré. Lorsqu'ils le virent, les gardes lui adressèrent un salut poli ainsi qu'un petit sourire que le prince leur rendit. Eux et Luaren s'entendaient bien. Tant mieux se disait le prince, si il devait sacrifier sa vie pour quelqu'un, il préférerait le faire pour quelqu'un avec qui il s'entendait bien.

Quelques minutes de marche plus tard, le prince atteint enfin sa destination. Il ouvrit une grande porte en bois et se retrouva dans un large bureau. Au vu du nombre catastrophique de parchemins méticuleusement rangés ici, Luaren se faisait parfois la réflexion que la pièce pourrait faire office d'archive. Sur le grand bureau en bois au fond de la pièce, il aperçut la gigantesque pile qui l'attendait. Intérieurement, il soupira de dépit. Mais malgré tout, il savait bien qu'il n'avait pas le choix. Ceci dit, il avait une idée derrière la tête, il pourrait peut-être trouver quelque chose sur les « problèmes » mentionnés par Sombraile plus tôt ici.

Alors, sans aucune once de remord en lui, il fouilla méticuleusement toute la pièce. Ce n'était certainement pas la première fois qu'il le faisait et à chaque fois il prenait ensuite le temps de tout ranger, pour être certain qu'on ne l'attrape pas.

- Rien... Murmura t-il.

Il fouilla une autre pile et puis un petit parchemin tomba. Curieux, il le ramassa. Il était décoré d'un petit ruban violet. « Tiens, c'est rare d'en voir un » se dit Luaren. Chaque aspect de la gestion du royaume possédait une couleur différente, rouge pour l'armée, jaune pour l'économie... Le violet était réservé aux incidents magiques. Généralement, ces affaires étaient encore plus secrètes que le reste. Parfois le prince avait quelques échos d'un évènement étrange qui posait problème, puis était toujours réglé. La magie était devenue trop omniprésente, il ne fallait parler de des dysfonctionnements. Curieux, il ouvrit le parchemin pour en lire le contenue.

Année 1295

Rapport final sur l'Incident de l'Addanc

L'Addanc qui causait du chaos au Grand Lac a été abattu par ______.

Dégâts causés : Une inondation a détruit une partie d'un village au bord du Lac.

Une fouille intense des environs a déterminé que la créature n'avait pas de progéniture, l'indicent est donc clos. Les habitants pensent qu'il ne s'agissait que d'un incident banal mais il faudra faire surveiller les points d'eau importants du royaume.

Luaren cligna des yeux, confus. Un « Addanc » ? Ce n'était pas un nom qui lui était familier.

- Et pourquoi diable censurer un document déjà classé comme secret ? Pesta t-il ensuite.

Frustré de voir encore une fois la vérité lui échapper, il rangea le parchemin se disant qu'il confronterait son père sur ce sujet plus tard. Il continua de chercher mais ne trouva rien de convaincant. Déçu, et plus énervé qu'il ne l'était plus tôt, il ramassa son tas de parchemins ainsi que de quoi écrire, et quitta la pièce. Ceci fait, il marcha un petit peu dans les couloirs avant d'arriver en face d'un gigantesque tableau exposé sur le mur qui représentait un grand hêtre. Une belle œuvre d'art, mais Luaren n'était pas là pour admirer la peinture. Le jeune prince s'avança, et présenta son pendentif doré au tableau. Au contact, une petite lumière traversa le tronc avant de se disperser dans les branches. Il y eut un « clic » et le tableau se décala sur la droite, laissant passer une entrée.