Le Rêve de la Mort

Chapitre 9 : Préparations

Les semaines qui suivirent la cérémonie furent plutôt calmes. Les jours se suivaient sans qu'un quelconque problème ne vienne déranger la routine qui s'était remise en place. Habituellement, Luaren se serait vite ennuyé dans ce cycle, mais la venue du couronnement se faisait vite voir. Les derniers étages du château étaient devenus une véritable forteresse au sein même de la forteresse. Partout où il allait, il croisait des Gardes Royaux qui s'apprêtaient à remplir quelques missions urgentes pour s'assurer que tout se passerait bien. La branche des assassins et des espions se faisaient voir également, et les habitants les plus superstitieux du château disaient que c'était là un mauvais signe. En ville cependant, l'atmosphère était bien différente, les habitants de la capitale traitaient l'arrivée de leur nouveau monarque comme un véritable festival et la ville ne tarda pas à être décorée de festivités et d'attractions diverses. Les échoppes en profitaient pour baisser leurs prix, les tavernes tentaient tant bien que mal de rester ouvertes même de nuit afin d'accueillir tous les voyageurs venant d'autres villes ou des campagnes perdues, qui s'étaient rendu au cœur de leur royaume.

Du haut des remparts, Luaren observait tout, regardant et écoutant les citoyens de la ville qui serait bientôt sienne célébrer la fin d'une ère, et son avènement prochain. Perché et invisible aux yeux de tous, il se demandait combien de ses prédécesseurs avaient ainsi contemplé l'étendue de leur pouvoir. Combien avaient été enivrés par celui-ci, et par son droit divin qui leur donnait la possibilité, non, le devoir de régner sur le futur de tant de vies. Et puis combien d'entre eux avaient été effrayé par tant de pouvoir, comme lui l'était à présent. La tradition voulait que la venue d'un nouveau monarque marquait le pardon des fautes, et l'épongement des dettes. Le passé était relégué à l'oubli, remplacé par l'envie de fêter le changement. Luaren frissonna, il ne s'était jamais inquiété de sa réputation auprès des nobles, mais face à la curiosité d'un peuple de voir comment serait leur nouveau monarque, il ne se sentait pas aussi confiant. Comment était-il censé faire face aux attentes d'une population pour qui la paix était la chose la plus importante qui soit, lui dont la nature chaotique était si évidente ?

– J'aurais aimé les rejoindre, dit-il, se disant qu'il y avait bien quelque chose dans ce festival qui pourrait le distraire et effacer ses doutes pendant un temps.

– Je sais bien, malheureusement je ne peux pas te laisser y aller, lui répondit Sombraile. Votre Altesse, se corrigea-t-il ensuite.

Luaren leva les yeux au ciel.

– Je n'aime définitivement pas lorsque tu es trop formel avec moi.

– Il est nécessaire que je m'y réhabitue, expliqua le dragon. je ne souhaite pas nous embarrasser tous les deux en t'appelant « Lulu » pendant le couronnement.

– Si seulement je n'avais pas à monter sur le trône, murmura-t-il en réponse. Toi et moi pourrions partir loin d'ici, là où le sang et les formalités n'ont pas d'importance et où il n'y a pas lieu de dissimuler ce que nous voudrions être...

– Déjà que je ne dors pas beaucoup, si en plus il fallait que je te sauve toutes les dix minutes...

– Je n'aurais aucune raison d'être imprudent puisque je n'aurais pas à m'inquiéter d'être forcé de retourner au château, rétorqua-t-il. Et puis tu serais avec moi.

Un vent léger se leva. Les deux amis pouvaient entendre de la musique au loin, venant de la cité.

– Les choses sont rarement aussi simples Lulu.

Luaren ricana.

– Tu n'as pas tenu longtemps, attention Capitaine il ne te reste que trois jours !

Le dragon pouffa.