Chapitre 6 : Le poids de la Couronne

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L'expédition de Luaren dans la capitale n'avait pas été sans conséquence. Si le jeune prince avait cru pouvoir échapper au courroux de son paternel après le fiasco de la réception, il avait vite réalisé que la punition n'avait été que retardée. Le roi n'avait pas eu besoin de l'expliciter, les trois jours passés à se battre dans les labyrinthes infinis de l'administration avaient été clairs. Gouverner un royaume n'avait rien de simple, surtout lorsqu'on n'avait nullement l'envie d'être là. Mais, entre deux piles de parchemins et un mal de tête, Luaren trouvait tout de même un peu de confort. Sombraile avait pris l'ordre du roi de rester près du prince très à cœur et lorsqu'il n'y avait pas de conversations entre les deux amis, il se laissait bercer par le bruit de la plume qui grattait le parchemin. Pour lui, ces trois jours avaient été reposants. Mais sous-estimer la rage intérieure de Luaren était une erreur qu'il ne faisait pas, ainsi ne fut-il pas surpris lorsqu'il entendit un soupir soulagé.

– Oh, tu as enfin réglé cette histoire de barrage ? Demanda-t-il avec un sourire en coin.

Luaren s'était pris la tête entre ses deux mains.

– J'espère... Répondit-il avec lassitude. Ils ne se rendent pas compte du travail conséquent que j'ai à cause de leur indécision.

– J'imagine qu'ils veulent que tout soit parfait.

– Et bien qu'ils se décident avant de demander ! Un coup, ils le veulent en aval, puis la semaine d'après en amont, ensuite, ils annulent, ils changent de fleuve, mais finalement non, mais en fait si... Si je croise ce maudit architecte, je vais lui faire manger ce parchemin, ça lui apprendra à parler avant de réfléchir.

Sombraile eut un rire léger face à l'ironie de la situation.

– Je crois qu'après ça, il fera tout pour t'éviter.

– Il a intérêt...

Le prince tria rapidement tout ce dont il avait eut besoin puis regarda la montagne qu'il lui restait. Il poussa un soupir découragé qui balaya tout sentiment de satisfaction qu'il avait. Sombraile se leva et observa la pile.

– Tout cela est urgent ? Demanda-t-il.

– Non, le reste est juste long et ennuyant.

– Bon et bien on peut laisser tomber, assez de paperasse pour aujourd'hui, dit-il. Il faut que tu prennes l'air et nous avons quelque chose à faire aujourd'hui, déclara-t-il avec assurance.

Le regard plein d'espoir que lui lança Luaren, fit rire le dragon noir.

– Et bien oui, aujourd'hui, c'est entraînement !

– Oh, répondit-il alors que la lueur d'espoir disparaissait. C'est bien, après m'être fait massacrer mentalement par l'administration, je vais me faire massacrer physiquement par toi, sacré journée.

Sombraile leva les yeux au ciel.

– Ne dis pas ça, tu as fait beaucoup de progrès, je regrette que nos occupations respectives ne nous permettent pas d'être réguliers sur la question.

– Maudits barrages... Grommela Luaren.

Il cessa bien vite de se plaindre cependant, il tria et rangea rapidement le monstre administratif qu'il avait combattu sans relâche puis les deux amis quittèrent le bureau. Malgré l'heure avancée, tout le château était d'un grand calme. Un garde semblait même presque s'endormir sur place, mais le regard glacial du dragon noir l'avait fait se redresser à une vitesse telle que le prince se demanda s'il s'était fait mal.

– Le pauvre, commenta Luaren avec un sourire moqueur. Je crois qu'il s'en souviendra toute sa vie.

– Ça lui servira de leçon... Grommela Sombraile.

Le Rêve de la MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant